Mounégou (Gouffre du)
42.721973,1.985653
Location
Ce gouffre est très facile à trouver. Il se situe au pied du Pic de Tarbézou au fond d'une profonde doline. Il est correctement marqué sur les cartes. On l'atteint par le Col de Pailhères (2001m), fermé en hiver puis en traversant le Pla du Mounégou par une piste. Lorsqu'on arrive à la fin du plateau, bifurquer sur la gauche en suivant une vague piste qui aboutit dans la doline du Mounégou. L'entrée du gouffre est située sur la droite en bas de la doline dans une zone de blocs. A signaler qu'en hiver cette entrée est souvent bouchée par la neige et difficile à trouver. Enfin, l' accès à la piste est fermé par une barrière. Il faut donc faire le trajet à pied depuis la route, ce qui prend 15 minutes environ.
Description
Exploration Mounégou
De l'entrée à l'actif (- 93 m) : L'entrée se situe dans un chaos de blocs et le cheminement emprunte des passages tortueux qui relient des petites salles ébouleuses. Certains ressauts s'évitent par des étroitures. A – 30 m, on arrive dans un volume plus important plongeant suivant l'inclinaison du pendage. Le cheminement direct arrive sur une trémie suspendue qu'il vaut mieux éviter en empruntant un décollement de strates sur la droite (petit bout de corde en place - R 3). On retrouve la galerie sous cet amas de blocs. On arrive rapidement sur plusieurs ressauts successifs (P 14). La galerie prend de l'ampleur et descend rapidement à travers des blocs sombres jusqu'à la jonction avec le cours actif à – 93 m. L'actif jusqu'à la grande salle (- 230) : Cet actif, insignifiant à l'étiage mais redoutable en crue ou à la fonte des neiges, se remonte sur une cinquantaine de mètres en direction du nord. A l'aval, on progresse vers le SE dans une galerie spacieuse entrecoupée de ressauts (R 4, R 8 + R 4). Haute au début de 7 à 8 mètres, la galerie s'approfondit et se transforme en grand méandre qui mène au sommet du P 30 à – 125 m. Ce puits peut se descendre directement par une main courante et un amarrage en plafond sous une strate laissée en relief ou par une vire équipée en main courante de 10 m qui traverse le haut du puits et rejoint un axe de descente incliné sur la rive droite (itinéraire obligatoire en crue). Au bas de ce puits débute un méandre imposant de 30 m de haut et 3 à 6 m de large. D'abord assez plat, il s'encaisse ensuite et la progression se poursuit vers l'est dans des blocs et par des ressauts qui se remontent tous en escalade mais qu'il vaut mieux équiper pour la descente et pour la sécurité (impératif si le ruisseau coule bien). Un dernier ressaut de 8 m se descend en escalade derrière une lame et donne accès à la grande salle. Ce ressaut ainsi que celui qui le précède peuvent être évités par une descente équipée en rive gauche qui donne en haut de la salle. De la grande salle au siphon ( - 314 m) : Cette salle est un élargissement important de la galerie. D'abord large de 30 m et haute d'autant, elle se poursuit sur 60 m de long mais la largeur se réduit à 10 m au fond. La pente est forte et encombrée de blocs qu'il faut contourner. De nombreuses concrétions claires agrémentent le paysage. La pente s'adoucit et le ruisseau coule alors sur une plage de sable et de graviers à la profondeur de – 282 m.
Equipement
Equipement Mounégou
Obstacle | Corde | Attache | Observation |
---|---|---|---|
R 3 | C 8 | 2 S | |
P 14 | C 30 | 1AF + 1AF (en place), MC de 7 m, 2S, 2S, 2S, 1S + 1AF (en place) | |
R 4 | C 17 | 1AF + 1AF (en place), 2AF (en place), 1Dév sur S | sous l'affluent de -93, paroi de gauche. |
R 8 + R 4 | C 25 | 2S, 1AF (en place) + 1S | |
P 30 | C 50 | 1AF + 1AF (en place), MC de 10 m : 3AF (en place), 1S, 1AF (en place), + 1S, 1 Dév sur AF (en place), 2S, 2S (prévoir de la sangle pour rallonger les amarrages), 2S | |
R 6 | C 15 | 1AN (en place) | |
R 4 | C 15 | 2S, 2AF, 1 Dév sur AF (en place) | |
P 8 | C 15 | 2S, 1AN + 1S, 2S | |
P 10 | C 46 | MC de 7m : 2AF + 2S, 2AF + 1AF +2S, 1AF + 1S, 2S (hors eau) ou 1AN + 1S | shunt des cascades en rive gauche |
R 7 | C 12 | 1AN + 1AF, 1S + 2S en MC | |
R 4 + R 8 | C 30 | 1AF + 1S, 1S + 2S. Prévoir une dév sur S à poser | arrivée dans grande salle |
Documents
[Trace] Mounegou 31/03/2019Bibliography 01/01/2016
- TAMS (1977). Spéléologie. 17 classiques du Languedoc-Roussillon. CAU A., GERAUD P. (1977). Le Gouffre du Mounégou-Orri. Echo des Ténèbres n°1. octobre 1977. p 9. BES C. (1978). Le Gouffre du Mounégou. Spelunca n°1 1978. pp 4-6. BES C. (1978). La coloration de la doline du Mounégou. Echo des Ténèbres n°3. octobre 1978. pp 4-5. BES C. (1978). Nouvelles diverses - Ariège. Spelunca n°3 1978. p 134. LOUIT B. (1978). Cavités françaises de 300 à 500 m de profondeur. Tome 2. CHABERT C. (1981). Les grandes cavités françaises. P 18. BES C. (1982). Plongée au Mounégou. Lo Bramavenc n°5 décembre 1982. pp 24-28. BENCE P., GUILLOT F. (2003). Spéléoguide Ariège Pyrénées Tome 1. pp 46-48.
mounégoucoupe 01/01/2016
Histoire
Le 20 juillet 1968, Jean Bataillou, alors responsable de centrales électriques EDF dans la Haute-Vallée de l'Aude, et son fils Michel repèrent la doline du Mounégou, découvrent l'entrée et la désobstruent. La découverte d'un grand gouffre est lancée. L'exploration va être rondement menée et en seulement deux sorties le siphon terminal est atteint. Un vrai exploit pour l'époque dû en partie à la physionomie du gouffre et aussi à la qualité d'explorateur de Mr Bataillou. Cette exploration s'est déroulée les 18 et 24 août 1968 avec Jean et Michel Bataillou et deux amis dont les noms ne nous sont pas parvenus. Jean Bataillou qui a découvert la suite de la grotte de l'Aguzou en 1964 et qui l'exploite sous forme de safaris souterrains n'est pas avare de projets. Ayant déclaré avoir aperçu le jour au travers du siphon, et en ayant conclu qu'il s'agissait de l'étang de l'Orri qui correspondait à peu près en altitude, il lui germe l'idée de déboucher cette sortie et d'aménager l'intérieur du gouffre avec une remontée mécanique qui permettrait ainsi de faire passer les touristes dans le gouffre et de les faire ressortir dans la doline près des sommets. Autant dire que ce projet était complètement irréalisable compte tenu de la configuration du gouffre. Il est très ébouleux et la zone d'entrée est étroite par endroits, il aurait été impossible d'y installer ce genre d'équipements. Heureusement, ce projet avorta rapidement. Le gouffre reste confidentiel car la réputation de ses chutes de pierres et de ses difficultés d'équipement n'attirent pas les foules. Quelques groupes héraultais invités par Bataillou y viennent mais on n'en sait pas plus. En 1977, des spéléos locaux issus du Spéléo Club de l'Aude, de la Société Spéléologique du Plantaurel et du groupe TAMS de Narbonne regroupés sous la bannière du Comité départemental de spéléologie de l'Aude (CDS 11), décident de reprendre ce gouffre et de l'explorer de façon systématique. Plusieurs sorties et un camp en septembre 1977 permettent de rééquiper le trou pour la technique jumar (équipement qui restera malgré tout assez minimaliste), d'explorer de nouveaux passages et de lever une topographie. Celle-ci révèle une profondeur de – 321 m au niveau du siphon. Un simple calcul montre que le siphon est 60 m au-dessous du niveau de l'étang de l'Orri. La théorie de Bataillou a du plomb dans l'aile... Mais l'intérêt du gouffre rebondit car si l'eau ne ressort pas à ces étangs, il faut bien qu'elle réapparaisse quelque part. Les possibilités les plus évidentes sont celle de la source du Soucarat qui se trouve à 1600 m d'altitude, ce qui peut coller (- 375m par rapport à l'entrée du gouffre) ; mais son débit n'est pas très important. La deuxième est celle de la source de Font d'Argent. Celle-ci ouvrirait de nouvelles perspectives aux explorations car elle se trouve à une altitude de 775 m soit 1 200 m sous l'entrée du gouffre ! On rêve déjà au – 1 000 ! La distance est aussi considérable : plus de 8 km en ligne droite. Une coloration à la fluorescéine en juillet 1978 va confirmer cette seconde hypothèse et relancer les explorations dans le secteur. Ce traçage était fait suivant les standards de l'époque, cad : tu balances quelques kilos de fluorescéine et tu regardes si ça sort quelque part. Des reconnaissances sérieuses donnaient quand même à penser que la source de Font d'Argent avait de grandes chances d'être cet exutoire. Le samedi 15 juillet 1978, à 10h du matin, 3,200 kg de fluorescéine en poudre sont injectés directement dans le ruisseau de fonte du névé qui est encore très important à cette période, l'entrée du gouffre est encore recouverte par la neige (on peut comparer avec l'époque actuelle). La fluo en poudre a artistiquement coloré le névé de coloris psychédéliques et accessoirement celui qui l'a balancé sans plus de précaution. Le propriétaire de la pisciculture d'Usson qui utilise l'eau de la source a été prévenu et des fluocapteurs ont été positionnés à des endroits stratégiques pour récupérer les informations nécessaires. Le mardi 18 juillet à 15h, le propriétaire de la pisciculture constate que son bassin prend une couleur des plus esthétique, couleur qui ne fait que s'accentuer, tant et si bien que l'eau du robinet coule verte au grand étonnement du proprio qui pourtant ne nous en tiendra pas rigueur et prendra même ça à la rigolade. Là aussi les temps ont bien changé. D'après son témoignage, la coloration est restée visible jusqu'au mercredi soir. Les fluocapteurs seront bien sur fortement positifs. La relation est prouvée de manière éclatante ! Dans la foulée, l'idée d'une plongée émerge rapidement. A l'époque, très peu de plongeurs de fond de trou existent. Les meilleurs sont du côté des Alpes. Je contacte donc Daniel Andrès qui est un des plus actifs. Il est très intéressé par le projet et on prépare une expédition. Au dernier moment, Daniel Andrès annonce qu'il ne peut pas venir. Les quelques autres plongeurs susceptibles de réaliser une telle plongée ne sont pas non plus libres. L'hiver arrive et la plongée doit être reportée. Il faudra attendre 1982 pour que Frédéric Poggia nous contacte et que cette plongée se réalise. On se retrouve le 5 octobre 1982 et on monte à la station de ski de Mijanès. On passe la nuit dans un local technique. Il fait déjà très froid, la neige est tombée sur les hauteurs, le haut du col est déjà fermé par des congères. J'ai un 4x4 qui est réquisitionné sur le champ. Il va nous aider à atteindre le Pla du Mounégou et nous approcher de la doline. La sortie et la plongée seront rondement menées. Hélas pour nous et pour lui, Frédéric est rapidement bloqué à -3 m ! Quelle désillusion ! Surtout pour nous car Frédéric, lui, se rattrapera quelques jours plus tard en franchissant les siphons terminaux de –300 du gouffre des Bourrugues à la Pierre Saint-Martin, explorant derrière, seul, d'immenses galeries qui le mèneront à -700 m après plusieurs kilomètres d'exploration. Un véritable exploit pour l'époque. Après la publication d'un article sur le gouffre dans le Spelunca n° 1 de 1978 et du compte-rendu de la coloration dans le n° 3 de 1978, le gouffre va attirer plus de monde. Des groupes locaux ou un peu plus lointain comme le Spéléo Club de la Montagne Noire et de l'Espinouse (SCMNE) dans lequel Jean-Michel Escande va se passionner pour le gouffre et réaliser l'escalade terminale qui va les amener dans une salle intermédiaire et une autre remontée dont le point haut se situe au moins 100 m au-dessus du départ. A notre connaissance, cette escalade n'a pas été refaite et reste donc un objectif intéressant. Dans les années suivantes, le gouffre devient une classique assez fréquentée. D'abord par des spéléos proches, également par des guides qui y amènent leurs clients et aussi par de nombreux spéléos espagnols et notamment catalans qui sont attirés par ce grand gouffre « facile » relativement proche de chez eux (en passant par l'Andorre ou la Cerdagne). De fait (mais sans relation de cause à effet), en juillet 2005, un spéléo catalan chute à – 200m et se blesse sérieusement. Une opération de secours d'envergure est organisée pour le sortir du gouffre. A cette occasion, de nombreux passages étroits entre l'entrée et – 60m sont aménagés et agrandis pour faciliter le passage de la civière. Ces retouches favorisent la visite. Le 8 septembre 2001, le CDS 09 (Philippe Bence) a organisé une désobstruction subaquatique (Régis Brahic, Franck Bréhier, Frank Vasseur) qui est poursuivie en 2007 et 2008 par d'autres plongeurs sans plus de succès. C'est aussi en 2008 qu'une autre équipe ariégeoise découvre l'accès à l'amont de l'actif (Adrie Dekker), l'explore sur une centaine de mètres et escalade la cascade terminale qui bute sur un siphon étroit (Laurent Apel, Florence Guillot, Phil Bence). Les récentes investigations interdépartementales et interrégionales de 2015 étaient ambitieuses et difficiles. Les idées pour franchir le siphon ont été nombreuses mais elles ont dues passer à l'épreuve des réalités pour rester dans le faisable en tenant compte de nombreux paramètres. Une première séance d'évaluation et de mesures avait eu lieu le 2 novembre 2014 ; elle avait réuni 14 spéléos à parité Ariège/Aude et femmes/hommes et avait posé les bases des objectifs pour l'été suivant. En juillet on irait essayer de faire un petit barrage (bâche et sacs remplis de terre) juste au-dessus pour voir si le siphon se vide ou pas, ce qui permettrait de juger de l’intérêt ou pas de faire un vrai barrage en montant l’eau avec une pompe pour voir si c’est mieux pour attaquer la désob dans le siphon. Possibilité également d'essayer d'envoyer l'eau de l'actif dans la fissure à droite du siphon car elle semble redescendre. Sinon on prévoit toujours la désob de la fissure à droite du siphon. Le barrage sera effectivement construit le 12 juillet 2015 au cours d'une sortie interclubs (du 11, 09, 31 et 34) réunissant 19 participants. Malgré les efforts déployés, le résultat n'est pas convaincant, le siphon ne bouge pas. Par un judicieux montage, l'eau est déviée dans un tuyau souple et envoyée dans la fissure latérale. La fissure ne redescend pas mais l'eau, oui ! On se retrouve au point de départ car toutes les cartouches ont été tirées. Le projet de tirer une ligne électrique 220V pour travailler au fond avec de gros outils est lui aussi abandonné faute de moyens financiers, de personnes motivées pour ce genre de chantier et des dangers liés à l'électricité et aux gaz. Ce programme revu à la baisse sera l'explication de nombreuses défections pour le camp du mois d'août. Pourtant les objectifs restent nombreux et motiveront ceux qui sont quand même venus. La grosse désob étant abandonnée, l'équipe du camp se consacrera à refaire la topographie du gouffre. Deux sorties seront nécessaires, 125 visées au Disto X2. Le verdict tombe vite : le trou a un peu maigri en profondeur, - 314 au lieu de – 324 m ; par contre le développement est plus important puisqu'il atteint 1 039 m (750 m pour l'ancien) et c'est sans compter sur les parties qui restent à topographier ce qui devrait ajouter au moins 300 m. L'actif exploré en 2008 est revu et topographié, il remonte sous la salle de – 230. Une prospection dans cette direction permettra de trouver l'aven de la petit Maure qui développe 200 m pour – 80 m et qui doit certainement retomber dans cet actif. Son exploration sera à poursuivre en 2016.
Commentaires
Cavités proche
Distance (km) | Nom | Longueur (m) | Profondeur (m) |
---|---|---|---|
0.3 | Petite Maure (Aven de la) | 185 | 80 |
3.9 | Oreillards (Grotte des) | 615 | 26 |
4.5 | Blaireaux de Font d'Argens (Trous des) | ||
4.5 | Rec de Font d'Argens (Ancienne perte du) | ||
4.7 | Tiech (Trou du) | 5 | 2 |
4.7 | Soula de la Rive (Trou aspirateur du) | 0 | 0 |
5.1 | Soula n°4 (Barrenc du) | 43 | |
5.1 | Soula n°2 (Grotte du) | ||
5.1 | Soula n°1 (Barrenc du) |
Un gouffre splendide
Un très beau gouffre de montagne très facile à parcourir (à l'étiage bien sur car en crue ou à la fonte des neiges, la visite devient dangereuse ou impossible), de gros volumes, pas d'étroitures et de belles concrétions au fond. Presque tous les ressauts et puits peuvent se faire en escalade, surtout à la remontée (mais il vaut quand même mieux les équiper).
Stoche (01/01/2016)
🔦 : 8h 🚶: 20m