Eau-Rélie (Gouffre de l')

Mazaugues (Var - FR)
43.351229,5.824965
Longueur 980m Profondeur 138m
⚠ Cette grotte est marquée comme sensible, les coordonnées ont été altérés pour ne pas révéler son emplacement exact
Grottocenter / carte

Description

Introduction

BTH - 30/11/2019

En bordure d’une zone lapiazée dégagée, sous un couvert de chênes verts, un petit trou de quelques centimètres de diamètre laisse échapper un léger courant d’air. Jean‐Pierre Seurin sans trop y croire glisse un caillou dans l’étroit orifice. Ainsi commence plusieurs années de désobstructions qui vont fournir plein d’émotions et d’espoirs aux spéléologues qui par leurs acharnement, étroiture par étroiture, vont atteindre le terminus actuel du ruisseau des 2%. Persuadés, après avoir franchi le dernier long méandre que la récompense tant espérée était là au bout de la corde, qu’ils allaient enfin évoluer dans la rivière rêvée. Le gouffre du petit Saint-Cassien allait livrer ses derniers secretsGuillaume CHARDIN - CDS83, Fichier des cavités du Var > "Gouffre de l'Eau-Relie" (numéro 3076032) : www.fichiertopo.fr/display.php?details=1&indexid=8….

Description générale

BTH - 30/11/2019

L’entrée élargie de 2 m x 1.50 m donne accès à une succession de puits pas très profonds mais de belles dimensions. Le "puits Aurélie" (13 mètres) est suivi de la galerie du “Cocard Bleu“ appelée ainsi en souvenir d’un événement marquant pour un des participants. Le puits du Menhir (11 mètres), pourvu d’une belle et haute écaille, permet d’accéder à un passage appelé “Galerie des Grisemarnes” qui, comme son nom le stipule, traverse un banc de marnes grises. Le passage de “la Côte Fêlée” qui lui fait suite, doit son appellation au souvenir douloureux d’une tentative forcée de l’étroit conduit juste avant son élargissement. Un puits de 8 mètres de profondeur suivi d’un ressaut de 1.50 mètre permettent d’accéder à un autre puits de 9 mètres creusé dans un très beau miroir de faille d’où son nom “puits du Miroir”, côte –54 mètres. Un passage très incliné aux belles couleurs rouges creusé dans un banc de bauxite, “boyau de la Bauxitose”, donne accès à un puits de 8 mètres dont la base est élargie ; ce sera la “salle Rouge”. Un ressaut de 3 mètres permet d’accéder à un passage élargi appelé “méandre de l’Alliance” suivi d’un autre ressaut de 2.50 mètres bien arrosé lors de fortes pluies qui à son tour donne accès à un puits de 6 mètres de profondeur appelé “puits de la Cascade”. Deux petits ressauts de 2.50 mètres chacun conduisent à une zone qui a été l’objet de gros travaux pour permettre le franchissement de deux petits siphons. Le premier siphon est aujourd’hui comblé grâce à un surcreusement réalisé dans sa voûte et le second est contourné par le creusement d’un petit conduit. Un dernier passage à franchir par reptation et l’on accède ainsi dans la salle “l’ASSA Passe” qui marque le début du "méandre de l’Intestin Grêle” à la côte – 80 mètres. Ce méandre de « l’Intestin Grêle » étroit, sinueux et partiellement noyé surtout lors de gros orages, mesure 101 mètres de longueur. Le méandre, au début étroit, dont la progression se fait en se déplaçant allongé sur le côté et dans l’eau, s’élargit au bout d’une vingtaine de mètres. Le plafond s’abaisse et c’est en rampant toujours dans l’eau sur encore une cinquantaine de mètres que l’on débouche dans une diaclase haute mais étroite pour atteindre, une vingtaine de mètres plus loin, un puits de 7 mètres de profondeur justement appelé “ puits de la Délivrance”, à la côte – 90 mètres. Au bas de ce puits débute le“ méandre de Font Frège”. Ce méandre haut et étroit où la progression se fait tantôt au sol tantôt en opposition à quelques mètres du fond, aidé par une main courante judicieusement mise en place, a une longueur de 110 mètres. Il se termine sur un petit mais large puits de 5 mètres de profondeur dont la base, “salle des 4 x 4”, permet d’accéder au méandre suivant appelé "méandre du Contorsionniste". Haut et toujours étroit, d’une longueur de 150 mètres environ, comme son nom l’indique la progression se fait alternativement en passant dessous puis dessus des remplissages échelonnés tout au long de son parcours. Le "passage de la Nasa" situé dans le premier tiers du méandre est précédé par une perte du même nom dont la coloration a permis de confirmer la liaison avec la cascade des 2% située à la côte de – 135 mètres environ. Restant toujours étroit malgré quelques aménagements réalisés, ce passage reste copieusement arrosé lors de fortes pluies. Le Contorsionniste, si on le prolonge, rejoint directement la cascade des 2% mais son parcours terminal est très étroit. Pour rejoindre cette cascade avec moins d’inconfort il faut emprunter un petit méandre d’une vingtaine de mètres de longueur qui débouche dans un puits de 3 à 4 mètres de profondeur. Au bas de ce puits une petite remontée sur un joli gour actif permet d’atteindre la base de deux puits remontants parallèles bien arrosés lors de fortes pluies. Descendre encore un ressaut de 3 mètres de profondeur avant d’arriver au plafond d’une salle. C’est par une descente de 5 mètres que l’on se pose dans une jolie cavité de belles dimensions au sol sablonneux où s’écoule un petit ruisseau qui se perd dans un boyau boueux appelé “le Colon”. En arrivant au plafond de cette salle, les explorateurs étaient alors persuadés à 99 % d’avoir rejoint la rivière tant recherchée, d’où son nom “salle des 1%”, où un point chaud permanent est installé. Pour accéder en haut de la cascade des 2%, il faut atteindre un court boyau situé à 3 mètres de hauteur à côté du point chaud. Une descente de 5 mètres permet de rejoindre le méandre des 2 % dans lequel court un petit ruisseau qui peut devenir important lors d’une crue. Ce boyau dit du « Roumain » qui a donné temporairement beaucoup d’espoirs aux explorateurs est un affluant fossile et étroit du "méandre des 2 %". Il est constitué d’un conduit boueux remontant qui se termine dans une petite salle boueuse de 1 m x 1 m. Le ruisseau des 2% continue son cheminement dans un très étroit méandre qui, pour l’instant, fait obstacle à tout spéléologue même très acharné soit, à la côte – 138 m. Seul se fait entendre le clapotis de l’eau qui de gour en gour, de cascatelle en cascatelle, continue son chemin vers une grande galerie où circule une rivière souterraine que notre petit affluent vient grossir de sa maigre contribution…Guillaume CHARDIN - CDS83, Fichier des cavités du Var > "Gouffre de l'Eau-Relie" (numéro 3076032) : www.fichiertopo.fr/display.php?details=1&indexid=8….

Géologie

BTH - 30/11/2019

Le gouffre de l’Eau-Relie se développe dans les terrains calcaires du Crétacé typiques de la basse Provence calcaire. Deux grandes particularités géologiques caractérisent cette cavité : (1) le cheminement spéléologique démarre dans les terrains du crétacé supérieur (coniacien) et traverse la bauxite qui repose sur un paléo-lapiaz creusé dans les calcaires de la base du crétacé inférieur ; (2) une vaste faille normale décale les terrains sur environ 95 mètres de hauteur au milieu du cheminement et le spéléologue va traverser cette zone de faille. Les parois des galeries karstiques sont généralement exemptes de dépôts de concrétions ou de boue, ce qui permet d’observer aisément la nature des roches. Cette cavité donne ainsi accès à une coupe à travers les terrains du crétacé du nord Sainte Baume. Le gouffre de l’Eau-Relie constitue une cavité « école » pour l’observation géologique et karstologique en grotteBruno Arfib, Université Aix-Marseille, le 20/05/16.

Documents

Bibliography 23/04/2016

Histoire

L'entrée de la cavité est repérée dans un lapiaz le 11 novembre 2002 grâce à un courant d'air chaud soufflantSpelunca, n°132, 2013, rubrique "Échos des Profondeurs", page 5 : spelunca.ffspeleo.fr/201312_Spelunca_132.pdf. La topographie est réalisée par Jean-Pierre Seurin (jusqu'à -60m) et Bruno Arfib en 2011-2012Guillaume CHARDIN - CDS83, Fichier des cavités du Var > "Gouffre de l'Eau-Relie" (numéro 3076032) : www.fichiertopo.fr/display.php?details=1&indexid=8…. En 2012, puis en 2013, des repérages avec une bobine électromagnétique (ARCAS) dans l’Eau Relie et dans le gouffre du Petit Saint-Cassien, ainsi qu'un traçage visuel à la fluorescéine entre les deux cavités ont permis de faire l'hypothèse que la jonction est proche entre le puits colmaté terminal du boyau Roumain de l'Eau-Relie et la large galerie de 7 mètres de diamètre au delà du siphon 4 du Petit Saint-CassienSpelunca, n°132, 2013, rubrique "Échos des Profondeurs", pages 6 et 7 : spelunca.ffspeleo.fr/201312_Spelunca_132.pdf. BTH - 23/04/2016

Commentaires

Perspectives accomplies : Sortie historique du 4 juillet 2020

Oui, c’est bien une sortie historique pour la future connexion Eaurélie-Petit Saint Cassien qui a eu lieu hier, le 4 juillet 2020. Décidément, 2020 nous a permis d’avancer dans cette quête devenue mythique d’atteindre le (Petit-)Saint-Cassien amont. Petit retour en arrière : Le 23 février 2020, les plongeurs venus par le Petit-Saint-Cassien voient la fluorescéine injectée dans la vasque du siphon 4 de la galerie des 2% de l’Eaurélie. Ils entendent également l’ARVA placé au même endroit. Tout cela permet d’estimer qu’il ne reste que quelques mètres entre les 2 cavités, aussi bien en verticale qu’en développement. Le 14 mars 2020, avant d’être confinés pour 2 mois, une équipe redescend dans l’Eau-Rélie pour préparer la suite des explorations : (1) des passages un peu étroits sont élargis dans la galerie des 2% juste avant la salle de la mer de tranquillité, et (2) 2 trous sont faits au sol de la salle de la mer de tranquillité, à la verticale sur 1 mètre de profondeur, au cas où on arrive à tomber directement dans le "Saint-Cass" ! Pas de miracle ce jour-là, nous ne sommes pas arrivés directement dans le Saint-Cass ! Nous sommes tous remontés à bloc, prêt à revenir pour continuer les explos. On parle même de mettre en place un calendrier de réservation pour que les équipes s’enchaînent. Mais là tout s’arrête net… jusqu’au 4 juillet . Samedi 4 juillet 2020, 9h sur le parking, des hordes de spéléos sont là, à distance de sécurité anticovid19 respectées, ça s’étale partout. Des plongeurs vont aller faire un tour dans le petit méandre du Petit-Saint-Cassien. Et une équipe renforcée est là pour l’Eau-Rélie : Marc Dec, Pierre Grim., Seb, Bur, Paul Pel., Michel Gu, Bruno Arf. Oui, nous sommes 6 pour aller au fond ! Et ce n’est pas tout, on a en plus Tony et Eric Ros. qui viennent s’amuser dans les premiers puits. Entrée dans la cavité vers 9h45, arrivée en bas à 11h15 pour les plus rapides, vers 12h pour toute l’équipe. Il fait chaud, l’air est à environ 18% d’oxygène sur l’intégralité de la descente. Il n’y a qu’un mince filet d’eau dans la salle des 1%, et dans la salle des 2%. La galerie des 2% n’est pas alimentée en eau à partir de la cascade des 2%, tout s’infiltre pour ressortir directement à la salle de la mer de tranquillité. Marco, à peine arrivé, va mettre en route le pompage de S3 dans la vasque du S4 (le tuyau est déjà en place). Début du pompage : 11h55, arrêt pompage 12h35, soit 40min à Q=10m3/h pour vider S3. Seb s’est préparé pour l’opération du jour : Les Shadocks. Déroulé des opérations : On pompe S3 dans S4, Seb passe S3 vide et vient se mettre dans la vasque du S4. Là il tire la pompe (et la batterie). Il coupe un bout de gaine, trouve un manchon chez la Quincaillerie Decanis (ouvert 7j/7, la maison mère a installé une annexe ici, étant donné la forte demande). L’oxygène est un peu moins disponible dans les 2% car il n’y a pas de courant d’air naturel, mais la ventilation est en route, prenant l’air dans l’entrée de la galerie des 2%. Seb pompe tout d’abord la vasque du S4 vers S3 (donc vers l’amont, se bloquant ainsi le passage car il remplit le siphon préalablement asséché qu’on vient de vider, mais il a avec lui une petite bouteille de plongée et son détendeur), faisant descendre le niveau d’environ 60 cm de la vasque S4. Puis il arrête et connecte la pompe sur un tuyau qui part vers l’aval, à travers la petite lucarne. Très rapidement, l’eau qu’il pompe lui revient en cascade, son tuyau n’a donc pas réussi à passer le siphon S4. Il débranche alors la pompe et remarque que le tuyau laisse s’écouler un bon débit en sens inverse, donc du S4 vers la vasque en amont du S4 (pour ceux qui sont perdus, aller voir le dessin en coupe !). Grand joueur, il joue à monter et descendre le tuyau et remarque (quelle lucidité à 16,5% d’oxygène !) que son tuyau est entrain de vidanger un petit siphon suspendu derrière la lucarne, c’est le fameux S4 (quand l’eau est haute, la vasque est en continuité avec le S4, là aussi voyez le dessin en coupe). 5 à 10 minutes plus tard, c’est la joie. S4 se désamorce, et un courant d’air se met immédiatement en place, aspirant l’air de l’Eau-Rélie pour l’envoyer vers l’aval dans le Saint Cassien. Toute la galerie des 2% est traversée par un fort courant d’air, faisant remonter l’air à environ 18% d’oxygène. 10 minutes plus tard, Marco et Michel qui se trouvaient en attente dans la mer de tranquillité demandent à Bruno et Pierre de couper la ventilation artificielle. On arrête et le courant d’air naturel continue de nous aérer. Quel bonheur ! On respire et on se voit déjà suivre ce courant d’air jusqu’au Saint Cas. Seb est toujours dans la vasque du S4. Il reprend le pompage vers le siphon 3 et vide totalement la vasque. Le S3 est assez grand pour accueillir toute l’eau et laisser circuler l’air en voûte mouillante. La suite est donc là, dans une lucarne d’environ 20 cm de diamètre entre la vasque et le siphon 4. Seb filme. Puis il faut penser à ressortir. Les shadocks reprennent du service. Seb déplace la pompe de la vasque vers le S3 et pompe en direction du S4. L’eau descend rapidement. Au bout d’un moment le courant d’air s’arrête, le S4 alimenté par le tuyau de la pompe s’est réamorcé. S3 finit de se vider. Seb remballe le matériel puis rentre à la mer de tranquillité puis sort de la galerie des 2%. Entre-temps, Marco et Michel ont percé 2 trous pour faire du confort dans l’arrivée de la mer de tranquillité. Marco rejoint l’équipe. On plie, puis on remonte tranquillement. Départ vers 16h00 du fond. Retourà la surface entre 18h et 19h, avec des kits pas trop chargés, c’est bien d’être 6 pour se répartir le matos. On est bien content ! La suite nous attend. Il va falloir maintenant cogiter pour trouver le futur plan d’attaque. Michel et Paul rentrent, les 4 autres compères finissent chez Michel les abeilles pour revivre toutes les péripéties de Seb Shadock ce fameux 4 juillet 2020. On sort le crayon et le papier, ça donnera la coupe reprise dans l’ordinateur aujourd’hui. On discute aussi de la redistribution des ministères, celui de vigie-ventilation se déplace donc en direction du S4 et nécessite une remotivation du personnel. C’est officiel, on a jonctionné au courant d’air ce 4 juillet 2020 entre l’Eau-Rélie et le Petit-Saint-CassienHervé Tainton, via Csr_paca mailing list (Csr_paca@listes.speleos.fr - listes.speleos.fr/cgi-bin/mailman/listinfo/csr_pac….).

BTH (06/07/2020)

Récit d'une visite le 28 février 2007 par l'Aven Club Valettois

Voir le blog de l'ACV : avenclub83.over-blog.com/article-5848528.html

BTH (23/04/2016)

Perspectives poétiques

Le méandre des 2% exacerbe la détermination des spéléologues à poursuivre l’exploration, jusqu’à ce qu’un jour, se confondant à cette eau de “l’EauRelie”, ils aboutissent vainqueurs de tant d’épreuves à la confluence de ce petit affluent avec la grande galerie, où coule la belle rivière, cette rivière qui n’a jamais été aussi proche, quelques dizaines de mètres seulement, tel est leur espoir. Cette jonction tant espérée, ils l’écriront à la suite de ce texte, alors s’ouvrira pour eux un nouveau carnet d’aventure, dans lequel sur des pages encore vierges, viendront s’inscrire de nouveaux exploitsJean Guitton.

BTH (30/11/2019)

Cavités proche

Distance (km)NomLongueur (m)Profondeur (m)
0.2Câble (Gouffre du)10
0.2Montagné (Gouffre)2015
0.3Grand Clapier n°1 (Gouffre du)51
0.4Grand Clapier n°2 (Gouffre du)18
0.4Loup (Gouffre du)223150
0.6Écureuil (Gouffre de l') [Ecureuil]126
0.7Petit Saint-Cassien (Gouffre du)10865403
0.7Baou de Saint-Cassien (Gouffre du)48
0.7Coude (Trou du)137