Cernon (Grotte-exsurgence du)
45.450979,5.939655
Location
Cette exsurgence est pointée sur la carte IGN au 1/25000 3333 OT et se situe à la pointe Nord du massif de l'Alpe. juste à la base des grandes falaises urgoniennes bouleversées par une gigantesque faille de décrochement visible par ses nombreux miroirs de faille et séparant en deux unités distinctives les monts du Granier (Alpette) des puissants rochers de l'Alpe. Le Cernon est un torrent bien connu des habitants de Chapareillan, puisqu'il est encore de nos jours l'objet d'un captage par I'E.D,F qui turbine ses eaux auprès d'une chute de plus de 600 mètres pour fournir de l'électricité. L'origine du barrage souterrain redécouvert lors des explorations reste obscure, mais monsieur Yves Besson, passionné de l'histoire de son village. fait état d'une installation hydroélectrique mise en place dès la fin du siècle dernier. Le plus commode pour atteindre l'orifice de la grotte est de monter, juste après avoir rejoint le village de Bellecombe. jusqu'à Saint-Marcel d'en bas. Un peu plus haut. au point côté 825 de I' IGN s'engager à pied sur une piste forestière qui grimpe insensiblement le long des pâturages et vient, en une brusque ascension, remonter sur des replats aménagés par les tracteurs des bûcherons. Rester sur la trace principale qui prend en écharpe par l'Ouest les rives boisées et pentues du torrent. Vers mètres d'altitude, se faufiler à travers la végétation au niveau d'une zone avalancheuse et suivre le sentier qui ne tarde pas à déboucher à découvert sur le lit ébouleux du Cernon. Ce n'est qu'à l'étiage des eaux que l'on peut escalader d'immenses blocs retenant prisonnières les eaux souterraines. Remonter au plus haut de la pente sans trop musarder dans le secteur car les chutes de pierres sont fréquentes. Se diriger vers la vasque à niveau variable adossée à la falaise. Descendre, pour finir, jusqu'au goulet.
Description
Présentation
L'exutoire du Cernon représente le principal débouché des eaux de tout le massif de l'Alpe réputé à présent pour circonscrire l'un des plus vastes systèmes karstiques connus à ce jour en Europe. Situé à 1160 mètres d'altitude, le torrent émerge en étiage d'un énorme éboulis de rochers abattus depuis les hautes falaises qui forment 200 mètres plus haut la Porte de I' Alpette, L'ouverture initiale du réseau souterrain se retrouve adossée au niveau d'une faille sous l'immensité des redans étagés du Barrémien, dissimulée en majeure partie par les masses rocheuses qui s'affaissent et forment ici un vaste entonnoir circulaire empli par les débordements lorsque la fontaine est mise en action- Au repos des eaux. une douzaine de mètres sous le niveau du déversoir, il devient alors facile de s'insinuer dans le minuscule goulet de l'entrée où s'amassent une grosse quantité de galets roulés. Dans la pénombre, quelques mètres en aval du lit mouvant de pierrailles, s'étale une belle nappe d'eau verte correspondant à la zone noyée de l'exsurgence fermant tout passage à l'air libre, Seul, latéralement au raz du sol, et lorsque les humeurs de la fontaine le permettent, un étroit boyau permet d*accéder à un élargissement de la galerie exondée fermée en partie par une énorme et dangereuse trémie de blocs correspondant à la base de l'éboulis extérieur. Cette salle fut aménagée à la fin du siècle dernier en un bassin de retenue d'eau pour un projet d' aménagement hydroélectrique abandonné depuis au profit d'un barrage installé aujourd'hui sur le lit aérien du fougueux torrent. On y retrouve une échelle de bois ainsi qu'une vétuste vanne de métal scellée à même la paroi des rochers et derrière laquelle s'écoule bruyamment vers la lumière du jour tous les flots libérés du Cernon.
Documents
Exsurgence du Cernon 20/12/2014Histoire
L'exploration de la grotte fut entreprise le 27 septembre 1975. et c'est équipé d'un bi-mono alu de 7 litres gonflés à 175 bars. que je pus m'immerger dans les eaux glacées du siphon de cette belle fontaine, jaillissant. dans de moindres proportions il est vrai et lorsque les eaux sont en crues, à l'image de la fontaine du Vaucluse. Déroulant le fil guide depuis la surface tenu fermement entre de mains par un de mes porteurs. ne connaissant pas encore les techniques du dévidoir à l'époque, je me surpris d'y découvrir à faible profondeur, éclairées pour la première fois par la lumière blafarde de mes deux petites lampes torches, un large corridor ouvert sur deux passages praticables l'un se dirigeant vers l'Ouest correspondant à I'aval des écoulements souterrains. l'autre vers le Sud. à l'amont. s'échappant profondément à l’intérieur du massif calcaire. Choisissant mon parti, je me dirigeai tout d'abord dans celui qui me semblait être Ie plus prometteur. Je parcourus ainsi une longueur de 25 mètres de siphon, halant mon cordage de sécurité et débouchant tout surpris dans un ancien captage en partie détruit par les avalanches de rochers qui obstruent encore aujourdhui rentrée primitive de la caverne. Je pus noter que le ruisseau débordait derrière une vanne et demeurait de ce fait impénétrable puis qu'un interstice au raz du sol revenant sur I'entrée aérienne de la grotte restait entièrement comblé par les galets. Très enthousiasmé par cette toute nouvelle découverte. je revins sur mes pas en signalant à mes amis par tractions alternées sur ma drisse de mon retour et projetai d'un coup de palme bien assuré vers l'inconnu de la galerie amont. persuadé de retrouver bientôt le cours du réseau filant ainsi allègrement par 5 mètres de profondeur sur plus de 75 mètres de distance dans une magnifique galerie érodée au fond sablonneux et pus émerger. pour cette première reconnaissance, dans un béant repli de la voûte ouvert sur la surface libre de l'eau. Retour sans problèmes après 20 mn d' immersion. Le 9 novembre de la même année, Betrand Léger du Club Spéléologique de Fontaine-la-Tronche. pionnier incontesté de la plongée souterraine en France. effectue une plongée et explore la suite du réseau noyé. Il prolonge la galerie principale d'une centaine de mètres et se voit arrêté par 20 mètres de profondeur dans une salle où se ramifient latéralement plusieurs diverticules qui lui semblèrent prometteurs. Il ne put découvrir ce jour-là aucune continuation lui permettant véritablement de remonter plus en amont le cours actif du Cernon, mais porta dès lors le développement total exploré de cette belle cavité à 310 mètres dont 290 mètres représentèrent des siphons. Près de dix ans après nos premières tentatives, le 3 novembre 1985. aidé de Patrick et Œ Agnès. mes dévots porteurs. me voici de nouveau grimpant l'ardu sentier du Cernon. Harnaché cette fois-ci d'un bi-acier de 10 litres à 225 bars sur lequel j'accroche des morceaux de polystyrène pour en alléger le poids dans l'eau. toujours en vêtement humide. je retourne fouiller la salle terminale que Bertrand découvrit sur mes propres pas, sans doute motivé par l'avancement des recherches dans le réseau de l'AIpe qui prenait corps peu à peu, surtout depuis que nous avions relié entre eux les réseaux du Biolet-Tambourin et des Ours. puis enfin en août 1984, jonctionné ce grand complexe amont avec celui de la Combe des Arches et du Brutus. Persuadé de réaliser une première. suivant le fil d' Ariane déroulé par mon prédécesseur qui me conduit au point bas de la salle noyée. élevant le regard dans tourbillon de mes bulles qui s'élèvent sans retenue. remarque une large fissure praticable qui me permet de me hausser de suite d'une quinzaine de mètres de profondeur. Quittant plus haut les sinistres marno-calcaires qui forment les soubasscmcnts de la caverne immergée, je me stabilise tout heureux de découvrir une jolie conduite pratiquement horizontale et fuyant vers l'inconnu. Evoluant d'une centaine de mètres. je surgis. après 320 mètres de parcours, inopinément dans une importante cloche d'air. Stimulé par la de la progression, je parcours encore 100 mètres supplémentaires. palmant en toute liberté dans un joint de stratification qui me mène au terminus exploré à près de 410 mètres de l'entrée. mon profondimètre accusant alors une profondeur de 12 mètres. Le 29 juin 1986. au lendemain d'un portage au Golet de la Combe des Arches pour préparer la plongée du siphon terminal du réseau de l'Alpe. avsisté de Jean et Mireille Géault. d'Agnès et de Patrick Poli. je reviens m'immerger dans les eaux plutôt turbides cette fois-ci du Cernon et tente de nouveau de retrouver la suite du siphon. Ce fut impossible car une de mes batteries rendit ses derniers volts. de plus je me fourvoyai dans de petites galeries annexes excessivement boueuses et sans suites. Je profitai au retour de débuter Ie levé topographique de la galerie principale. Le développement total exploré fut porté ce jour à plus de 565 mètres. Le 12 octobre 1986. Jean louis Camus de Grenoble reprend le flambeau et raccorde 110 mètres de cordelette Nylon jusqu'à émerger enfin au pied d'une petite cascade correspondant au déversoir du collecteur lui-même. Le siphon est alors glorieusement vaincu : d'une longueur de 490 mètres avec un point bas de 20 mètres maximum. Suite au franc succès de mes toutes dernières explorations effectuées par-delà les siphons du réseau de l' Alpe situés par 400 mètres de profondeur sous la surface de l'alpage, quelque 1500 mètres en amont du terminus du Cernon, le 19 octobre 1986, accompagné de Jean Louis Camus. très intéressé de continuer pour l'occasion une si belle première, fin prêt pour remonter en direction du siphon entrevu à la Combe des Arches deux mois auparavant. j'ajuste mon détendeur en bouche et me silencieusement dans ronde. heureux ce jour là d'essayer ma nouvelle combinaison étanche qui peut désormais protéger des morsures du froid. et ce, avec l'aubaine de palmer derrière un camarade baignant toute la galerie de ses puissantes lumières halogènes quelques mètres plus en avant. Au bout de 20 minutes de progression nous détx»uchons ensemble dans un véritable tourbillon de bulles générées par la cataracte chutant dans le bassin d'eau profonde ou s'affalent bruyamment de 3 mètres de hauteur toutes les eaux du collecteur de l' Alpe. Aidé de Jean louis Camus qui conserve en sécurité mon masque et mes palmes. ayant abandonné mes bouteilles sur le sol de la galerie. je réussis à escalader la petite cascade et à me rétablir vainqueur au-dessus de la chute d'eau. J'installe une corde sur un amarrage rocheux et suis rejoint hardiment par mon coéquipier. Nous parcourons alors une cinquantaine de mètres dans une galerie établie visiblement dans une diaclase pour buter sur un plan d'eau siphonnant. Le 13 Décembre 1986. nous revoici réunis devant les eaux calmes du Cernon. Remontée de la cascade. hissage épique de tout le matériel de plonge et me voilà, bobinoir en main, paré à affronter les profondeurs du second siphon. Soixante mètres de parcours facile à -9. 20 mètres de galeries érodées, troisième immersion sur 25 mètres. puis enfin large galerie que nous nous empressons de découvrir sur 250 mètres de distance. butant définitivement sur une quatrième zone noyée. Ce ne sera que la belle journée du 19 septembre de l'année suivante, que nous nous retrouvons, Jean Louis Camus et loi-même, inséparables. les palmes dans l'eau. Le Cernon est à l'étiage. la température de l'eau claire frise les 5° 7, tout semble réuni pour réussir une plongée vers le coeur du massif de l'Alpe. La pointe apportera 190 mètres de nouvelles galenes explorées et suivies jusqu'à la profondeur de 25 mènes. ce qui porte le développement total reconnu de la caverne à 1275 mètres. En prime. les quelques 895 mètres de passages entièrement noyés seront couchés sur une nouvelle topographie nous démontrant le faible intervalle qu'il reste à parcourir entre les points extrêmes atteints au cours de nos pérégrinations aussi bien du côté du Cernon que du gouffre de la Combe des Arches. Ces nouveaux mètres de plernières. arrachés vaillamment à la grotte noyée. en compagnie de nos fidèles porteurs. seront fêtées au Champagne sous le porche d'entrée qu' Aldo Sillanoni, précurseur du fameux Gouffre Berger dans le Vercors, a bien voulu nous monter depuis le village voisin de Bellecombe. C'est en septembre 1991, alors que les toutes nouvelles techniques de plongée en siphon font leur apparition. grâce notamment aux équipes de spéléoplongeurs suisses qui se sont spécialisées dans ce domaine bien particulier de la plongée souterraine et qui oeuvrèrent salutairement pour le confort des explorations, un plongeur du club Chambéry. en l'occurrence Patrick Maigniez. que nous avons formé avec Jean Louis Camus à cette discipline sportive lors d'un stage d'initiation à la plongée spéléo à Cabreret dans le Lot. reprend le flambeau et s'aventure. - en suivant les 800 mètres de parcours balisé lors de nos dernières tentatives - aidé de son camarade Ciriac Rémy. dans le dernier siphon du Cernon où il atteint très vite 44 mètres de profondeur. Il s'arrête ainsi au bout de 350 mètres de distance devant l'importance des paliers affichés par ses ordinateurs de plongée, portant désormais la longueur du quatrième siphon à plus de 540 mètres.
Cavités proche
Distance (km) | Nom | Longueur (m) | Profondeur (m) |
---|---|---|---|
0.7 | Gouffre [n°013] [n°13] | 35 | 35 |
0.7 | Gouffre [n°016] [n°16] | 12 | 12 |
0.8 | Gouffre [n°168] | 18 | 18 |
0.8 | Gouffre [n°009] [n°9] | 11 | 11 |
0.9 | Gouffre [n°194] | 30 | 17 |
0.9 | Lilou (Trou) [n°200] | 55679 | 630 |
0.9 | Gouffre [n°055] [n°55] | 18 | 18 |
1.0 | Gouffre [Alpha 057] [Alpha 57] [n°457] | 14 | 12 |
1.0 | Pré de l'Ours (Source du) [n°229] | 0 | 0 |