Alpe (système de l')

Source Vieille (Gouffre de) [n°305]

Sainte-Marie-du-Mont (Isère - FR)
45.427243,5.919865
Longueur 71000m Profondeur 665m
Grottocenter / carte

Location

Du col du Granier, côté bassin du Guiers, à moins d'un kilomètre d'Entremont-le-Vieux, au niveau d'un groupe d'habitations portant également l'appellation d'Epernay, quitter la route départementale 912 pour remonter sur le petit Village de la Plagne (1 160 m). Depuis ce charmant endroit où l'on croise une buvette, remonter derrière l'ancien four banal du village et suivre le sentier qui grimpe au col de l'Alpette, vaste trouée perchée par 1 545 mètres d'altitude entre l'éperon sommital du Pinet qui pointe ses masses trapues de calcaires étagés à 1 865 mètres et la Tête de Lion dominant tout ce site enchanteur. La cuvette synclinale atteinte, laisser à gauche remonter le sentier en direction de la porte de I'Alpette et du pas des Barres, parcours équipé de barreaux métalliques permettant de rejoindre les hauteurs du mont Granier. Ainsi, descendre en face vers le vallon arrosé par la fontaine locale puis se diriger vers la bergerie. Le refuge se trouve en face. Continuer à suivre sentier de grande randonnée aux marques rouges et blanches qui s'élève à travers la forêt d'épicéas. Au bout d'une dizaine de minutes de marche facile, on franchit la frontière des alpages, ne tardant pas à déboucher sur de vastes étendues de prairies inondées de soleil où paissent en été les troupeaux. Le chemin s'aventure au Sud du massif de l'Alpe, passe non loin du gouffre, 30 mètres à l'Est et en contrebas. Peu après avoir dépassé l'étable en ruine des Haberts de Barraux, l'orifice se repère assez facilement car l'ouverture, assez large. installée en hauteur sur le versant Ouest de la dépression. demeure entourée de fils de ter barbelés juste au-dessus d'une arche rocheuse qu'enjambe le sentier. De ce point de vue, on domine les surfaces crevassées de Source Vieille. copieusement entaillées par de larges fissures d'où sourd plus au Sud des calcaires détritiques du Gault, une petite source d'eau rafraîchissante. Jean-Louis Fantoli - 08/02/2015

Description

Présentation générale dans le système de l'Alpe

Jean-Louis Fantoli - 08/02/2015

Le gouffre de Source Vieille mérite une mention toute particulière : une coupe projetée montre que cet abime est un des plus vertigineux qui puissent exister sur le massif de I'Alpe. Formidable brèche taillée à pic à travers le roc urgonien. la cavité permet, en une rafale de verticales des plus expéditives de rejoindre les galeries actives de la grotte aux Ours par 375 mètres de profondeur. Ce nouveau point de rencontre avec le torrent collecteur que l'on peut parcourir en aval sur plus de 650 mètres de distance jusqu'au premier siphon qui bloqua les expéditions pionnières en 1974 (-542 mètres du réseau). a donné, près de 10 années plus tard, d'éclaircir les remarquables aspects de l'hydrogéologie de ce secteur bien mystérieux du cours souterrain du réseau de l'Alpe sur lequel s'insèrent et s'articulent désormais les gouffres du Pompier et de la Vache Enragée. tout deux reliés à partir de 1983. Trois heures suffisent à une équipe bien entraînée pour raisonnablement équiper tous les puits de l’abîme et venir patauger dans les eaux diaphanes et glacées du collecteur. Comparé aux cheminements habituels connus dans les autres cavités du massif où il est souvent nécessaire de se faufiler aux prix de laborieux efforts dans de tortueux méandres qui aboutissent en définitive au cœur du repli synclinal, le golet de Source Vieille équivaut à présent à la plus preste et judicieuse voie d'accès jamais découverte à ce jour sur le massif de l'Alpe et que seul Ie golet voisin du Tambourin, avec ses grands puits et sa rivière souterraine, pourrait disputer. Aucune difficulté sérieuse n'est à redouter tout au long de cette course exceptionnelle qui nécessite de grandes longueurs de cordes à installer à bon escient à chaque relais des verticales. Restent les crues brutales qui sont évidement toujours à redouter, surtout dans le lit du torrent principal.

Description générale du golet de Source Vieille

Jean-Louis Fantoli - 08/02/2015

Le golet de Source Vieille (n°305), gouffre le plus vertical du réseau de l'Alpe connu actuellement, se développe aux dépens d'importantes fractures que l'on a coutume de rencontrer dans le fond du synclinal perché. Une succession quasi ininterrompue de puits conduit à la rivière collectrice du massif située 375 mètres sous la surface de l'alpage. Le torrent qui roule ici ses eaux tantôt limpides et silencieuses sur un lit discontinu de galets et de roches polies, tantôt boueuses et tumultueuses lors des crues souterraines, correspond en fait au collecteur atteint lors des premières explorations menées à bien depuis la grotte aux Ours. Les flots se déversent en amont d'un siphon dont l'origine se situe dans la grotte du Biolet, à la Rivière de Jade qui collecte elle-même toutes les infiltrations issues des parties les plus méridionales du massif de l'Alpe. En définitive, d'une extension somme toute bien modeste, Ie golet de Source Vieille offre, depuis sa position fortunée, l'avantage d'atteindre le cœur du complexe souterrain très rapidement. L'entrée initiale se présente sous la forme d'un petit puits de 11 mètres de profondeur débouchant dans une salle au bas de laquelle peut subsister un cône de neige et de glace. Traversant les couches menaçantes du Gault, un court diverticule conduit devant deux modestes verticales de 8 mètres chacune jusqu'au sommet d'un large puits profond de 15 mètres. A sa base. s'écartant de quelques mètres. se prolonge un étroit méandre qu'il fallut, lors des premières explorations, agrandir à la barre à mine pour progresser jusqu'au départ d'une nouvelle et plus importante verticale, haute ici de 47 mètres et correspondant à la partie supérieure d'une vaste salle encombrée à 90 mètres sous la surface par un amoncellement chaotique de blocs. De ce niveau, deux passages possibles conduisent au collecteur. Le premier dont le départ s'amorce à l'aplomb d'une large terrasse de rochers au bas de la salle, se dévoile par une nouvelle volée de puits de 12, 21 et 32 mètres, arrosés d'un infime ruisselet d'eau provenant d'une cheminée ascendante voisine. En bas, un accueillant palier permet d'équiper tranquillement une des plus grandes verticales du gouffre, ici fractionnée sur les 90 mètres de hauteur par trois relais déviant la corde de la chute d'une cascade. A -253 mètres, un couloir haut et étroit s'affaisse en un ressaut vertical haut de 2 mètres ; il conduit à une nouvelle cascatelle d'une dizaine de mètres de hauteur, auquel lui succède, un peu plus en aval dans une boucle du méandre, un nouvel à-pic de 20 mètres. A ce degré du gouffre, les écoulements s'engagent dans des fissures bondées de blocs. Penduler en rattrapant un tout petit goulet pour aborder plus bas la partie hors d'eau du conduit qui émerge latéralement dans une formidable fracture du massif emplie d'embruns retombant en pluie dense dans les ténèbres sur le restant de la chute 60 mètres plus bas. Vingt-quatre mètres de cordes suffisent pour prendre pied, à mi-parcours de la faille, sur un quartier monumental de roc coincé entre les parois de l'abysse. Devenu ainsi Ie puits du Gros Coco et, grâce à un nouveau jet de corde de 17 mètres, le fond vertigineux du golet est atteint par 350 mètres de dénivellation. En aval, sous les blocs, les éboulis barrent le passage, mais une étroite diaclase ouverte sur la paroi opposée livre accès à une galerie tourmentée où amas de rochers et ressauts entravent quelque peu le conduit (R8. R6). Le sol se dérobe de nouveau et plonge par des redans successifs de 4 et 3 mètres de hauteur sur un boyau actif surbaissé. Un bruit sourd se précise et s'amplifie, annonçant que le collecteur est bientôt rejoint. Au bout de 30 mètres de progression, à 375 mètres sous la surface, un peu en hauteur et en rive droite dans un couloir sensiblement horizontal de 2 à 3 mètres de large, haut de 10 à 15 mètres. aux parois cupulées et torturées par les eaux, s'épanchent tous les flots du collecteur de I'Alpe. C'est à hauteur de la première grande salle à -90 et au niveau d'une insignifiante dérivation latérale que se propagent puits et méandres qui atteignent, plus au Nord en haut de la fracture maîtresse, le réseau Annexe composé des verticales aux furtifs écoulements du Petit et du Grand Génitron et qui s'approfondissent de part et d'autre d'une même faille se refermant et interdisant toute progression en profondeur vers -360 mètres (appelés ainsi en souvenir d'un récit de l'univers Célinien qui obsédait nos mémoires lors de cette fabuleuse première). De même que par cette voie la pente se dérobe sur des abysses gigantesques de 175 mètres de hauteur accordant de reprendre pied sur le Gros Coco, énorme rocher fiché entre les parois vertigineuses du gouffre à l'intérieur duquel des pierres expédiées incidemment réveillent d'incroyables échos. Le torrent souterrain principal du massif quant à lui, d'un débit variant de quelques litres à plusieurs mètres cubes d'eaux à la seconde, se prolonge en aval sur plusieurs centaines de mètres et zigzague dans de hautes galeries jusqu'à l'étroiture ennoyée de -542 mètres (passage qui bloqua les explorations du S.C. Savoie en 1974). A mi-chemin converge un menu boyau rempli de blocs compacts et argileux et qui se poursuit sur quelques mètres, raccordant ainsi le fond du réseau Tacmov du golet du Pompier au réseau de l'Alpe. Plus en aval, une courte escalade de quelques mètres ouvre le passage vers des conduits fossiles consentant de prendre pied de nouveau dans le collecteur qui termine sa course dans d'étroits couloirs creusés la faveur de diaclases. Un peu en hauteur, dans une zone semi-active, s'ouvre un ressaut au bas duquel un plan d'eau profond, ceint de murailles déversées, clôt en définitive toute poursuite possible vers I'aval où seul un plongeur spéléo aguerri pourrait s'élancer. Dix mètres d'eau séparent la surface du fond de cette fissure ennoyée d'où s'échappe une conduite relativement spacieuse débouchant au bout de 55 mètres de distance dans les parties exondées et reconnues depuis le gouffre Brutus, en l'occurrence celles de la galerie Crok (jonction établie le 15/09/984). Le collecteur est retrouvé plus en aval au terme de 300 mètres de couloirs semi-actifs surcreusés par de nombreuses marmites de géant dont la plus surprenante, la marmite de Kéops, occupe un bassin circulaire de près de 4 mètres de diamètre (voir à présent description du gouffre Brutus). Pour leurs parts, les parties du collecteur se trouvant en amont de l'arrivée du golet de Source Vieille, demeurent entrecoupées de biefs profonds qui nécessitent un équipement approprié. Au bout d'un parcours de plus de 300 mètres, après avoir dépassé le point ascendant de jonction du gouffre de la Vache Enragée, les eaux déboulent d'une étroite crevasse rectiligne dont la voûte reste indiscernable à la vue. Cette immense fracture, orientée au Sud-Ouest, peut être ainsi remontée sur près de 500 mètres de distance jusqu'à la salle du Collecteur positionnée par rapport au réseau de l' Alpe à 520 mètres de profondeur, là où justement confluent toutes les eaux du réseau Biolet-Tambourin qui émergent d' une galerie noyée, en amont duquel s'écoulent les eaux de la rivière de Jade. La visite du torrent souterrain implique de s'équiper chaudement afin d'éviter de se refroidir inconsidérément. Le port d'une sous-combinaison de type polaire est conseillé pour les parcours aquatiques du réseau de l' Alpe, car l'immersion involontaire dans les bassins est plus fréquente que prévue (sinon prévoir néoprène ou canot). Pour terminer, il est utile avant de s'aventurer dans les profondeurs du gouffre de s'assurer d'une météo clémente, car les crues peuvent surgir à l'improviste dans ces zones drainantes qui arrivent à charrier d'énormes quantités d'eau.

Equipement

Jean-Louis Fantoli - 08/02/2015

ObstacleCordeAttacheObservation
P10C13AN + 1SEntrée n°305
P8 P8 P15C352S + 1S + 1SDépart étroit
P47C503SEtroiture et salle à -90
P15C15AN + 1S
P21C221S
P32C352S
P90C925SFractionenments à -8, -23 et -51 (dans une niche)
P10C132S
P20 P4 P24 P17C703S AN 1S 1SFrac + pendule R3 sous bloc Puits gros Coco
R8 R6 R2 R2C17AN ANTrémie A enjamber Ressaut glissant

Documents

Bibliography 01/08/2019

Histoire

C'est Roger Thonet et Bruno Cabrol du Spéléo club de Savoie qui, en 1983, avaient surtout attiré l'attention sur ce gouffre intentionnellement obturé par les bergers convaincus de protéger leur bétail des chutes accidentelles. La réouverture inespérée du gouffre permit à une première équipe du club de repérer un départ prometteur en contrebas de l'éboulis de l'entrée. Fiévreusement, la désobstruction d'un boyau d'où souffle un courant d'air glacial augurant d'alléchantes perspectives, accorda de descendre un nouveau cran en profondeur. Vers 45 mètres sous la surface, les parois du méandre se resserrent inexorablement, mais le sol surcreusé se dérobe par une verticale estimée à une cinquantaine de mètres. Il faut élargir le passage à l'explosif, trop étroit pour autoriser une descente dans ce puits dont la découverte se propage au sein de l'équipe. Ce camp de l'été 1983 put débuter sous de bons auspices. Le 27 août 1983, en soirée, accompagné de Michel Vibert, Jean-Louis Fantoli achève de forer les deux derniers trous de mines de 27 à l'aide du marteau perforateur électrique alimenté par le groupe électrogène monté spécialement pour cette séance de minage. La première eut lieu le lendemain matin dans une euphorie bien compréhensible ! Les 47 mètres de verticale sont équipés ainsi que les puits qui se poursuivent au bas de la salle vers l'aval jusqu'à rejoindre les bords d'un important et nouvel abîme estimé à 100 mètres de hauteur, Ie 1 septembre. Gérard Mouton seconde Jean-Louis Fantoli pour dérouler les cordes dans cette chute démesurée de puits; ils atteignent triomphalement le Gros Coco. L'espoir de recouper le collecteur grandissait ; finalement, le 3 septembre, comptant sur une jonction imminente avec les galeries actives des Ours, une nouvelle équipe prenait enfin pied dans les eaux du torrent, récompensant la persévérance des explorations et ouvrant ainsi une magnifique voie d'accès vers les parties profondes du réseau de l'Alpe. Cependant le cours souterrain restait interrompu à 545 mètres de profondeur par un siphon infranchissable, engloutissant toute certitude de retrouver plus en aval les galeries spacieuses du golet Brutus, reconnues deux années dans le passé. Fort de leur succès lors des camps de 1982, durant lesquels la jonction des golets Brutus et Combe des Arches fut réalisée, atteignant de nouveau le point extrême connu en aval du réseau de l' Alpe - la topographie de Source Vieille précisant les limites atteintes de part et d'autre des réseaux et présumant de ce fait une probante liaison. - une offensive fut donnée le 15 août 1984 pour tenter une plongée. Ce jour donc, Jean-Louis Fantoli se glisse dans les eaux glauques du siphon qui s'amorce en diaclase venant se stabiliser 10 mètres plus bas. Au bout d'une soixantaine de mètres de progression horizontale, la galerie se relève. Il aperçoit Ie miroir de la surface libre et émerge dans une sorte de puits aux murs redressés. Il avise à 5 mètres de hauteur une lucarne dans la muraille lugubre ternie par une boue noirâtre. Non sans peine, devant abandonner son équipement à une saillie du rocher, il tente délicatement de se hisser hors du gouffre noyé. Avec précaution il varappe les parois glissantes et réussit, triomphant. à se redresser sur le plancher hospitalier d'une galerie. Il parvient à identifier les conduits du réseau Brutus - Combe des Arches, arpentés en amont et topographiés naguère en compagnie de son ami Patrick Poli. Ils retrouvent bien plus tard la petite pancarte en alu préparée en vue de la jonction, seul témoin du furtif passage dans cette partie du réseau de l' Alpe, qui vient. pour la première fois, en un seul et colossal système exploré sur 51 777 mètres pour 602 mètres de profondeur, de rejoindre Ie trio de tête des plus grands réseaux souterrains explorés en France. Jean-Louis Fantoli - 08/02/2015

Autres entrées de ce réseau

Distance (km)Nom
0.4Vache Enragée (Gouffre de la) [n°700]
0.5Brutus (Gouffre) [n°180.1 et 180.3]
0.5Ignorée (P40 de la grotte) [n°128.2]
0.6Ignorée (Grotte) [n°128.1]
0.6Bertah (Golet) [n°197]
0.6Bertah Supérieur (Gouffre) [n°426]
0.7Pompier Inférieur (Golet du) [n°175]
0.7Jacquot (Gouffre) [n°425]
0.8Pompier (Gouffre du) [n°084] [n°84]
0.8Concombre Masqué (Gouffre du) [n°083] [n°83]
0.8Concombre Masqué (Gouffre du) [n°428]
1.0Paaeux (Grotte) [n°187]
1.1Tambourin 2 (Golet du) [n°171.2]
1.1Tambourin 1 (Golet du) [n°171.1]
1.6Tabouret 1 (Golin du) [n°160.1]
1.7Tabouret 2 (Golin du) [n°160.2]
1.7Tabouret 3 (Golin du) [n°160.3]
1.7Tabouret 4 (Golin du) [n°160.4]
1.8Migolet (Gouffre du) [SGT 128] [n°1000]
1.9Biolet (Grotte du)

Cavités proche

Distance (km)NomLongueur (m)Profondeur (m)
0.1Sous le Chemin (Grotte) [ESB] [n°1212]320
0.1Trou souffleur [n°512]00
0.1Gouffre [Alpha 014] [Alpha 14] [n°122]2816
0.1Trou souffleur [n°121]11
0.1Petit Ragne (Gouffre du) [n°088] [n°88]12080
0.2Grand Ragne (Gouffre du) [Trou de l'Aragne] [n°056] [n°56]130111
0.3Grotte [Alpha 033] [Alpha 33] [n°433]7010
0.4Grotte [Alpha 004] [Alpha 4] [n°404]155
0.4Vache Enragée (Gouffre de la) [n°700]71000665