Thémines (Pertes de)

Thémines (Lot - FR)
44.741909,1.833616
Longueur 6670m Profondeur 30m
⚠ Cette grotte est marquée comme sensible, les coordonnées ont été altérés pour ne pas révéler son emplacement exact
Grottocenter / carte

Description

Géologie

CDS 46 - 04/03/2014

Les pertes de Thémines sont classées par B. Gèze dans la catégorie des pertes dites "stratigraphiques". Dans la typologie des pertes du Quercy de G. Astruc et de T. Pélissié, elles sont rattachées, plus précisément, à la classe des pertes du contact marnes toarciennes-calcaires aaléno-bajociens ("Géologie et karstologie des Caus-ses du Quercy" in Bull. C.D.S. Lot n° 6 1981-82). L'enfouissement des eaux se fait au gré d'une succession de pertes jalonnant le fond de la vallée sur plusieurs centaines de mètres de longueur. La perte de Raffy est la plus active, ou tout au moins la plus pérenne. Elle est située 350 mètres en amont de la perte terminale de 10 à 12 mètres de puissance observable, dans laquelle peuvent s'intercaler des niveaux de calcaires oolithiques spathiques. Elle présente un aspect beaucoup plus massif que la formation dolomitique précédente, à stratification plus marquée. Le puits d'accès (A) (cf fig. 1) débute dans la for-mation dolomitique supérieure puis se termine dans les termes oolithiques massifs de la formation inférieure que l'on peut suivre jusqu'au siphon (D). Entre (B) et (C) la galerie initiale s'est installée, semble-t-il, au niveau d'un joint entre un banc de calcaire oolithique et un niveau de calcaire spathique ; elle s'est développée (surcreusement) par la suite dans le niveau de calcaire spathique (cf fig.2). Le puits d'accès aux galeries supérieures (E) est creusé dans la formation oolithique inférieure qui comprend un intercalaire de calcaire spathique à la cote +7 m. au dessus des circulations d'étiage. Les salles supérieures (tronçon E-F) 10 à 15 m. au des-sus du siphon (D), se localisent dans la formation dolomitique supérieure. Il faut attendre la retombée de la salle (F) pour retrouver la formation oolithi-que inférieure ainsi que les circulations actives. De la salle (F) au siphon (G) la galerie s'est formée dans la formation oolithique inférieure. En grimpant dans la galerie de l'A.G.A. on voit réapparaître les calcaires dolomitiques supérieurs, au delà du point (1). La galerie des Anciens est, elle aussi, établie dans la formation dolomitique supérieure. Ce n'est qu'au ressaut de la confluence avec la rivière Vieussens que la formation oolithique inférieure est retrouvée En 1979, la perte terminale s'est remise en activité (cf fig. 7). La rivière Vieussens coule ainsi dans après soutirage, ou plus exactement engloutissement, _les calcaires oolithiques, avec cependant les calcai-du bouchon d'alluvions de plusieurs mètres d'épaisseur res dolomitiques dans les voûtes, jusqu'à une centai-ciui tapissait le fond du vallon. Le ruisseau a surcreusé ne de mètres en amont du siphon où _les faciès dolomi-en même temps ses alluvions en amont de la o lais- tiques réapparaissent, à la faveur du plongement sant sur les deux rives les témoins perchés d'une terras- local des strates de 5 à 100 vers l'Ouest. se démantelée. En période de basses eaux, le réseau est facilement ac-cessible par la perte de l'Arche, suspendue 5 à 6 m. au dessus du lit du ruisseau, et par la perte de Raffy qui n'est pénétrable que par plongée. Les pertes de Thémines posent le problème aigü de la pollution en terrain karstique en général. Cette ques-tion ne sera pas explicitement abordée ici. 2.- CADRE L1THOLOGIQUE Toutes les galeries visitées se développent dans les terrains bajociens ; les calcaires aaléniens et à fortiori les marnes toarciennes n'ont jamais été ob-servés, même dans les parties topographiquement les plus basses. Le réseau se développe en fait au sein de deux for-mations lithologiques bien distinctes : une formation supérieure à tendance dolomitique comprenant une alternance de calcaires dolomitiques spathiques, de calcaires oolithiques spathiques (pour lesquels les phénomènes de recristallisation affectant matrice et éléments figurés de la roche atteignent des degrés divers), et des calcaires oolithiques. Cette unité géologique affleure en surface au niveau des pertes ; son épaisseur est au moins égale à une dizaine de mètres ; 3.- CADRE S1RUCTURAL Un relevé de la fissuration a été réalisé dans les galeries de la lère rivière et de l'A.G.A. (cf fig. 3), mettant en évidence deux directions dominantes : N 105° (90 à 120°) et N 165' (150 à 180°). Les fissures N 105° ont un fort plongement tantôt Est, tantôt Ouest, le plus souvent compris entre 70 et 85°. La direction N 105° correspond à celle d'une famille de failles importantes de la région (failles de Flaujac et de Padirac) dont le rejet observabJe est le plus souvent inverse. Une petite faille de ce type a été repérée en amont de la 1ère rivière (B). FIGURE N°8 Coupe Longitudinale de La galerie dans la partie amont de la 1,>firiviére (P1.8) contexte géologique de la résurgence amont de la l'"rivière. Cet accident, appelé faille de la perte de l'Arche, a un pendage 105° S 74° (cf fig. 8). Les couches du compartiment Nord sont légèrement basculées vers l'Est (15° E 14°). La structure montre un jeu apparent in-verse accompagné d'un rejet de 1,30 ru. Son jeu inverse est qualifié d'apparent car nous n'avons observé aucun élément (stries...) sur le miroir de faille permettant d'indiquer le sens exact du déplacement. Le décalage visible de part et d'autre de la faille donne l'impres-sion d'un mouvement inverse, mais, compte tenu du bas-culement des couches, un décrochement dextre aurait pu produire le même effet. Faille irwerse ou décrochement (ou accident intermédiaire), cette strLcture témoigne d'une phase tectonique compressive. La faille de la perte de l'Arche est accompagnée d'un couloir de fis-suration avec espacement pluri-décimétrique des dia-clases N 105°. Un autre accident de ce type passe probablement au niveau du siphon terminal de la rivière Vieussens (perturbation du pendage des couches -s• caractère di-rectionnel E-W de la galerie) et doit probablement intersecter le réseau de Pech Lavayssière plus à l'Ouest.

Histoire

Connues dans leur fonctionnement depuis plus d'un siècle (important système de moulins), l'exploration moderne des pertes de Thémines par des spéléologues commence vers la fin du siècle dernier avec Martel (cf."La France Ignorée, "Les Abîmes"). A la fin des années 40, Guy De Laveur s'interresse-ra à son tour aux pertes de Thémines (il prouvera par coloration la liaison avec le Gouffre de Cabouy). Début des années 50, l'équipe de l'A.G.A. (celle du Saut de la Pucelle) va parcourir l'ensemble des per-tes qui s'échelonnent de Raffy à la Perte Terminale actuelle. De 1959 à 1961, Renault et Vieussens font l'explora-tion et le relevé des pertes du Lavoir (Montbleu et La Mouline), de la Perte de Raffy et de la Grotte Raffy. Le 17 juillet 1962, après désobstruction, Couturié et Guilhem explorent et lèvent la topographie de la Rivière des Ecrevisses. Jusqu'en 1979, suivant la fluctuation annuelle des remplissages et des effondrements, Vieussens, Renault et différents clubs (St-Céré, Gramat, Figeac, etc...) parcourent les galeries changeantes des pertes. Au printemps 79, la perte terminale se remet en acti-vité après absorbtion du bouchon d'alluvions qui ta-pissait le fond du vallon. Le 8 août 1979, Coustou et Héreil accèdent, apres une désobstruction dans la Perte de l'Arche, au réseau profond. L'exploration de celui-ci par le G.S. Gramat et les membres de divers clubs s'effectuera dans la plus grande discrétion jusqu'en septembre 1980 (cf. "pro-jet de classement"). En août 1983, le S.C. Dijon, le M.I.E.R.S. et le S. C. Catus, reprennent les explorations. En août 1984, le C.D.S. coordonne les recherches Depuis l'effondrement des pertes terminales, au cours de l'hiver 1980-8J, il n'était plus possible d'accé-der, par les voies éxondées, au réseau découvert en août 1979 et exploré jusqu'en septembre 1980. Les résultats de ces explorations seront ignorés de la majorité des explorateurs (topographie en parti-culier). Un article très schématique, paru dans Quer-cy Recherche n° 33, devra donc satisfaire notre nppé-tit, et ceci jusqu'en août 1983. Outre le goût d'inachevé que nous laissaient les der-nières explorations de septembre 1980 (plongées de P. Péjout et de J. Lafaurie, découverte par J. Beauche-ron de la galerie Jean-Jacques, etc...), la nouvelle de la mise en instance de classement du réseau nous a décidé à agir plus efficacement. EXPLORATIONS 1983 Le 4 août 1983, après une première tentative ratée, P. Degouve (C.S. Dijon) débouche, derrière un siphon de 30 m., dans une galerie exondée. Il y retrouve le "cairn" de galets construit en 1980 par J. Beauche-ron. J. Lafaurie franchit à son tour le siphon et a la joie de retrouver, trois ans plus tard, les traces imprimées dans les étroitures d'accès à la galerie. Le 11 août, P. Degouve plonge le siphon de la Rivière Vieussens sur 70 m.... à poursuivre... Le 24 septembre, Verlhac, Lafaurie et Beaucheron plon-gent le deuxième siphon de la galerie Jean Jacques (30 m. permettant de gagner une heure de progression sur les explorations futures). Ils reconnaissent le réseau dans son ensemble. Le 12 novembre, la topographie de la première rivière et de la galerie de l'A.G.A. est levée (Borel, Beau-cheron, Delnatte, Hassan). Le 27 novembre, 150 m. de galerie sont découverts dans Raffy, après passage d'une sévère étroiture par Beaucheron. EXPLORATIONS 1984 Le 7 août 1984, S. et P. Degouve, Lafaurie et Beau-cheron repassent les siphons de la perte Raffy avec, pour objectif, la plongée du siphon terminal de la galerie de l'A.G.A. A la confluence première rivière-galerie des Anciens, ils vont voir, par en-dessous, les pertes terminales. A leur grande surprise, celles-ci sont à nouveau li-bres et une courte désobstruction leur permet d'accé-der à l'air lihre par la perte de l'Arche (comme en 1979). Dès lors, un travail d'exploration et d'inventaire plus efficace peut être envisagé. Il est, pour cela, Fait appel aux clubs du département : - la topographie de 1983 sera corrigée (de très peu) et complétée. Les nombreux bouclages et la synthè-se des résultats par traitement informatique per-mettra de présenter un travail précis. - Plus de 500 clichés seront réalisés dans tout le réseau (Ascargorta, Beaucheron, Besson, Palma). 65 Les résultats sont encourageants du point de vue des explorations : - découverte de la galerie du C.D.S., après escalade (Palma, Gernolle, Ascargorta, Ferchaud). - Plongée du pramier siphon de la galerie de l'A.G.A. et exploration de plus de 600 m. de galeries (P. et S. Degouve). Arrêt sur siphon... à poursuivre. - D. Larribe passera près de 17 h. à étudier "en par-tie" le réseau. Le travail n'est pas achevé et de-vrait pouvoir se poursuivre. Cependant une première synthèse peut vcus être présentée. Elle touche en particulier à la galerie de l'A.G.A. qui est à l'origine de la procédure de classement. TOPOGRAPHIE Il apparaît comme important de citer tous ceux qui ont travaillé à ce document. En 1983 ont été topographiées : • la rivière Vieussens : S. et P. Degouve (S.C. Dijon) . la galerie des Anciens : Barbier et Gaillard (Dijon) • la 1ère rivière : Delnatte et Hassan (M.1.E.R.S.) . la nalerie de l'A.G.A. : Borel et Beaucheron (MIERS) Les noms des galeries retrouvées ont été respecté en Fonction des souvenirs des participants des explora-tions antérieures. En 1984, l'accès du réseau étant permis à tous, la to-pographie complète (1ère rivière, galerie de l'A.G.A., galerie des Anciens, réseaux supérieurs du Lac Blanc et de l'A.G.A.) est reprise. Un bouclage Perte de l'Ar-che/siphon Raffy (extérieur) et siphon Raffy/Perte de l'Arche (intérieur) est réalisé. La synthèse de l'en-semble des données est réalisée par Durand et Lafaurie. Ont participé aux relevés topographiques : P. et S. De-gouve (S.C. Dijon), E. Beaucheron, M. Durand (M.I.E.- R.S.), R. Ascargorta, S. Lefavrais, Y. et J. Langer (S.C. St-Céré), J. Lafaurie, J. Prépin, Ph. Lacour (S.C. Catus), J. Palma, J.Ph. Ferchaud (S.C. Souillac), J.F. Fabriol (A.S. Figeac), H. Genet (S.C. Causse), J.P. et A. Couturié (Clermont-Ferrand), C. et R. Fabriol (S.C.O.F.), M. et P. Delmas (G.S.4.), A. Portes et J. Relano (S.C. Agen), C. Petit et N. Cavalerie (M.I.E.R.S.) La topographie de la grotte Raffy a été levée en octo-bre 1984 par :, Beaucheron, Bournazel, Cavalerie et Pénot (M.I.E.R.S.). Les pertes de Montbleu et de la Mouline ont été levées en 1959 et 1961 par Renault et Vieussens et aimablement mises à notre disposition par J.P. Couturié ; seuls quelques compléments (Montbleu-Arche-Terminale) furent rajoutés aux levés originaux. La topographie de la Rivière des Ecrevisses (15 octo-bre 1983) par Lafaurie, Lacour, Borel et Beaucheron, correspond dans l'ensemble, à celle de Guilhem et de Couturié (1962). La topographie de la Fanayre nous a été communiquée par Borel. Celle du Pech Lavayssière est de G. Maury. CDS 46 - 04/03/2014

PROCÉDURE DE CLASSEMENT DES PERTES DE THÉMINES Influence sur l'avenir de la spéléologie A.- HISTORIQUE Tous les éléments avancés dans cette partie sont tirés de documents écrits. Ils sont tous disponibles au secrétariat du C.D.S. et font partie d'un dossier ayant trait au réseau des pertes de Thémines. Du 8 août au 26 octobre 1979, les explorateurs du Groupe Spéléologique de Gramat découvrent plus de 5 km de galeries dont 3,4 seront topographiés. Les explorations qui se déroulèrent dans le plus grand secret prirent fin à la montée des eaux qui noient, pour plusieurs mois, les conduits d'accès (Q.R. n° 33). Le 3 novembre 1979, l'annonce de cette découverte est faite à la mairie de Thémines en présence d'élus et de personnalités locales et départementales, de représentants d'administrations, de spéléologues et de la presse régionale (Q.R. n° 33 et Spéléoc n° 28). Le ler avril 1980, une convention est signée entre le maire de Thémines et le président du G.S. Gramat. Un arrêté en date du 5 avril réglemente depuis l'ac-sès au réseau (Lettre du 13 juillet 1980 au C.D.S. Lot et Convention). En juin 1980, un dossier complet est remis aux interlocuteurs de la D.R.A.E.. La mise en instance était prononcée en juillet (Spéléoc n° 28). En décemhre 1980, l'effondrement des pertes de Thé-mines suspend les explorations du G.S. Gramat (Spéléoc n° 28). Début 1981 et dans l'optique du Classement, le site à classer était définitivement délimité grâce aux 4945 m. topographiés par nos soins. Sans ce document capital, le Classement était illusoire (Q.R. n° 58). Dès le début des explorations, le président du G.S. Gramat pris la disposition de garder un silence total sur la découverte et de conserver confidentiellement les relevés topographiques (Q.R. n° 58). En février 1981, la proposition de Classement était lancée (Q.R. n° 58). Début 1982, la procédure de Classement démarrait (Q. R. n° 58). Du 10 au 23 février 1982, enquête publique à la mai-rie de Thémines. Le 26 février 1982, avis très favorable du Conseil Municipal. Le 5 mai 1987, avis très favorable de la Commission 'Départementale des Sites. Le 7 décembre 1983, avis favorable de la Commission Supérieure des Sites à Paris. Documents cités en référence : . "Quercy-Recherches" n° 33 -"Les pertes de Thémines", J.C. Coustou, février 1980. • "Quercy-Recherches" n° 58 -"Pour une protection du milieu calcaire lotois", J.C. Coustou, avril 1984. • "Spéléoc" n° 28 -"Le système karstique de l'Ouysse", J.C. Coustou, juin 1984. B.- RESULTATS DES DEMARCHES ET TRAVAUX DU C.D.S. LOT D'août 1979 à février 1984, aucune publication ne fait état, à notre connaissance, de la procédure de Classe-ment qui se trouve être largement développée dans cel-les de février à juin 1984... Ayant appris, de façon confuse, l'existence d'une porcédure de classement des pertes de Thémines, début 83, il nous est apparu important d'agir sur deux plans : - avoir connaissance des documents existants, - accéder à nouveau au réseau afin d'en faire l'inventaire et de disposer d'éléments d'appréciation. Nos démarches à la Sous-Préfecture de Figeac, à la mai-rie de Thémines, auprès des services de l'Environnement, les trois interventions de la Gendarmerie, et les deux entretiens avec Monsieur le directeur de Cabinet du Préfet du Lot, nous ont confirmé l'état avancé du projet et permis d'obtenir, le 8 novembre 1984, l'accès au "dossier" I/. Composition du dossier : 1/ Pièces écrites : • Rapport de présentation, . délimitation littéraire du site proposé, . liste des propriétaires. 2/ Pièces graphiques : • Carte de situation au 1/50 000e, • plans cadastraux, 3/ Pièces administratives : • Arrêté Préfectoral de mise en Enquête Publique, . Extraits des deux journaux locaux ayant publié l'Arrêté, • Certificat du publicité d'affichage par le maire, • délibération duConseil Municipal, • Registre d'Enquête d'Utilité Publique, • Rapport de la Commission Départementale des Si-tes, 4/ Feuille cadastrale 5/ Dossier photographique : . série de 17 clichés, . commentaires. II/. Extraits du dossier : 1/- Extrait du rapport de présentation : (...) "Le projet de Classement qui est soumis à vo-tre jugement concerne l'entrée du réseau à Thémines, découvert durant l'été 1979 et exploré et topographié sur les 5 km de galeries environ, accessibles actuellement sans plongée". (...) (...) "Les concrétions sont inéxistantes dans les ré-seaux actifs du fait du passage rapide des crues où l'eau circule alors comme en conduite forcée. Par contre, les remplissages détritiques (argilo-sableux et galets notamment) sont très vivants puisque sensi-bles aux variations des précipitations et des mises en charge rapides du réseau. Ici, la force du courant a permis le creusement de nombreuses "marmites de géants", de "coups de gouges", de "lames d'érosion". Ainsi, dans la rivière Vieussens, creusée au contact de deux types de roches et présentant la forme carac-téristique d'une serrure, on peut constater les dif-férentes formes d'érosion et de corrosion dues à la nature des roches et à la force des eaux. Dans la galerie de l'A.G.A., par contre, on remarque-ra les grands gours et les massifs stalagmitiques, oui la très belle salle des oncolithes située à 900 mètres environ de l'entrée. La galerie des Anciens présente un réseau fossile où les gours profonds, jusqu'à 2 m., se succèdent sur 200 ou 300 mètres. De son centre il est possible d'accéder aux salles blanches, secteur le plus con-crétionné de la cavité. Nous avons donc ici la chance de pouvoir conserver intact l'un des plus grands onsombles spéléologiques français et de pouvoir reconstituer une partie des pages de l'histoire de la nature. C'est la raison pour laquelle un dossier de Classe-ment au titre des sites a été constitué." (...) 2/- Extrait du rapport de la Commission Départementale des Sites : Réunion du 05/05/82 à laquelle assistait Monsieur Coustou, "représentant le Comité Départemental de Spéléologie du Lot" (!) (...) "Ce réseau présente un intérêt esthétique et scientifique : . esthétique par la variété et la richesse des concré-tions et des galeries, . scientifique car il s'aoit.de l'un des plus grands ensembles spéléologiques français qui permettra l'é-tude par des spécialistes de la Biospéléologie lo-toise, des remplissages détritiques et des formes de creusement des galeries". 3/- Extraits du commentaire du dossier photographique : "Le montage photographique ci-joint présente quelques clichés de paysages classiques du milieu souterrain. Toutefois à Thémines, l'intérêt scientifique du réseau l'emporte sur son intérêt esthétique. Le choix de cli-chés présenté n'est pas exhaustif de l'ensemble des phénomènes géomorphologiques (érosion-corrosion) pré-sents dans toutes les galeries des pertes de l'Ouysse. A cet égard, les derniers clichés relatifs à la riviè-re Vieussens (cl. 14 et 15 notamment), sont particu-lièrement riches d'enseignements. Nous ne pouvons que regretter dans l'état actuel de ne pouvoir en présen-ter de plus nombreux de ce type. Mais c'est l'inventeur Sans présumer du bien-fondé du classement des pertes du réseau, Monsieur J.C. Coustou, qui nous les a fait de Thémines, sur lequel nous reviendrons par ailleurs, parvenir en fonction de ses disponibilités". (...) l'exposé rapide des éléments cités en référence laisse apparaître de graves lacunes : Cliché n° 14 : "Rivière Vieussens : la progression dans la cavité permet d'observer un grand nombre de phénomènes d'un très grand intérêt scientifi-que. Ici (la rivière Vieussens) le cliché nous permet de voir nettement les différences de com-portement de la roche vis-à-vis de l'érosion des eaux. En effet, chaque type de roche a réagit dif-féremment à l'attaaue chimique et mécanique (galet roulés) des eaux qui transitent dans ces grands réseaux souterrains : la partie inférieure de ces calcaires a été beaucoup plus intensément attaquée par les eaux que la partie supérieure qui a mieux résisté de par sa structure. Ces phénomènes, dif-ficiles à observer, sont particulièrement nombreux, variés, dans cette cavité. Nous avons là un vérita-ble musée naturel où toutes les formes d'érosion et de corrosion sont magnifiquement représentées". III/. Reflexion du C.D.S. sur la procédure de Classement Cliché n° 5 : "lère Rivière : galerie se dirigeant vers le ler siphon. Noter sa grande taille au sol encombré de galets roulés par les eaux. En période de grosse crue, cette galerie peut être entièrement noyée : aucune concrétion n'a pu se déposer sur les voôtes, ou les parois, à cause des montées souvent violentes des eaux dans les conduits souterrains de ce type". (...) Cliché n° 12 : "Salles Blanches : A ce niveau, on découvre dans ce paysage un élément insolite : une stalactite, sans doute déviée par les cou-rants d'air, s'est développée à 45° de sa posi-tion verticale normale. Au fond et sur la gauche, on notera la présence de belles concrétions clas-siques. Une telle concentration de concrétions n'est pas très courant dans les cavités du Lot et mérite donc d'être protégée." (...) Cliché n° 13 : "Les Salles Blanches : toujours au niveau des Salles Blanches, on peut admirer ce paysage où de nombreuses formes classiques de concrétions se trouvent groupées. Cet ensemble est très fragile et la simple répétition du pas-sage de l'homme peut apporter des modifications climatiques (et autres par conséquence) dont cer-taines seraient irréversibles. C'est pourquoi ces galeries doivent être visitées par un minimum de personnes si l'on veut garder intact pour les gé-nérations futures ces merveilles que nous a lé-guées la nature". (...) 1/- Le dossier ne s'appuie que sur les documents four-nis par une seule personne. . Photographies : "C'est M. J.C. Coustou qui nous les a fait parvenir". (cf II/. 3/- § 1) Topographie : "Sans ce document capital, le classe-ment était illusoire" (cf Historique § 7). 2/- 11 y a eu volonté de la part de M. Coustou de gar-der le secret sur la réalité du site (cf Historique 2 et 4 et Convention en annexe, particulièrement art. 3). Par sa lettre du 13 juillet 1980, il conclut de la fa-çon suivante : "Si nous n'avons pas toujours tenu au courant de nos démarches, pour régler le problème de Thémines, les responsables des structures concernées, ce n'était que pour aller plus vite et plus efficace-ment". 3/- Si, dans sa forme administrative, la procédure pa-raît avoir été respectée, il semble que l'information essentielle ait été négligée : . par le biais de l'Enquête Publique, la population a été invitée à prendre position sur un projet de clas-sement dont les raisons ne leur ont pas été claire-ment expliquées, comme nous l'avons constaté lors de la réunion publique organisée par le C.D.S. le 23 novembre 1984, à Thémines. • Le Correspondant local, dans "La dépêche du Midi" du 29 novembre 84, écrit : (...) "Il est nécessaire et souhaitable d'entendre la version de tous les servi-ces compétents car la population se pose des questions". • "Aucune observation n'ayant été présentée au cours de l'enquête, le Commissaire Enquêteur a donné un avis favorable" (Enquête d'Utilité Publique). • (...) "Les 72 propriétaires n'ont pas été prévenus par lettre recommandée avec accusé de réception. De ce fait, et comme le stipule l'article 5 du Décret n° 69.607 du 13 juin 1969, leur silence au moment de l'enquête vaut défaut de consentement". (...) (Rapport de Présentation). 4/- La Fédération Française de Spéléologie, ainsi que le Comité Spéléologique Régional, sont des associa-tions agrées par le Ministère de l'Environnement en matière de protection du milieu souterrain. Aucunccur-rier sur ce sujet n'a été adressé à ces différentes instances, pas plus qu'au Comité Départemental de Spé-léologie. Leur représentant sur le Lot n'est pas M. Coustou, contrairement à ce que laisserait entendre le rapport de la Commission Départemental des Sites. IV/. Inventaire et étude du réseau : Un effondrement en décembre 1900 avait rendu impossi-ble l'accès au réseau par les pertes terminales. En août 1983, des spéléologues du Lot et de Dijon plon-gent le siphon de la perte Raffy (autre accès poten-tiel au réseau) et réussissent à atteindre les gale-ries découvertes en 1979. Ils en lèvent la topogra-phie. Le travail réalisé a fait l'objet d'une infor-mation dans "Spélunca" n° 15 de septembre 1984. Lors d'une nouvelle plongée en août 84, ils parvien-nent à rejoindre la surface par l'ancienne entrée et en avisent aussitôt les clubs du département. Le C.D.S. prend en charge l'ensemble du dossier et l'organisation des travaux : . la topographie complète et précise de plus de 6 km. de galeries est levée. . Deux géologues et un hydrogéologue (tous trois spéléologues expérimentés) participent aux explorations et dressent un rapport. . De très nombreuses photographies sont prises (elles pourront faire état de la réalité). . Des explorations post-siphon de près d'un kilomètre sont réalisées ; les recherches continuent. Les résultats des travaux effectués en 1983 et 1984 sont consignés dans le présent bulletin. C.- REFLEXIONS SUR LE BIEN-FONDE DU CLASSEMENT Trois pièces du dossier abordent le problème : - le rapport de présentation pour la Commission des Sites, - le rapport de la Commission Départementale des Sites, - les commentaires des diapositives. Nous remarquons que : . 17 diapositives permettent donc de se faire une idée suffisante sur le réseau et d'affirmer que "l'intérêt scientifique l'emporte sur son intérêt esthétique". . Le 2 septembre 1980, une visite de 3H30 a permis à deux représentants de la D.R.A.E. de juger de l'in-térêt scientifique de l'ensemble du réseau et amène la Commission Départementale des Sites à émettre un avis (cf Rapport de la Com.) ! D'autre part des spéléologues, pour la plupart très expérimentés, ont parcouru avec attention le réseau, notamment : . des géologues et hydrogéologues de l'Université de Clermont-Ferrand et du B.R.G.M. ont passé quelques dizaines d'heures à étudier le système des pertes. . Des photographes ont assuré la couverture de l'en-semble du réseau. , Des plongeurs, parmi les plus efficaces en France, ont plongé 10 siphons, ajoutant plus d'un kilomètre de galeries au réseau. Ces spéléologues, respectueux du monde souterrain, ont eux aussi les moyens d'émettre un avis sur le bien-fondé du classement. Nous nous sommes posés la question de l'utilité d'un classement du réseau : • A qui servira-t-il ? • A quoi servira-t-il ? Il servira aux "Biospéléologues lotois" paur l'étude 'des remplissages détritiques et des formes de creusement des galeries" (Rapport de la Com. Départ. des Sites). Plus que des outils "d'études scientifiques", ces élé-ments nous paraissent tout simplement pédagogiques. Ils ne sont que le reflet de phénomènes classiques du milieu souterrain, en particulier en zone de perte. Pourquoi la seule justification scientifique serait-elle à prendre en compte pour la gestion d'un univers qui est avant tout révélé par des explorateurs ? D.- REFLEXIONS SUR LA PRATIQUE SPELEOLOGIQUE La pratique de la spéléologie répond à des motivations diverses. Elle est perçue de plus en plus comme une activité de loisir, dans le sens le plus restrictif du mot. Le milieu naturel souterrain qui est son support est le plus souvent très fragile et les dégradations irré-versibles. La Fédération Française de Spéléologie, consciente plus que quiconque d'un patrimoine à respecter, est confrontée à des problèmes délicats de gestion de celui-ci. Elle a pour objectif de fédérer des personnes ayant pour projet d'accéder au milieu souterrain. C'est une mesure de protection. Elle permet de limiter une pra-tique anarchique ; la prendre en compte, la canaliser et la contrôler, c'est être responsable. Elle propose, au travers de ses différentes structu-res, une sensibilisation, une formation et une prise en charge de ces problèmes. Elle cherche à avoir une action éducative sur tous ceux qui sont intéressés par la spéléologie. Elle regroupe, qu'on le veuille ou non, la quasi to-talité des spéléologues actifs effectuant un travail de recherches suivies et faisant largement connaître leurs travaux. Le problème de fond est donc celui de la gestion de "l'espace spéléologique". Seule la concertation, avec toutes les parties inté-ressées, peut dégager les solutions adaptées et réa-listes. Tel est le but recherché par le Comité Départemental au travers de ses clubs et d'une structure démocrati-que. E.- CONCLUSION Après analyse du rapport de présentation, rien de spécifique, dans ce réseau, ne justifie une procé-dure de classement. Dans sa grande majorité, on peut même dire qu'il est moins vulnérable que nombre de cavités visitées chaque année. Les pertes de Thémi-nes sont très actives (hauteur de mise en charge importante) et, à ce titre, la présence humaine a peu d'influence sur le "site". Sur un plan plus général, le principe de classement peut être reconnu comme un moyen, parmi d'autres, de protection du milieu souterrain. Une utilisation ar-bitraire de ce moyen, exceptionnel et ultime, le pri-verait de toute son efficacité. Les pertes de Thémines ne posent pas un problème de fréquentation spéléologique, mais celui de la pollu-tion hydrogéologique, classique en milieu souterrain ! Pensant que le classement des pertes de Thémines n'est pas justifié, le Comité Départemental de Spéléologie du Lot demande : • l'ajournement du classement, . la concertation avec le Ministère de Tutelle et les parties concernées. Les démarches et les conclusions adoptées par le C.D.S. Lot ont été reprises à l'unanimité moins une voix par le Conseil d'Administration du Comité Spéléologique Régional. La Fédération dans sa réu-nion du 2 et 3 février, a pris netteffient position dans ce sens et a décidé d'intervenir directement auprès du Ministère de l'Environnement et de la Préfecture du Lot. CDS 46 - 04/03/2014

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Accès

Accès réglementé par arrêté prefectoral. Demander à la mairie de Thémines 15 jours à l'avance pour avoir un accompagnateur. Envoyer un compte rendu (état des lieux) après la sortie

Frédéric Urien (01/07/2013)

Cavités proche

Distance (km)NomLongueur (m)Profondeur (m)
0.9Laveyssière (Igue à)
1.0Cloups de Teulou (Igue des)17452
1.7Négriers (Igue des)11525
2.2Roumégoux (Perte de)15023
2.2Roumégoux (Émergence de)5022
2.6Roucadour n°2 (Grotte de)256
2.7Roucadour (Grotte de)480
2.8Nivernais (Igue des)37
3.7Mouline (Perte de la)