Pertes de Théminettes

Théminettes Aval (Perte de)

Théminettes (Lot - FR)
44.711433,1.852439
Grottocenter / carte

Documents

Bibliography 25/01/2011

Histoire

Signalées par Delpon (Statistique du Lot, 1831) au sujet d'une crue spectaculaire, les pertes de Théminettes ne semblent avoir été explorées superficiellement que le 14 septembre 1890 par E.A. Martel : "Un très faible courant se perd sous trois petites arcades qui nous laissent pénétrer de 10m à peine ; mais là, l'eau s'engloutit dans de simples trous de la roche vive, où les deux poings ne pourraient passer et qui ressemblent à l'embouchure de simples tuyaux de gouttière." Une longue période d'oubli, puis se sont successivement les colorations du ruisseau en amont des pertes par G. de Lavaur et le Génie militaire La relation des écoulements est alors confirmée entre Théminettes, le gouffre des Vitarelles et Cabouy (de Lavaur, 1953). Les explorations reprennent en 1952, date à laquelle des membres du Groupe Spéléologique de Gramat s'insinuent dans la perte terminale. "En forçant un petit siphon conduisant à une grande diaclase, les explorateurs (Lesur, Vieussens) raccordent la perte aval (terminale) à la perte amont" (Béchou), (Vieussens, 1961). Le 29 août 1970, sous l'impulsion de Vieussens, une rapide désobstruction du premier siphon de Béchou (point 37) permet à Ayrolles, Bagnaud, Coustou, Héreil, Ramond et Vieussens de découvrir de nouveaux prolongements jusqu'aux salles basses (point 148). Début des premiers relevés topographiques et vérifications des petits conduits adjacents. A la mi-septembre, Héreil et Ruscassie cherchent méthodiquement un passa-ge permettant de shunter le siphon du point 148. En s'enfilant dans une diaclase verticale prolongée par un conduit étroit (passage Héreil, du nom de son inventeur), ils découvrent l'aval du siphon et suivent la rivière dans des galeries sombres et corrodées jusqu'à un nouveau siphon (260m de l'entrée). Coustou et Héreil (18 octobre 1970) continuent l'exploration et s'arrêtent aux diaclases terminales du point 390. Quelques conduits secondaires près du siphon 260 sont visités. Le 6 décembre de la même année, Coustou et Vieus-sens topographiaient les premiers 80m dans de pénibles conditions (boue, étroitesse des galeries, petites visées, etc.). Le 29 août 1971, exploration systématique des "départs", en aval des salles basses (Bagnaud, Coustou, Héreil, Labrunie, Ramond, Vieussens). Topographie du passage Héreil aux diaclases terminales, le 1er octobre, par Coustou, Héreil et Ramond. Le 14 octobre raccord topographique entre le passage Héreil et les premiers 80m par Coustou et Héreil. Exploration et topographie de l'igue Hugues, le 30 novembre, Par Coustou et Vieussens. Ce dernier, quelques temps après, topographie le ruisseau extérieur et raccorde les différentes pertes. Les crues d'hiver et de printemps ayant sensiblement nettoyé les entrées de certaines pertes, le 14 août 1972, une brève désobstruction dans un con-duit descendant près du porche du Béchou ouvrait la voie vers des galeries inconnues (galeries d'août 72). Suite à une grande diaclase oblique, les eaux perdues en surface dans le lit même du ruisseau, sont retrouvées et suivies en direction des salles basses sans toutefois pouvoir effectuer la jonction avec ces dernières. Dans l'amont, arrêt dans de gros blocs situés sous le lit aérien. CDS 46 - 10/12/2013

De nouvelles tentatives donnent l'occasion à Héreil et Ruscassie de progresser en amont de l'obstacle précédent sur une centaine de mètres, en septembre. Terminus probablement à proximité du pont, sous la falaise rive gauche (conduits remontants argileux puis terreux, avec petis os indéterminés, Coustou-Héreil, octobre 72). Vieussens avait remarqué depuis longtemps au-dessus de la perte de la Mouline, un petit orifice, de 5cm de diamètre, au pied d'un léger affleurement de calcaire oolithique, et dans lequel il entendait en période de fortes eaux un bruit de cascade (repère R 1). S'agissant très certainement des eaux de la perte sous-jacente, après leur enfouissement, nous décidons d'agrandir ce trou. De nombreux travaux à la dynamite, durant le printemps 74, favorisent le passage sur environ 5m de profondeur (Bonnebouche, Coustou, Emery, Fardet, Héreil, Labrunie, Lé, etc.). Signalons la coloration réussie par Astruc (1971) entre la perte terminale et un affluent rive droite de la •dernière des salles basses. Enfin, depuis juin 74, des relevés et observations (température, Ph, résis-tivité, dureté, débit, etc.) sont accomplis assez régulièrement dans le ca-dre d'une étude d'ensemble du système des eaux de l'Ouysse. CDS 46 - 10/12/2013

Commentaires

Géologie

Statigraphie. On distingue de bas en haut : + les argiles et marnes du Toarcien (puissance : environ 30m) constituant le niveau imperméable et sur lesquelles coule le Francès. Leurs particularités lithologiques (faible résistance en particulier) déterminent les versants herbeux en pente douce du front de la cuesta en amont des pertes. + les calcaires colithiees et dolomitiques (puissance : environ 40m) du Bajocien dans lesquels se développent les pertes. Versant raide du front de la custa. + les calcaires sublithographiques du Bathonlen inférieur (puissance : e-viron 40m) parfois lapiazés. + calcaires dolomitiques : bancs "rouges", peu épais (inférieurs â 4m) ; très propices à la corrosion, de faible résistance mécanique, donnent des sections de galerie plus larges que hautes et favorisent les effondrements. + calcaires oolithiques : bancs "blancs", plus épais, bien diaclasés, donnent des sections de galerie plus hautes que larges (en canyon). Présence de marmites. Deux grands accidents intéressent particulièrement les formations jurassiques (primitivement inclinées vers le S.W ?) du secteur de Théminettes : + la faille de Flaujac et la faille de Rueyres-Fons, + la faille de Flaujac : de direction pyrénéenne (W.E) elle s'étend des en-virons de Gabaudet (Dogger) à l'W, jusqu'au-delà du Bourg (Trias) à l'E., le compartiment abaissé étant au N. A Flaujac elle met en contact les argiles du Lias avec les formations du Dogger inferieur, et dirige les écoulements souterrains vers l'W, parallèlement à sa direction. Nous la retrouvons 500m au S de Théminettes sous la forme d'un pli-faillé (?) dégagé par l'érosion. + la faille de Rueyres-Fons : orientée N-S (regard vers l'W) elle devient NW-SE (regard vers l'E) au point de recoupement de la faille de Flaujac (Gèze, 1954). Passant environ lkm à l'E de Théminettes, elle concerne principalement le Lias et semble expliquer la montée d'eaux chaudes près de Rueyres (temporairement) puis au mas de Lacaze (E. de Théminettes, eau ferrugineuse pérenne). 2.4. Fissuration. Au cours du relevé topographique du ler octobre 71, nous avons relevé un certain nombre de diaclases (35) en prenant soin de leur direction. Ces directions sont reportées dans un diagramme (fig. 1) par pourcentage de secteurs de 20° en 20° (de 270° à 310° pour l'ensemble) en pointillés. Nous avons porté en noir, toujours en pourcentage, des concentrations remarquables de diaclases. Ainsi en faisant la différence des pourcentages des secteurs et des concentrations on voit apparaître les secteurs particulièrement bien fissurés (fort pourcentage et forte concentration). Nous voyons que les directions occupent surtout le secteur 270°-350° avec un maximum pour 330°-350°. Si l'on compare avec le plan, nous remarquons bien l'analogie des directions des galeries, des écoulements et de la fissuration. Les portions des galeries orientées différemment correspondent aux bancs dolomitiques non fissurés et s'établissent en général suivant le plongement des couches.

CDS 46 (09/12/2013)

Hydrologie

Les pertes de Théminettes sont échelonnées dans le fond (alt. 315-310m) d'une vallée aveugle, au S du village de Théminettes (Lot). Elles absorbent les eaux du ruisseau le Francès, qui, descendu des hauteurs (alt. 520m) boisées d'Espeyroux et, après un cours de 14,5km (pente : 2%) sur le Limargue, disparaît dans des galeries au contact des calcaires de la bordure NE du Causse de Gramat. Antérieurement, le cours était caussenard, en direction de Flaujac (vallée sèche avec méandres bien marqués, alt. 320-330m), puis brutalement (recoupement de la faille de Flaujac) se dirigeait vers le Célé. (Nombreux galets roulés tout le long de la vallée sèche.) Actuellement, les eaux du Françès se dirigent souterrainement vers l'W, con-fluent avec les eaux de l'Ouysse (perdues à Thémines) en amont de Flaujac, s'écoulent ensemble pour former la rivière des Vitarelles (7km) et après un long parcours inconnu, retrouvent un cours aérien à partir de la résurgence de Cabouy (Cne de Rocamadour). Nous avons là un exemple de capture du codrs aérien au profit du cours sou-terrain avec changement de bassins hydrographiques : antérieurement le Lot, actuellement la Dordogne. Jusqu'à la fin du siècle dernier, une mouline, près des pertes terminales (il reste les murs et la retenue), et un moulin (200m en amont, près d'un petit pont), utilisaient le courant d'eau du Francès (forte pente : 3%), qui était canalisé ensuite vers, respectivement, la perte du Béchou (excellente photo dans le Guide bleu du Lot, de Viré, 1907, p. 19, improprement attribuée à une perte de Thémines) et la perte de la Mouline.

CDS 46 (09/12/2013)

Géologie suite

Il en est ainsi, par exemple, pour le conduit des points 148 à 205. Au point 205, le conduit alors orienté N-S, devient NNW-SSE par passage dans les bancs oolithiques bien fissurés. Sur le diagramme, le secteur de forte fissuration est compris entre 310-3300, et correspond à la direction tectonique principale (fissures de tension parallèles à la contrainte maximum), les autres secteurs se rattachant aux cisaillements potentiels. Le rôle de la faille de Rueyres-Fons paraît primordial dans l'orientation de la fracturation compte tenu du fait qu'il n'y a pas de diaclases orthogonales à la direction de la faille de Flaujac. On pourrait songer à l'antériorité de cette dernière sur la faille de Rueyres-Fons. Mais on doit noter que le secteur 3100-3300 correspond aussi à la di-rection de la résultante des composantes des contraintes principales de ces deux failles : les couches fortement comprimées et relevées à l'E et au S ne peuvent supporter les violentes déformations imposées ce qui engendre des cassures le long des plans de cisaillement préférentiels (failles secondaires de direction plus ou moins oblique par rapport à l'axe de la faille de Flaujac), ainsi qu'une intense fracturation suivant les mêmes orientations. Les conduits des pertes de Théminettes sont donc tributaires de la fissu-ration existante orientée NW-SE, et cela jusqu'à ce que l'influence de la faille de Rueyres-Fons ne se fasse plus "sentir", au profit, alors, de la faille de Flaujac. Mais la direction générale des écoulements souterrains doit demeurer schématiquément parallèle à la faille de Flaujac, ainsi que l'on peut l'obser-ver sur les 3 derniers km de l'amont de la rivière souterraine des Vitarel-les. Il est à exclure un écoulement vers le S du fait de l'absence du diaclasage dans cette direction, et du barrage provoqué par la montée des argiles du Lias. La faille de Flaujac, dans cette portion orientale du Causse de Gramat, est bien la ligne de partage des eaux aériennes et souterraines entre les bassins de la Dordogne et du Lot.

CDS 46 (10/12/2013)

Autres entrées de ce réseau

Distance (km)Nom
0.0Hugues (Igue)
0.0Mouline (Perte de la)
0.1Béchou (Perte du)

Cavités proche

Distance (km)NomLongueur (m)Profondeur (m)
0.0Hugues (Igue)
0.0Mouline (Perte de la)
0.1Béchou (Perte du)
1.6Roumégoux (Perte de)15023
1.6Roumégoux (Émergence de)5022
2.0Négriers (Igue des)11525
3.1Roucadour (Grotte de)480
3.1Roucadour n°2 (Grotte de)256
3.3Inconnue (Igue)