Fontaine de Vaucluse (La)

Fontaine-de-Vaucluse (Vaucluse - FR)
43.917804,5.133190
Longueur 400m Profondeur 329m
Grottocenter / carte

Description

Récit de Jochen Hasenmayer (extrait du site "Plongée Sout")

BTH - 11/08/2017

Ma plongée du lundi 21 septembre 1981 était une entreprise délicate, réalisée dans des circonstances difficiles (tôt le matin, de 1h à 6h), sans contacts avec l’extérieur, sans équipe de surface, sans caisson de décompression, sans plongeurs d’assistance. J’étais seul, avec un scaphandre entièrement autonome. Quelques points de repère et épisodes de ma plongée : -18m : les eaux claires de la sorgues souterraine commencent à ce niveau, avec une visibilité de 25-30m. -30m : changement de mélange gazeux, en passant de l’oxy-azote à l’hélium-oxygène-azote. -85m : fin de la dernière corde posée par l’homme. -100-105 : le toboggan d’éboulis, constitué de pierres venues depuis la surface, s’élargit et la pente diminue. -105-110 : la pente d’éboulis est interrompue par une grande faille verticale. L’ouverture observée par le télénaute est en même temps le sommet et l’aboutissement de cette faille avec une largeur d’environ 10m pour une longueur de plus de 30m. La structure des parois verticales montre que les couches de rocher sont disposées en strates verticales. Aucun palier n’est en vue. L’éclairage hallogène de mon casque se perd dans la profondeur sombre sans révèler le moindre fond. La descente finale commence. -125 : je continue à glisser le long des murailles brun-olive. En-dessous de moi, dans la profondeur, je m’aperçois que le grand axe de la faille noyée se décale de quelques mètres vers la droite. Je devine également comme une bande étroite et claire ; doucement, je me laisse planer dans cette direction. Pour la première fois, je commence à ressentir l’effet narcotique du mélange gazeux que je respire, sous l’influence considérable de la pression d’eau au-dessus de moi. -145 : j’atteins un petit palier dans les parois qui continuent à plonger plus profond au-delà. Mon profondimètre le plus précis indique 141m, l’autre, un peu plus de 140m. Ils sont tous deux étalonnés pour le poids d’une colonne d’eau salée. Je suis donc à 145m sous le niveau de la vasque (60cm sous le niveau de la mer). Je coupe mon fil de nylon de diamètre 1,5mm et en fixe l’extrémité au seul point possible : un galet d’un diamètre de 25cm environ. Le noeud est bien fait, mais le point de fixation est faible. Au-delà du point terminal, on peut voir la faille qui se prolonge sans changer de forme, de direction ou de dimension au moins jusqu’à 170 ou 175m de profondeur. Il n’y a aucune terrasse ou palier en vue. Compte-tenu de la hauteur moyenne du conduit et également du volume du talus d’éboulis dont les pierres tombent dans la faille terminale, il est certain que la Fontaine de Vaucluse est plus profonde que 185m. Cinquante minutes après le début de ma plongée, je regagnais la cote -100m pour commencer la décompression. Après 2h30 minutes je regagne la cote -40 et connecte à cet endroit mon fil d’Ariane au vieux fil-guide (installé jusqu’à -35). Après 5h25 min de plongée, j’émerge en surface où ma femme Barbara attend Jochen Hasenmayer ; Plongée Sout : www.plongeesout.com/explorations/france/vaucluse/v….

Documents

Bibliography 24/05/2013

Histoire

- 26 et 27 mars 1878 : Nello Ottonelli , scaphandrier du port de Marseille, explore la source jusqu'à 23 mètres de profondeur. - 24 septembre 1938 : Negri , autre scaphandrier de Marseille atteint la profondeur de 30 mètres. Au cours de sa descente, il repère la barque d'Ottonelli coulée en 1878. - 27 août 1946 : J.Y. Cousteau et F.Dumas , accompagnés de G. Morandière et P.Taillez , tous membres du Groupe d'Etudes et de Recherches Sous-marines ( GERS ) poussent l'exploration jusqu'à 46 mètres de profondeur. Il s'agit des premières plongées en scaphandre autonome. - 16 août 1955 : Les plongeurs de l'Office Français de Recherches Sous-marines parviennent à 74 mètres de profondeur avec vue sur 85 mètres. Les spéléos de la Société Spéléologique de Fontaine de Vaucluse ( créée deux ans avant ) participent aux travaux. - 1967 : Le Cdt Brennot de L'OFRS immerge un appareil télécommandé depuis l'extérieur. Le Télénaute de l'institut de recherche pétrolières descendra à 106 mètres. Au cours de cette expédition , le plongeur Falco ( futur capitaine de la Calypso) réalise une plongée à 90 mètres en scaphandre autonome. L'infrastructure de surface est assurée par les spéléos de la Société Spéléologique de Fontaine de Vaucluse . - 1974 : Des plongeurs d'Angoulème réalisent une topographie jusqu'à 78 mètres de profondeur. Leur but commercial inavoué, conduit la municipalité à interdire toute plongée . - septembre octobre 1981 : C.Touloumdjian grâce aux nouveaux mélanges gazeux et la technicité de La COMEX réalise une plongée à 153 mètres de profondeur. Sans autorisation et sans autre soutien que sa femme, et quelques jours avant Touloumdjian, l'allemand Hasenmayer réalise une plongée à 140 mètres. - en 1982 : J.P. Viard , du CE de Renault , propose de construire un robot spécial. Le Sorgonaute est né. - 9 septembre 1983 : Hasenmay er revient en solitaire et plonge à 205 mètres de profondeur. - 17 septembre 1983 : Sorgonaute filme le gouffre jusqu'à 243 mètres de profondeur. Il stoppe par manque de câble. - 22 septembre 1984 : Sorgonaute II est perdu aux alentours de 233 mètres. - 1985 : la SSFV ( Société Spéléologique de Fontaine de Vaucluse ) monte une nouvelle expédition. L'opération Spélénaute 85 voit le jour grâce au soutien de la Mairie de Fontaine , du Conseil Général de Vaucluse , de la Caisse d'Épargne et de tous les bénévoles du club. Le Modexa , loué à la société M.I.C de Marseille, est mis au point et réglé dans les ateliers Mahieu de L'Isle sur Sorgue. - 2 août 1985 : le Modexa est immergé et se pose après 3 heures d'exploration sur un fond sableux par 315 mètres de profondeur. Il s'agit du terminus actuel. - 22 et 23 septembre 1986 : JP.Viard revient avec un Sorgonaute III tenter de récupérer Sorgonaute II. L'affaire tourne au cauchemar et malgré tous les efforts l'engin disparaît à son tour, laissant derrière lui 150 mètres de câble coincés dans le gouffre. - 23 août 1988 : Sorgonaute IV, engin de secours, réalise une expédition sans succès pour récupérer ses prédécesseurs. Viard arrêtera là la saga des Sorgonaute. - 9 septembre 1989 : La SSFV monte une nouvelle expédition. Il s'agit désormais de prendre l'ensemble des commandes en mains. L'opération Spélénaute 89 voit le jour grâce au soutien du Conseil Général de Vaucluse , de la Caisse d'Épargne , de la Société CMC Mahieu , de la COMEX, du Lion's club de l'Isle et de tous les bénévoles du club. Désormais le club de Fontaine de Vaucluse possède son propre engin, dédié à la source. Spélénaute réalise une belle plongée d'exploration et atteint le terminus de 1985. Son aisance lui permet de filmer nombre de détails . - 18 septembre 1993 : deuxième expédition pour le Spélénaute de la SSFV . Il s'agit désormais de topographier, d'observer finement. On réalise par la même occasion quelques images avec N.Hulot pour l'émission Ushuaia. Malgré quelques accrochages de l'ombilical , l'expédition se passe sans trop de problèmes. - du 7 septembre au 13 octobre 1996 : troisième expédition pour le Spélénaute . : la SSFV ( Société Spéléologique de Fontaine de Vaucluse ) veut poursuivre l'observation fine du gouffre et la topographie commencée en 89. Pour cela , le Spélénaute est amélioré. Malheureusement , un fil d'Ariane viendra le bloquer par 164 mètres de profondeur. La COMEX avec un deuxième robot ne pourra pas le dégager et seule une intervention humaine ( plongeurs spéléologues de FFS ) permettra de récupérer les deux engins. - mars 1998 : la SSFV ( Société Spéléologique de Fontaine de Vaucluse ) monte un dossier de prospections archéologiques. Aux records éphémères et dangereux, elle préfère la recherche scientifique dans le seul but de faire avancer la connaissance de la Fontaine de Vaucluse . - 24 au 31 août 2001: La SSFV organise des plongées de prospections avec le Spélénaute dans la zone s'étendant de 40 à 80 mètres de profondeur. L'objectif est d'observer sans risque cette portion de la cavité et de repérer d'éventuels dépôts mobiliers. Les découvertes très importantes nécessiteront de réaliser des plongées complémentaires sous l'égide de la Direction régionale de l'archéologie sous-marine (Drassm Marseille) Une mission d'évaluation est réalisée sous l'égide du Ministère de la Culture et devant l'importance des découvertes prend des mesures de protection du gouffre. -15 au 31 août 2003 : En collaboration avec le SRA , la SSFV permet la récupération d'environ 400 pièces antiques parmi lesquelles certaines sont de grande valeur. Des chercheurs de l'Université de Nice et de Paris 8 , participent à cette opération et souhaitent collaborer pour divers projets. -15 au 31 août 2004 : un deuxième chantier archéologique est mené avec le Ministère de la Culture. Il permettra de porter le nombre de pièces et d'objets à plus de mille six cents et sur une échelle de – 40 avant Jc à + 450 ap Jc. -été 2005 : Thomas Soulard de la SSFV réalise une plongée à – 125 mètres afin d'explorer le Prado ( galerie entrevue par Cousteau ) Il fait la jonction avec le grand puits et démontre ainsi que le Prado n'est qu'une galerie annexe du réseau principal. -automne 2007 Les spéléos de la SSFV pose une nouvelle échelle limnimétrique permettant de mesurer les niveaux jusqu'à -3 mètres sous le zéro. En effet une sécheresse très marquée dépasse les possibilités de mesure du Sorguomètre de 1869. Archéologie La gravure de 1683 Cette gravure est certainement la plus ancienne marque des variations de niveau dans le gouffre. Elle était initialement composée de deux parties. Il ne reste aucune trace de la deuxième partie qui daterait du 20 septembre 1683 et aurait été positionnée à gauche du figuier légendaire, marquant probablement un niveau maximal de l'ordre de 22 mètres au dessus du zéro. La première partie est constituée d'une croix byzantine qui marquait le niveau bas. Le 23 mars 1683, le niveau descendit si bas ( 21 mètres au dessous du figuier ) que le Vice Légat du Pape Nicolini, accompagné du peintre Nicolas Mignard demanda au sculpteur P.Thibault de graver cette inscription à jamais dans un rocher. « 1683 die 23 mart. Abbate Nicolino Pro Le. Aven. Quatuor palmis inferius descendit . » « le 23 mars 1683, l'abé Nicolini, prolégat d'Avignon, (l'eau) est descendue de 4 pans plus bas ». Cette inscription connue et décrite, disparaît pourtant des récits vers la fin du 19 ème siècle. Il semble assez logique que le tremblement de terre de 1907 qui détruisit une partie de Lambesc dans les Bouches du Rhône voisines ne soit pas étranger à l'affaire. Ce rocher de plusieurs dizaines de tonnes tomba dans le gouffre et gise maintenant par 15 mètres de fond. Il a été re-découvert par R.Lepennec plongeur spéléo jurassien. Sa position à l'envers et inclinée vers le bas l'a préservée parfaitement des chutes de pierres. La croix reste très lisible aujourd'hui encore. La Barque La Fontaine de Vaucluse a aussi son épave. Allongée par 25 mètres de profondeur sur le côté gauche de la salle qui porte son nom, une barque métallique de près de 5 mètres de long repose dans le noir. Elle gît à moitié ensevelie sous des blocs énormes et l'équilibre de l'ensemble est incroyable. Un jour ou l'autre, il est certain qu'elle partira vers le fond, effaçant ainsi les dernières traces du passage d'Ottonelli. Il semble qu'elle ait été perdue ou abandonnée à la fin de la plongée du marseillais Ottonelli. C'est en 1878 que le scaphandrier s'aventura jusqu'à cette profondeur, ce qui constitue un exploit extraordinaire. Cette première expédition dans la Fontaine de Vaucluse fut organisée par le syndicat du canal de Vaucluse sur l'impulsion de l'ingénieur en chef Marius Bouvier. Il faut se souvenir qu'à cette époque, les scaphandriers marchaient grâce à de lourds souliers de plomb car il leur fallait tenir droit. On les appelle aujourd'hui encore les pieds lourds. L'air était injecté dans un casque depuis la surface grâce à des pompes qui devaient tourner en permanence et une corde de sécurité maintenait un contact aussi direct que possible avec le scaphandrier. La salle de la barque n'est pas à l'aplomb de la sortie et on imagine que son embarcation de soutien devait le suivre difficilement depuis la surface de a vasque. A la lecture de son récit on se demande si Ottonelli a parcouru la galerie abrupte que nous connaissons aujourd'hui. Certainement pas et il faut là aussi rapprocher cette supposition de l'affaire de la gravure disparue. Il raconte ainsi s'être avancé pratiquement jusqu'au seuil où repose actuellement la barque puis voyant le noir impénétrable devant lui l'aurait sondé à l'aide d'un boulet accroché à une corde. Le « tombant » fait une dizaine de mètres et il a été très prudent de ne pas s'y aventurer. En revanche il aurait pu voir dans la lueur de son faible éclairage le gisement de pièces antiques de chaque côté de lui. En tant que pionnier de la recherche subaquatique dans la Source il mérite un hommage appuyé. Le Trésor Les légendes ne manquent pas et la part de rêves qu'elles amènent est souvent un puissant moteur de la motivation. Dans ce site légendaire, tout est à la mesure de cette source, c'est à dire que tout y est finalement démesuré. S'il est bien une légende qui travaille encore plus l'imaginaire que les autres, c'est celle qui évoque l'existence d'un trésor. Les plongeurs de la Société spéléologique de Fontaine de Vaucluse, ne sont pas des chasseurs de trésor mais le rêve n'est jamais interdit. En 2001, lors de plongées de prospection, deux d'entre eux Roland PASTOR et Thomas SOULARD, découvrent un important gisement de pièces antiques. Elles s'étalent du I° siècle avant JC au V siècle de notre ère. Des centaines de pièces de bronze et parmi elles, de belles pièces d'argent et d'or. L'or ! Ce mot si évocateur suffit à imaginer la joie immense des découvreurs. Rien que cet aspect de la découverte doit nous montrer à quel point la Source, cette Source était vénérée par nos ancêtres et mérite d'ailleurs toujours de l'être. Les déclarations légales faites, le site fut classé site archéologique et incite à un respect particulier . Le chantier de fouilles nécessita le travail de douze plongeurs pendant près de trois semaines étalées sur deux années C'est au rythme de deux plongées par jour pour chaque personne, que les plongeurs bénévoles ont travaillé sous la direction du Drassm (Y.Billaud). Des photographies, des mesures, des moulages ont précédé la précieuse récupération . Avec la Commune, nous souhaitons vivement que le Trésor soit exposé à Fontaine de Vaucluse, au sein même de ce lieu de légende. Le trésor existait donc bel et bien ! Il était là, depuis longtemps sous nos yeux, caché dans les replis de ce gouffre immense. Jusqu'alors, les plongées avaient eu pour but de comprendre le phénomène, le fonctionnement de ce système karstique et surtout de trouver une suite au réseau. Le siècle précédent était tout entier tourné vers le triomphe de la technique. Le nouveau sera peut être lui plus centré sur l'Homme, la compréhension de ses origines et de ses racines, de ses pratiques cultuellesPlongée Sout : www.plongeesout.com/sites/provence/vaucluse/vauclu…. BTH - 11/08/2017

Commentaires

Chemin d'accès fermé pour risque d'éboulement depuis le jeudi 28 mars 2024

Voir: france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cot…

BTH (29/03/2024)

Cavités proche

Distance (km)NomLongueur (m)Profondeur (m)
0.7Pin (Aven du)155
3.1Piei (Grotte-mine du)20030
3.9Pouraque (Aven de la) [Pourraque]1515
12.1Thouzon (Grotte de) [Grotte aux Fées]230
13.2Mignonette (Grotte de la)154
18.3Aubagne (Aven d')00
18.6Rabasse (Aven de la)200142
18.8Toumple (Le) [Le Tomple] [Aven de Javon]87
19.7Redony (Aven de) [Aven de la Carrière]60