Cuzals n°1 (Igue de)
44.531562,1.710483
Location
D'Orniac, prendre la petite route goudronnée qui mène tout droit à Bourlandes. Prendre ensuite la D.40 à gauche et la suivre jusqu'à la première petite route à droite. La prendre. Au croisement, tourner à nouveau à droite. Suivre cette route qui va en direction de Sauliac sur Célé, sur environ 3,2 km. Repérer sur la droite un chemin blanc qui va à un lieu dénommé " Les 4 chemins ". Laisser la voiture et s'engager dans le chemin de gauche. Le parcourir sur 300 m environ. Franchir le muret de droite, puis descendre dans la végétation sur 150 m environ. Il n'y a ni chemin, ni repère. Assez difficile à trouver.
Description
Le Gaz
Il faut en parler car il représente l'inconvénient majeur dans l'exploration de l'Igue de Cuzals. A cause de lui, il nous a fallu six années et 19 sorties pour arriver péniblement aux environs de - 100 m.. Bien sûr, certaines années n'ont comporté qu' une seule sortie ou pas du tout, mais là aussi le CO 2 est respon-sable. Nous avions possibilité de première relativement facile, mais le courage nous manquait et nous différions notre exploration. Le pourcentage de CO 2 n'est pourtant pas très élevé (nous n'avons jamais enregistré au dessus de 3 % au compteur Draeger), mais la cavité est de parcours malaisé. Les parties hori-zontales sont à peu près inexistantes mais, par contre, les étroi-tures, les traversées et les passages délicats ne manquent pas. De ce fait, l'effort, musculaire est important, sans parler des cas où nous sommes chargés d'un et parfois même de deux kits (équipement-déséquipement). Il y a pourtant une remarque que nous pouvons faire et qui, à nos yeux, est importante. Nous sommes deux à con-naître parfaitement la cavité (D.Salgues - J.Magdelaine), et nous sommes habitués à la parcourir. Dans les cavités à gaz carbonique, nous pensons que c'est un atout de premier ordre. Nous avons sou-vent invité des collègues à participer aux expéditions. Nous nous sommes rendus compte que malgré nos encouragements et nos conseils pour franchir certains obstacles, ceux-ci étaient anxieux et mal-habiles. Il est évident que le gaz ne plait à personne; mais il est possible que certains spéléos puissent, à force de fréquenter ce genre de cavités, s'y habituer. Malgré cela, nous avons eu parfois maille à partir avec lui, J.Magdelaine surtout, et à plusieurs reprises. Par exemple lors de la sortie du 26 Janvier 80: afin de rejoindre ses camarades rapidement, il voulut progresser de - 65 à - 15, de façon normale...Arrivé au sommet du P 5, au moment de franchir la traversée, il se trouva au bord de l'asphyxie et il lui fallut faire vraiment appel à tout son sang froid pour ne pas céder à la panique, fatale dans ce genre de situation , pour régulariser peu à peu sa respiration. Ce style d'incidents pouvant être parfois dramatique, nous amène à citer ce que nous avons pu ressentir lors de certaines sorties dans les Igues de Cuzals : * En tout premier lieu, même avec un pourcentage de gaz parfois insignifiant, c'est l'essoufflement persistant. Le rythme respiratoire est considérablement augmenté, surtout au cours d'efforts violents. * Ce premier trouble en crée généralement un second qui est d'ordre psychologique : c'est l'anxiété. Elle va par-fois grandissante suivant les sujets, la teneur en CO 2 et le fait que l'on s'éloigne,au fur et à mesure de la progression, de l'air libre. C'est un peu le phénomène de claustrophobie. * Une antre sensltion. bizarre celle-ci, est le goût de réglisse que l'on ressent dans la bouche, lorsque nous respirons à pleins poumons dans une nappe à teneur assez élevée en CO 2. * La sensation précédente n'est rien, comparée aux maux de tête tenaces et très douloureux que l'on contracte après une période,de plusieurs heures (généralement au-delà de 6 h à l'Igue de Cuzals). Passé ce laps de temps, des maux nouveaux appal-raissent avec plus ou moins de régularité. Le plus à craindre est le manque d'attention dans la progression. Exemples : oubli de se' longer sur une main courante, oubli de refermer la gachette du bloqueur dans un puits, etc...) * Un autre phénomène, certainement le plus ir-régulier et le plus long à se déclencher, est d'ordre visuel. D'une part, nous avons constaté que notre champ visuel avait ten-dance a se rétrécir et, d'autre part, les couleurs devenaient certaines plus vives, d'autres plus ternes. Cette métamorphose peut durer plusieurs heures après la fin de l'exploration. Voilà, en résumé, ce que nous avons pu constater en fréquentant ce genre de cavités. A partir de là, et afin de pa-lier ces inconvénients dont certains sont dangereux, nous avons tiré quelques idées d'après nos expériences personelles. Nous vou-lons les transmettre à ceux qui, comme nous veulent explorer ces cavités spéciales du fait de leur atmosphère riche en CO 2. - En premier lieu, et c'est certainement un des points les plus importants, il faut absolument apprendre à bien connaître la cavité avant d'entreprendre tous travaux nouveaux. Ceci est impératif à notre avis. On peut ainsi éviter des accidents très difficiles à secourir et. c'est autant de chances de succès pour les travaux envisagés. - En ce qui concerne la progression, il faut se hâter lentement. Régulariser le plus possible sa respiration. Elle ne doit plus itre instinctive, mais dirigée. Eviter tous mouvements inutiles. - Ensuite, lorsque l'on connait bien la grotte et les ef-fets du CO 2, on doit se fixer une durée de temps d'exploration: on évite ainsi certains désagréments qui surviennent inopiné'ment si-l'on dépasse cette limite de temps. - De -plus, il est important de ne pas stationner dans les parties de la cavité où il existe du remplissage et des racines. En CP qui nous concerne, c'est dans ces lieux où nci,E avons enre-gistré les plus importants pourcentages de CO 2. - En vue de travaux de longue haleine, chaque passage délicat ou difficile doit être aménagé ou équipé de façon à ce qu'il puisse être franchi avec le minimum d'efforts. - Si les travaux envisagés sont importants, il est alors nécessaire de laisser le trou équipé en permanence. - Lorsqu'il s'agit d'une exploration, il faut absolument redoubler de vigilence et de prudence. On peut pénétrer sans s'en apercevoir dans une nappe de CO 2. En première, l'équipement est inexistant, les mouvements désordonnés; l'essoufflement intervient rapidement. Si le CO 2 est en pourcentage élevé, l'accident est possible et imprévisible. - En fin d'exploration, lorsqu'on a passé de nombreuses heures dans une cavité à CO 2, la fatigue intervient rapidement. Le désir de regagner la sortie devient impératif. Il peut être tel que, pour gagner quelques minutes, un relâchement dans la sécurité peut intervenir. Quelquefois, cela se traduira également par un manque d'attention manifeste. - Comme le disent presque tous les explorateurs de cavités à CO 2, nous conseillons comme mode d'éclairage l'éclairage élec-trique. En ce qui nous concerne, nous sommes revenus malgré tout à l'éclairage à acétylène et ceci pour deux raisons : La première est que, incontestablement l'éclairage est bien meilleur, même si la flamme est très jaune et fumeuse. La seconde est que contrairement à l'éclairage électrique qui est froid et impersonnel, cette petite flamme réchauffe et rassure. Au niveau difficultés respiratoires, elles restent les mêmes.
L'Igue de Uuzals se- compose de deux parties distinctes que nous avons dé-nommées : a) Le réseau Fossile - h) Le nouveau réseau. Nous avons considéré comme verrou pour les séparer, l'étroiture verticale située au bas du toboggan', entre -15 et -17. a) Le réseau Fossile Il débute par un gouffre d'effondrement peu profond et donnant accès à trois départs de galerie. Le premier, après une sévère étroiture, donne aunàun éboulis. Obstruction complète chircanduit. Lé second, après avoir franchi un muret de pierres sèches, donne dans une assez jolie salle. Aucune suite intéressante. Le troisième démarre par une chatière coudée de quelques mètres aboutissant à un ressaut en profondeur. La galerie se poursuit par une diaclase haute (5m par endroits) mais peu large ( ,60 à lm). Sur la gauche, le Plancher fléchit et c'est le premier toboggan, de bonne pente, calcité. A sa base, on 6st environ à -15. D là part une jolie galerie spacieuse par endroits dont les parois sont entiè-rement tapissées de concrét0ns en choux fleurs. Mais elle s'arrête sur rétrécissement et obstruction. mi revenant à la base du toboggan, sur la gauche, on découvre un court boyau pentu qui donne accès dans un étroit méandre. u'est la fameuse étrélilure vrticale et la fin du réseau fossile. b) Le nouveau réseau : L'étroiture verticale aboutit sur un plancher stalagmitique suspendu. La galerie devient un peu plus spacieuse (L- : 1 à 2m, : 2 à 3m) et est à peu près horizontale sur quelques mètres. Au-dessous du plancher, une diaclase étroite orientée de la même façon se dirige vers le premier P20. Ce puits, relativement vaste, presque vertical donne accès après une étroiture à un enchevêtrement de diaclases. Ce lieu est à -39, par rapport à la surface. En remontant, à mi-puits, sur la gauche, on retrouve le méandre bien marqué nu plafond, très plongeant. il amène, au bout de quelques mètres au so vet du r5. La base de ce puits est torturée. On y remarque des fissures profondes qui doivent rejoindre le gouffre un peu plus bas. En face du puits, il y a le second toboLi.n, très argileux qui remonte plus haut eue le sommet du P5 ; fait suite le second P20, (1.8,.5 mesuré), pentu. '1'n son milieu eiste une étroiture qui aboutit è le. base du P5. Avant l'étroiture qui amène à la base du P20, on raverse une courte diaclase orientée è O° et oui est certainement en relation avec les fis-sures de la base du P5,. • Après l'étr iture base du P20, il y a deux galeries. Celle de gauche remonte sur une dizaine de mètres et tourne à droite en se rétrécissant. Celle de droite amène au Grand Puits (ou P 40 qui se décompose ainsi : P 6 très pentu, P 5 à suivre, P 22 plein de gaz, P 7 étroit). Au sommet du grand puits, sur la gauche existe une jolie diaclase de quelques mètres qui devient rapidement très étroite. Au bas du P 5, on trouve deux pla-tes - formes succéssives, spacieuses (0 2 m). De là, une remontée de 5 mètres amène à une autre galerie ayant la même configuration que les précédentes avec un méandre de plancher admirable. Un puits ascendant de 6 m fait suite à cette courte galerie. Des plates-for-mes débute le P 22, rigoureusement vertical et très érodé. A cet endroit le puits a un diamètre moyen de 4 mètres. A sa base, une ' succéssion de ressauts étroits forme le P 7. La base de ce P 7 est. un formidable éboulis constitué de rochers de toutes dimensions. De là se poursuit une courte galerie très argileuse obstruée de toutes parts. RENSEIGNEMENTS TOPOGRAPHIQUES : Dates de topographie : 8/12/79. 23/02/79. 26 et 27/04/80. Développement topographique : 286 m.
Hydrologie - Géologie
L'Igue de Cuzals s'ouvre dans les reliefs karsti-fiés des Causses Jurassiques moyens supérieurs ( Aalénien à Kimméridgien inférieur), dans une zone très faillée où l'on a dénombré et exploré une douzaine de cavités de plus ou moins grande importance. La présence de plusieurs émergences dont certaines très importantes : Pescalerie, Roc Troucat, Papetier, Anglanat, La Mei.- lie, etc..., nous a donné à penser que les cavités s'ouvrant dans cette zone pouvaient avoir un rapport plus ou moins direct avec une ou plusi-eurs de ces émergences. Généralement, dans ces reliefs karstifiés, les igues sont peu profondes et leur remplissage important. L'Igue de Cuzals est la seule actuellement avoi-sinant les 100 mètres de profondeur par l'exploration directe, d'où l'intérêt que l'on doit lui porter. De plus, il existe dans l'igue, une circulation interne plus ou moins importante suivant les précipitations extérieures. Nous pensons même après l'exploration du 24 Février 1980 que nous pourrons tenter,lors de la prochaine campagne, une coloration au bas du grand Puits. Il est probable que l'igue de Cuzals est un afflu-ent d'un des importants collecteurs qui drainent cette partie du massif. La coloration confirmera probablement ces hypothèses. Et lorsque, avec un schéma simple, on voit où se situe la base du grand puits, nous avons bien quelques chances de colorer le collecteur lui-même. Sur la carte ci-contre, nous relions en ligne droite quelques émergences parmi les plus importantes et qui sont su-céptibles d'être en relation avec l'Igue de Cuzals. De plus, nous fai-sons apparaître les vallées sèches sillonnant cette pa/tie du causse qui peuvent être en définitif le reflet des circulations sous-jacentes. (Collecteurs). On voit ainsi que le ruisselet temporaire de l'igue peut se diriger dans une vaste zone comprise entre la Merlie et la Pescalerie. Nous pourrions pencher, aux vues de ce dessin, pour le Papetier, Roc Troucat ou même Anglanat, mais faut-il rechercher ici la solution de facilité ? Si l'on réfléchit sur les altitudes, on voit qu'actuellement le fond du grand puits se situe à 174 m et de ce fait, une circulation temporaire peut aisément se diriger vers la vallée du Célé, mais dans n'importe quelle(s) direction(s) au hasard des pendages et de la fracturation profonde. Elle peut tout aussi bien passer sous le ruisseau de Bourlandes qui, 1 km avant d'atteindre le Célé est à une altitude de 199 m. En ce qui concerne la cavité elle-même et sa formation, nous pouvons penser qu'elle s'est creusée d'abord selon le processus habituel, à savoir : conduite forcée, aboutissement dans un système de diaclases compliqué. L'igue, devenue fossile, un important rem-plissage s'effectua : argile et concrétionnement. De plus, pen,-ant cette période, .AnE- faune très diversifiée a pu évoluer sur le maEsif. A la suite le rela, la cavité est redevenue active (nombreux témfins de cette re-activité : planchers stalagmitiques suspendus, zone de remplissage argileux nettoyé ou déplacé, transport de nombreux ossements rlime importants que l'on re-trouve un peu partout jusque dans les puits. Actuellement, om peut considérer la cavité comme à nouveau fossile malgré qu'il y ait une circulation d'eau lors de fortes précipitations (ex : journée du 24/02/80, où nous avons évalué à 1 l/s le ruisselet qui converge veis le grand puits). A sa base, elle conflue avec un autre ruisselet issu, lui, d'une lucarne située dâns la paroi, et, pour finir, l'eau passe à travers les gros blocs qui for-ment l'éboulis terminal. A noter que cet éboulis est peu à peu "aspiré" par le fond comme l'attestent les traces très visibles laissées sur les parois. L'érosion en est donc à son stade le plus minime alors que la corrosion est intense. La calcite est attaquée mais ce n'est rien comparé à la roche elle-même. Elle est déchiquetée mème sous le concrétionnement et celui-ci tomb peu à peu par plaques entières (base du P 5). Au niveau du grand Puits, très humide, la dsn-grégation de la roche atteint son paroxysme. Le puits est très instable sur toute sa hauteur. La roche est taraudée, torturée dans ses moindres recoins. Les chutes de pierres sont nombreuses, mêwe sans notre aide. Nous avons été les témoins de ce phénomène alors que nous atteignions la plate-forme dari.. le grand puits. Un vacarme inopiné nous a laisse" comme paralysés et sans voix durant quelques secondes. Aplq's nous avons compris qu'un bloc venait de se détacher au dessous .ÏE-› noes et partir dans le vide, rejoindre l'élocLlis à la base du grand puits. L'eau qui rii-selle sur les parois semble plus corrosive que dans les autres cavités. Probablement, on peut attribuer ce fait au CO 2 qui circule dans l'igue; mais que penser lorsque la corrosion attaque des zones sèches et qu'elle dissout la roche derrière le concrétionnement ?... L'air ambiant, chargé de gaz carbonique est-il lui-même corrosif ?...
Documents
cuzals1 01/03/2014Cuzals1 Plan 01/03/2014
Bibliography 06/03/2014
- BOREL C. et LEMAIRE C. Bulletin N°5 du C.D.S.Lot, p.71,72,73. DAYMA S. Le Gouffre Pégaze . Pulletin N°1 du C.D.S.Lot. CHIROSSEL C. Du nouveau sur le CO 2. Spélunca 1967, p.225, GAIA R. C. D'echantillonnage et d'analyse d'atmosphère au puits de Plance. Spélunca 1967, p.227. SAUMANDE P. Toxicité du gaz carbonique. Spélunca 1968/3, p.47. SAUMANDE P. Toujours à propos du gaz carbonique. Spélunca 1969
History
Nous n'avons pas été les premiers à pénétrer dans l'Igue de Cuzals. Malgré son éloignement et son repérage dif-ficile, la partie supérieure de la cavité semblait bien connue. Elle a même été visitée par des vandales qui n'ont pas hésité à casser et saccager de belles concrétions. Draperies, colonnes, sta-lagmites pourtant massives, gisent à terre, au bas du toboggan, cassées certainement à la masse. Il est possible aussi que la partie supérieure fut explorée par une équipe du G.S.Q. (Astruc - Maury - etc...), il y a une trentaine d'années. Nous n'avons trouvé aucun graffiti pouvant nous donner quelques indications sur les inventeurs de la caverne comme ce fut le cas à l'Igue de Cuzals n°2 où nous avons redécouvert presque à trente ans d'intervalle, une merveilleuse salle entièrement concrétionnée. Après son exploration, l'accès en avait été soigneusement refermé par les inventeurs eux-mêmes. Sur un coin de paroi, nous avons retrouvé leurs noms et la date de leur exploration. L'exploration de l'Igue de Cuzals a été longue, quelquefois fastidieuse et aussi riche en rebondissements. Parfois, rarement, nous y avons cru; mais le plus souvent, nous sommes reve-nus à l'Igue afin'd'en terminer une fois pour toute. Nous pensons, afin de bien saisir notre désir 43[err finir, qu'il est utile de relater en son entier, l'histoire de l'ex-ploration de l'Igue de Cuzals. Histoire qui n'est d'ailleurs pas' terminée, mais le sera-t-elle réellement un jour ?... Elle commence en Novembre 1974, lorsque Monsieur. Jeanneot Bouyssou, agriculteur, amène Daniel Salgues et Jean-Jacques Méric à l'entrée de l'igue. C'est manifestement un gouffre d'éfron,- drement peu profond, tapissé de ronces et d'arbustes épineux. D.Salgues et J.J.Méric descendent à l'aide d'une échelle dans le fond et visitent ainsi deux galeries: * L'une donnant dans une belle salle concrétionnée par endroits mais sans suite apparente. * L'autre se terminant rapidement sur un éboulis. En faisant le tour de la base de l'igue, ils dé-couvrent, derrière un roncier, un troisième orifice. C'est une an-cienne conduite forcée, assez étroite. Après une courte reptation, ils prennent pied dans une diaclase très concrétionnée où stagne une importante nappe de CO2. •e" Ils parcourent rapidement la galerie, descendent un toboggan calcifié, prennent pied dans un autre couloir, toujours très concrétionné et repèrent un méandr infranchissable qui semble pourtant prométeur...11 leur semble même déceler un courant d'air... Le ler Mai 1q77, une rapide visite de la grotte nous permet (D.Salgues et J.Magdelaine), de confirmer qu'effective-ment un courant ,Pair r'ès sensible parcnnrt la cavité. Surtout au niveau du méandre très étroit. On découvre également, en bas du toboggan et avant le cp4an(ire,. une luantité incroyable d'os éparpil-lés sur le se]. Nous faisons quelques prélèvements des plus remar-quables afin de les Lransmettnp à Monsieur Déhennath, chargé de re-cherches au C.U.R.S. Le 21 Mai, nous entreprenons une tentative de dé-sobstruction du méandre. Le fait qu'il existe un cran de descente derrière et surtout le courant d'air nous incitent à essayer d'éti-miner l'obstacle. Nous n'y arrivons que partiellement mais du fait des petites tailles des d'eux jeunes qui nous accompagnent ce jour là, Lis peuvent s'insinuer dans le passage et le franchir. Après une courte désescalade et une progression de quelques pas sur un plancher stalagoitique, ils s'arrêtent tous deux au sommet d'un double puits dont iis estiment la profondeur à 20 m !... Le 24 Septembre, nous revenons à la charge (D. Salgues et J.Magdelaine) avec une barre à mine fabriquée spécia-lement pour agrandir encore le passage. Au bout de quelques heu-res, l'étroiture a meilleure figure, mais seul D.Salgues arrive à la vaincre. Il reconnait le parcours effectué par les deux jeu-nes et confirme la présence d'un puits vertical d'une vingtaine de mètres. Le 29 Octobre, D.Salgues et J.P.Souques équipent le puits découvert en Mai. J.Magdelaine ne passe toujours pas et fignole au têtu, de la main gauche, afin de réduire une préominen-ce qui est placée à hauteur du thorax. Pendant ce temps, D.Salgues descend le P 20 et découvre un système de diaclases au fond. Mais la teneur en gaz carbonique parait nettement plus importante que dans le reste de la cavité et il préfère remonter. A mi-puits, sur la gauche, il découvre un méandre plongeant, peut-être accéssible, en effectuant une traversée du puits. Le 3 Novembre, nouvelle tentative afin de pousser plus loin l'exploration. Cette fois-ci, D.Salgues délaisse le fond du puits (P 20) et équipe de façon à atteindre le méandre; il le parcourt en opposition et découvre, au bout de celui-ci, un P 5 donnant dans une petite salle. Pendant ce temps, J.Magdelaine ter-mine l'élargissement de l'étroiture. Le 7 Mai 1978, c'est la grosse expédition. D'ab-ord nous sommes nombreux (D.Salgues, J.Magdelaine, J.P.Souques et J.P.Guardia) et outillés : nous avons avec nous une petite bouteille d'air afin de palier les difficultés respiratoires, occasionnées par le CO 2 qui est partout avec plus ou moins de concentration. De plus, du fait du parcours sportif de l'igue, et n'étant pas habi-tués aux cavités à gaz, nous nous essoufflons rapidement. Malgré tout, le point noir de la cavité (l'étroi-ture de - 15) n'est plus qu'une formalité puisque tout le monde passe; juste, mais passe. Le P 5 découvert le 3 Novembre est équipé et descendu. Ensuite, on découvre un toboggan argileux très incliné qu'il faut escalader. A son sommet, la galerie tourne à 1800 et c'est un nouveau puits. Nous l'équipons et D.Salgues le descend sur 10 m car nous n'avons plus d'agrès. Il pense que le puits continue sur 7-8 m encore mais semble se terminer en cul-de-sac. Nous sommes à la fois contents et déçus. Nous commencions à y croire. Le moral baisse d'un cran. Enfin, il faudra revenir pour voir le fond. Nous revenons effectivement (D.Salgues, J.Magde-laine, B.Blon), mais seulement le 17 Avril 1979;presqu'un an après, pour aller s'assurer que le fond est bien à l'endroit où D.Salgues l'a vu. Il descend cette fois le puits entier. A la base de celui-ci, un peu sur la droite, une étroiture verticale apparait. Elle est agrandie à grands coups de marteau et l'on dégage ainsi un ressaut de 5 m. A sa base, les proportions changent brusquement. L'endroit est subitement plus vaste. A gauche, une galerie de gros calibre remonte. En face, une courte galerie arrive au sommet d'un grand puits, le plus grand de tous. Evidemment, nous n'avions pas prévu de matériel... Alors. le 18 Avril, nous sommes de nouveau à l'Igue de Cuzals, enrourae4 pur la deoouvort de la vcillc. C'est ce jour là qu'il nous arrive un premier incident :D.Salgues fait une chute de 7 m dans le P 20, celui situé aussitôt au dessus du grand puits. Il a très mal au genou et à une main, mais, coup de chance, il ne semble rien avoir de oassé. Malgré cela, il décide de continuer. Nous nous retrouvons donc tous les trois au sommet du nouveau puits, J.Magdelaine l'équipe avec la dernière corde qui nous reste : 25 m, et plane deux échelles de 10 m. Il en emporte deux autres avec lui. Au bout de quelques mètres, le puits devient absolument vertical. Les 25 m sont rapidement descendus et la cordé est trop courte. J.Magdelaine décide de la quitter et de continuer sur les échelles. Le dernier barreau de la quatrième échelle ne touche pas le fond, mais celui-ci n'est pas loin. Le puits mesure donc environ 40 m. Ce nouveau cran de descente nous amène donc aux alentours de -100. Sur cette zone, c'est manifestement l'igue la" plus profonde. La base du P 40 est encombrée d'éboulis, mais la cavité ne semble pas pour autant se terminer. Une galerie remontan-te part vers l'inconnu. J.Magdelaine la parcourt sur quelques mè-tres et décide de remonter. D.Salgues, accidenté, doit se refroidit. considérablement. En effet, celui-ci claque des dents, son genou est enflé et le retour est un calvaire, avec l'argile, le gaz nos éclairages électriques quelque peu défaillants... A cause du CO 2, nous n'utilisons pas l'acetylène. Le 20 Avril nous revenons à la charge avec du renfort. ( les mêmes que le 18 + J.P.Souclues et J.P.Guardin). Nous voulons déséquiper complètement la cavite et il y a bien 5 kits pleins à sortir. Mais cette journée sera fertile en évènements. D'abord, il semble que le pourcentage de CO 2 soif en légèr,-, n;17- mentation. Résultat : arrivés au sommet du premier Dujts. P.F1ç,n est malade; il ressort donc. Quelques instants plus tard. c'est J.P.Souques qui, à son tour, est pris de malaises. Il faut égale-ment le faire sortir. Malgré tout, la progression continue et D. Saleues décide de descendre le P 40. De toute façon, il faut y aller car les échelles sont accrochées en bas. A mi-puits. P-Saleues tnm-be en panne d'éclairage. J.Magdelaine vient lui porter SPCCUPS. alors que J.P.Guardia attend au sommet du P 40 c iJ. a très fr.-td. D. Saignes, parvenu au bas du grand puits, examine atteniveme:n7 les lieux et pense que la suite se trouve sous les gros biens éffondrés à la base. Il remonte en déséquipart car les échelles s'accrochent partout. Puis le déséquipement s'éffectue lentement. et péni!slement car nous ne sommes que trois avec deux kits chacun, le On 2 plus présent que jamais, l'argile collante, l'humidité, le froid et :a multiplicité de passages délicats. Enfin, nous arrivons h de l'étroiture. A cet endroit, nous évoluons sur un p7;tircher z4q1agmi-tique. fragile par endroit. J.Magdelaine a l'occasion de le conÉir-mer : alors qu'il franchissait le passage. lourdement chargé, le plancher cède sous son pied. C'est la chute! Il se retrouve trois mètres plus bas, sur un palier argileux dominant un ressaut de 4m!... Heureusement, plus de peur que de mal. Il s'en tire avec le visage égratigné et des contusions. Le 20 Mai, D.Salgues, J.P.Guardia et J.P.Sou9ues reviennent à l'Igue afin de récuperer le peu de matériel qui etait resté là à la suite de la chute de J.Magdelaine. Ils en profitent pour regarder de plus près le bas du premier P 20, descendu une seule fois par D.Salgues le 29 Octobre 1977. Ils découvrent que les diaclases situées au fond, continuent dans plusieurs directions. Le 8 Décembre 1979, nous revenons à l'Igue afin de commencer la topôgraphie.(J.Magdelaine, D.Salgues, C.Chabert du S.C.Paris). Nous topographions toute la partie supérieure et même jusqu'à - 15, niveau de l'étroiture. Le 26 Janvier 1980, B.Blon, J.Magdelaine, D.Salgiles descendent dans l'Igue avec 7 kits au total, afin d'équiper la cavité jusqu'à son terminus connu, c'est-à-dire -100 environ. La progression est lente, l'équipement laborieux; mais,riches des enseignements passés, nous équipons chaque passage délicat. C'est ainsi que de -15 a - 100, on ne quitte plus la corde. Le 23 Février, nous sommes quatre à l'Igue de Cu-zals. J.Magdelaine, D.Salgues, C.Chabert qui y prend goût, il est vrai que ça le change des cavités mexicaines, et T.Salgues. C.Chabert et T.Salgues n'aiment pas la configuration de l'étroiture de -15 et décident de l'agrandir. D.Salgues et J.Magdelaine descen-dent dans le P 40 jusqu'à une plate-forme spacieuse et réussissent, grâce à un grappin, à atteindre une lucarne entrevue dans la paroi. Une remontée de 5 m les amène sur un marche-pied peu spacieux d'où il envisagent une traversée aux spits au dessus du puits qui devrait les mener à une belle galerie découverte en face. Au retour, ils agrandissent une étroiture située dans le P 20 et se retrouvent ainsi à la base du P 5. Economie de souffle!... Le 24 Février, les 4 ini?:mes de la veille amènent la topographie jusqu'à - 65 m, c'est-à-dire jusqu'à la plate-forme spacieuse située dans le P 40. De là, et pour la première fois, ils perçoivent un grondement sourd venant d'en bas. Bien sûr, nous pen-sons à la rivière, mais d'après nos calculs, nous n'y sommes pas encore et de toutes façons, elle ne peut être que sous les blocs à la base du grand puits. Le 22 Mars, D.Salgues et J.Magdelaine parachèvent l'équipement du P 40 et le descendent. Plus de grondement... Il est vrai que les crues se sont un peu calmées. Ils tentent une désob-struction de la base du puits. La masse de blocs et de pierrailles accumulée ici est plus importante qu'on ne pourrait le penser. D.Salgues tente une escalade, qui, après un court laminoir, le ramène dans le puits. J.Magdelaine repère, en pleine paroi, une arrivée d'eau où il peut engager la tête. Derrière, ça a l'air d'être un peu plus grand. Pas de marteau à portée de la main. Le moral baisse d'un cran. Au retour, ils reperent un puits parallèle de faible lar-geur, mais de 7 à 8 m de profondeur. Shuntent-ils l'éboulis du grand puits ?... Le 23 Mars, les deux mmes décident de tenter la traversée qui devrait leur permettre d'explorer la galerie vue le 23 Février. A la deuxième tentative, D.Salgues réussit à prendre pied dans cette nouvelle galerie comportant un méandre de plancher magnifique. Celle-ci remonte et Fi se heurte bientôt à un beau puits ascendant en cloche, inéscaladable. Au-dessus : un trou noir; s'agit-il d'un réseau parallèle avec le grand puits comme collec-teur?... Le 26 Avril, D.Salgues, J.Magdelaine et C.ChabeTt sont à l'Igue de Cuzals afin d'équiper le premier P 20, d'explorer les diaclases entrevues à sa base et d'en lever la topographie. Une vingtaine de mètres de galeries vierges sont ainsi parcourues, mais le fait le plus marquant est le reperage d'un nouveau puits estimé, au son, à 7 ou 8 mètres de profondeur. L'exploration ne pourra être faite qu'après désobstruction. Le 27 Avril, les mêmes + C.Ussel terminent la topo du grand puits. Au retour, le puits parallèle est exploré : 7m. Arrêt sur conduit impènétrable. Puis c'est la remontée et le désé-quipement de la cavité. Celle-ci était équipée depuis le 26 Janvier dernier. Au total, nous ressortons 7 kits. L'Igue est entièrement déséquipée et la campagne à l'Igue de Cuzals terminée. L'exploration ne l'est pas pour autant et nous la poursuivrons lors d'une prochai-ne période. Nous sommes certains que nous aboutirons, mais quand ? Combien de fois faudra-t-il que nous revenions à l'Igue ?... L'anxiété sera-t-elle toujours aussi présente ? S'éffacera-t-elle lorsque, enfin, malgré les incidents toujours présents à chaque sortie, nous pataugerons dans la rivière ?...
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Caves nearby
Distance (km) | Name | Length (m) | Depth (m) |
---|---|---|---|
1.5 | Papetier (Grotte-émergence du) | 150 | 23 |
1.7 | Anglanac (Grotte-émergence d') [Grotte-émergence d'Anglanat] | 815 | 48 |
1.9 | Anglanac (Fontaine d') [Fontaine d'Anglanat] | ||
2.3 | Pouline (Grotte-émergence de la) | ||
2.5 | Géniez (Igue de) | 300 | 82 |
2.7 | Liauzu Bas (Igue de) | ||
2.8 | Lamerlie (Émergence de) | 17 | |
3.4 | Racine (Grotte de la) | ||
3.4 | Pescalerie (Fontaine de la) |
Conseils pour la visite de la grotte
Noue pensons, dans le cas présent, qu'il est utile de donner quelques renseignements complémentaires au cas où quelques spéléos seraient désireux de visiter ligue de Cuzals. D'abord nous rappelons que mise à part la partie supérieure, le gouffre est sans attrait au point de vue concrétionne-ment. En ce qui concerne ses principaux dangers, il y a : * Le gaz, bien sûr, omniprésent, surtout en été où son pourcentage est souvent le plus important. * Les étroitures : elles sont relativement peu nombreuses mais certaines présentent des difficultés qu'il est bon de connaître au préalable afin d'éviter de se retrouver bloqué dans une atmosphère saturée en CO 2. * L'argile, collante, désagréable. Elle est responsable de la mauvaise qualité des prises et de nombreuses glissades. * Les chutes de pierres : Malgré un néttoyage régulier des puits, il n'y a pas une expédition où un accident est évi-té de justesse à cause de la chute de fragments de roches ou rochers précipités par les agrès ou celui qui est au dessus. Comme nous l'-vons écrit plus haut, la corrosion est telle que d'une fois à l'autre des roches qui semblaient tenir bon se détachent avec une extrême facilité. * Mise en garde également pour les spéléos non habitués aux cavités à gaz d'une part, et, d'autre part, non rompus aux méthodes d'exploration nouvelles. En effet,l'Igue de Cuzals, à partir de - 15 m, n'est qu'une Euccéssion d'étroitures, de désescalades, mains courantes, puits, toboggans, escalades, traversées, etc...etc... En conclusion, nous recommandons à tous la plus grande prudence, car un secours ici deviendrait des plus hypothétique.
CDS 46 (06/03/2014)