Moulin de Tournefeuille (Émergence du)

Rocamadour (Lot - FR)
44.797054,1.662523
Longueur 236m
Grottocenter / carte

Location

La résurgence de Tournefeuille appartient à la communs de Rocamadour (département du Lot). Elle est située rive droite de l'Alzou (ruisseau à écoulement temporaire, prenant naissance sur les argiles du Lia,, qui a creusé une pittoresque et sinueuse vallée en canyon dans son trajet caussenard„ et drainent en hiver, dans les limites de son petit bassin versant, une portion NW du Causse de Gramat) et à 1 km au SW de la perte du Saut de la Pucelle. Pour y accéder de Gramat, on emprunte la RN 681 en direction de Brive et, une centaine de mètres après le tournant du Saut de la Pucelle (perte) on tourne à gauche (chemin parallèle) vers Rocamadour. Au premier carrefour rencontré, prendre le chemin vers la vallée de l'Alzou (au S) qui conduit au moulin (en ruines) de Tournefeuille quelques 80 m plus bas. La résurgence se signale par des buis, environ 25 m au-dessus du moulin, sur le versant rocailleux. L'entrée, en été, est masquée par un figuier. En hiver, très souvent on y entend bruire et ruisseler l'eau qui traverse le chemin à proximité d'un petit pont sur l'Alzou (50 m en aval du moulin). CDS 46 - 05/12/2013

Description

CDS 46 - 05/12/2013

Nous divisons la galerie en 3 tronçons : De l'entrée à l'affluent supérieur. Direction SW..NE développement : 63 m indice de développement 0,97, dénivellation +0,5 m9 pente 0979%. De l'entrée (ha, 3 m, 1 8 1,2) on progresse dans un conduit assez bas peu concré-tionné, au sol rocheux entaillé d'un petit chenal (surcreusement) puis recouvert d'un plaquage de graviers (quartz) enrobés dans une matrice calcifiée et dure. A 17 m la première perte absorbe le trop plein du réservoir de la voûte basse. En étiage la plan d'eau varie d'environ -0,5 m; en hautes eaux il se prolonge jusqu'au pied de la coulée de l'affluent supérieur. La perte pénétrable sur 2 m dirige l'eau vers un joint de stratification évidé visible (avec dépôt de tuf) 2 m sous l'entrée. Elle est précédée d'un talus d'alluvions (graviers et sable) recouvrant très certainement un surcreusement responsable de la dénivellation négative (-093 m) entre perte et conduit d'entrée. Quelques mètres derrière la voûte basse on abandonne l'eau pour une série de gours avec graviers obligeant à une reptation désagréable sur les festons de calcite, pour aboutir à la coulée, sérieusement endommagée, issue de l'affluent supérieurs, 2 m plus haut. Cet affluent (L r 15 m; section elliptique 0,5 x 0,7 m) se termine par un petit siphon; son remplissage consiste en des gravillons supportés, au départ, par la coulée stalagmitique. Sa direction reste dans le prolongement du premier tronçon. Du point 63 à la perte : Direction NW-SE développement 51 m, indice de développement 0,71, dénivellation -092 m pente -0,35 %. La section de la galerie augmente, le plafond s'élevant parfois à plus de 4 m. Les parois sont souvent déchiquetées et on y observe les premières traces d'érosion différentielle entre bancs "blancs" et "rouges". Le remplissage de gravillons ou graviers prie dans la stalagmite s'observe près du sol rocheux mais dans la plupart des cas il ne subsiste que des témoins, le reste ayant été déblayé. A mi-parcours, une coupole de 4 m de diamètre retient sur ses parois des dépôts argileux. Au point 114, la 20 perte avale un courant d'eau issu de l'amont. Le nouveau courant d' air rencontré se remonte par une galerie aux parois tourmentées souvent couvertes de belles vagues d'érosion, et présentant en amont de la dérivation un très beau surcreusement 411 2 m)2 précédé au point 1609 de deux grosses marmites (diamètre 4 à 5m). Un peu au-dessus de l'eau, dans le surcreusement, s'accrochent quelques reliques d'un remplissage antérieur (graviers prie dans la calcite). Sinon, quelques petits gours (au niveau des ressauts) et trois coulées de stalagmite en fin de parcours résument le maigre concrétionnement. Un gros dépôt de graviers fait suite au siphon et masque, encore, un chenal (surcreusement) profond sur plus d'un mètre qui disparait dans le coude établi au profit de la faille déjà citée. Les pentes du siphon sont tapissées de graviers, gravillons et sable0 le passage étroit (h 0925 m) détermine le point bas (4- 4 m). Largeur variant de 1 à 3 m. Notons la présence de graviers sur les parois à la sortie du siphon.

Documents

Tournefeuille 02/12/2013
Bibliography 05/12/2013
  • Nouvelles spéléologiques 74. Quercy-Recherche N° 4 p 31 (photographies). Les Cévennes, p 349. A propos de l'hydrogéologie de la bordure NE du Causse de Gramat; Annales de Spéléologie T XI, fasc. 3 p 97.

Histoire

La résurgence de Tournefeuille recèle, en été, un des rares points d'eau, qu'il soit possible d'utiliser, en parcourant la vallée de l'Alzou. Les meuniers devaient s'y alimenter en période de sécheresse, aux dires d'un ancien berger du coin, et en prenant pour preuves des bouts de poteries ou tuiles trouvés dans le voisinage. Peut-être constituait-elle un apport non négligeable pour l'alimentation en eau du village retranché de St-Cyr„ implanté sur un promontoire de la rive opposée ? MARTEL la signale, vers 1890, comme étant la sortie probable (avec la source du moulin du Saut) du ruisseau enfoui au Saut de la Pucelle. Il n'a certainement pas du prendre la peine de l'explorer car il aurait constaté l'évidente incompatibilité des débits entre le Saut et Tournefeuille... H.ROQUES l'explore et publie une courte note en 1956 : elle semble appartenir à un paléo-karst recoupé par l'Alzou et présente toutes les caractéristiques physico-chimiques d'une résurgence. Elle doit "vraisemblablement servir d'exutoire aux précipitations recueillies par le plateau qui la surplombe". La communication Tournefeuille-Saut parait donc à rejeter. Au cours d'une prospection des versants de la base vallée de l'Alzou„ en 1970, COUSTOU, HEREIL et RAMOND redécouvrent la cavité et la suivent jusqu'au siphon à 22 m de l'entrée. Peu de temps après, avec l'aide de M:.BONNET„ un essai de désamorçage du siphon est effectué (par siphonnage et évacuation dans la perte, 5 m en aval) sans succès (diamètre du tuyau trop faible). Une deuxième tentative, durant le printemps 74, avec la collaboration de PEJOUT, et en appliquant la même méthode n'aboutit encore pas (désamorçage du tuyau dans la nuit suivante). Le 23 mai 1974, une troisième tentative, grâce à l'utilisation d'un tuyau de gros diamètre (80 mm) abaisse le plan d'eau suffisamment pour permettre â ASTRUC BONNEBOUCHE, COUSTOU, EMERY, FARDET0 HEREIL et LABRUNIE de parcourir une galerie inconnue, obstruée 40 m en amont par une coulée stalagmitique (point 63). Une désobstruction s'avère évidente...car une lucarne entre paroi et coulée laisse entrevoir un prolongement de conduit. Pour faciliter l'évacuation des gaz d'explosifs ultérieurement nécessaires pour les travaux d'agrandissement, et ce, pour des raisons de sécurité, une circulation d'air devenait obligatoire avec l'extérieur. Les 22 et 28 septembre de la même année, des bâtons de dynamite attachés sur des flotteurs étaient plaqués à la voûte du siphon (l'eau jouant le rôle de bourrage) par COUSTOU MATHON, MARCHOU et MOUT. Une épaisseur d'environ 30 à 40 cm de roche est pulvérisée (sur une largeur de 2 m et une profondeur d'environ 0,95 à 1 m). En basses eaux le siphon devient alors désamorcé sur 5 m, et prend de ce fait le nom de voute basse ! Le 1er mars 1975, COUSTOU et HEREIL placent 1 kg de dynamite au fond d'un gour derrière la lucarne. Le 15 mars, Coustou vérifie les résultats : à la place de la coulée, ne subsiste qu'une petite barrière de stalagmite (un demi m3 a disparu). Au-dessus part une galerie (affluent supérieur) dans laquelle il progresse sur une quinzaine de mètres (siphon). A la base, une courte reptation dans l'eau permet de découvrir une galerie de dimensions plus importantes qui constitue la suite amont du conduit d'entrée : arrêt au niveau de la dérivation. Le lendemain, 16 mars, avec le renfort de HERBU, PEJOUT et VERLHAC, c'est l'exploration jusqu'au siphon terminal actuel. Des tentatives de plongées en apnée laissent entrevoir une section immergé, large, mais annulent l'espoir d'être en présence d'une voûte mouillante. Le 23 mars COUSTOU LABRUNIE MARCHOU et PEJOUT constatent une petite crue, l'eau disparaissant dans la perte près de l'entrée. Ils passent en apnée la voûte mouillante amorcée sur 0,8 m suivie d'une autre portion immergée sur environ 4 m, Arrivés au siphon, PEJOUT à l'aide d'un équipement sommaire (bouteille-détenteur) plonge en reconnaissance sur 4 m (pour une profondeur de 2 à 4 m). CDS 46 - 05/12/2013

Nouvelle plongée le 13 avril de VERLHAC et PEJOUT. Ce dernier réussit à passer une étroiture, à 4 m (en tenant la bouteille devant lui) et nage sur quelques mètres dans un conduit remontant. Le retour devenant problématique (passage bas et visibilité nulle) il rebrousse chemin. Il remarque toutefois dans la pente remontante un petit chenal qui disparait dans le sable au point bas, et qui pourrait 4tre l'indice d'un assèchement du siphon en étiage. Enfin, le 6 juin, COUSTOU et VERLHAC effectuent le relevé topographique de l'ensemble des galeries. CDS 46 - 05/12/2013

Commentaires

Géologie

La cavité se développe dans les calcaires du Jurassique moyen, au niveau transitoire entre les étages du bajocien supérieur et bathonien inférieur sans qu'il soit possible de les distinguer nettement. La galerie principale se cantonne, tout du long, dans deux bancs de natures différentes - un banc "blanc", constitué de petits agrégats enrobés dans une matrice de couleur ocre avec de minuscules inclusions de calcite. C'est dans ce banc que l'on observe les surcreusements, les marmites et les nombreuses vagues d'érosion. Puissance 1 à 4 m - un banc "rouge", formé de cristaux, parfois de tailles respectables (largeur variant de 1 à 3 cm près de la voute basse), de calcite (réaction avec HCL à froid et clivage rhomboédrique) pris dans une matrice alvéolée, de couleur tendant vers le grenat. Ce banc, variant entre 1 et 1,5 m présente de nombreuses microformes de corrosion et se retrouve dans /es élargissements notables de la galerie. La galerie présente deux directions principales, à mettre en rapport avec un système de diaclases orientées sensiblement EW (voir le plan). Ceci est manifesté pour le tronçon de galerie jusque à l'affluent supérieur. Les trois pertes recensées semblent implantées à la faveur de ce système de diaclases. Environ, 10 m en aval du siphon (point 236)9 une faille, dirigée EW, met en contact les bancs "blancs" et "rouges" par un rejet évalué à 2 m. On lui doit la présence du siphon, qui se voit orienté par le nouveau pendage de direction NE SW (précédemment EW), et dont la voûte est tributaire des ondulations du banc sus-jacent. Enfin, les pertes se localisent au contact banc "rouge" sur banc "blanc".

CDS 46 (05/12/2013)

Régime des eaux

L'écoulement des eaux, dans le premier tronçon prend fin a proximité du bassin de la voute basse en étiage (pertes diffuses dans le fond). L'alimentation ne provient que de l'affluent supérieur (débit faible ou insignifiant). Le deuxième tronçon n'est pas alimenté, et, à l'exception de quelques flaques, demeure sec. Le troisième tronçon est parcouru par le courant issu du siphon terminal (débit variant de l/s à quelques cl/s) absorbé par la 2° perte. En période de sécheresse intense, il ne doit plus y avoir d'eau courante, celle-ci disparaissant dans le sable du siphon terminal (en prenant pour preuve la rigole, creusée en écoulement libre, observée en plongée). Durant les pluies d'automne, d'hiver et de printemps les débits augmentent 8 l'affluent supérieur atteint 1 l/s -et occasionne la montée du plan d'eau de la voûte basse jusqu'au seuil de la 1° perte, le débit non absorbé par les pertes diffuses s'y écoulant pour résurger sous l'entrée. Si ce débit ne peut être admis entièrement par l'étroitesse des conduits de vidange de la perte, le niveau continue de monter (.* 0,30 cm) et s'écoule directement dans la gale-rie d'entrée qui devient alors activ . Remarquons alors que le niveau de la mise en charge, en amont de la voûte basse s'étend au delà de la dérivation. Cela n'est pas réalisable que si la 2° perte se troive elle-même saturée. Si le débit dans le troisième tronçon dépasse plusieurs lis, la deuxième perte ne peut le contenir; il y a mise en charge, le surplus s'évacuant vers la sortie. Il existe donc trois débits limites à déterminer, qui sont fonction du diaphragme d'absorption des trois pertes principales et sur lequel repose toute la compréhension des écoulements ren-contrés. Une inconnue g vers où se dirigent les eaux récoltées par ces trois pertes ? Certainement vers l'Ouysse souterraine, car elles ne résurgent pas entièrement dans L'Alzou. Quelques mesures et observations ont été effectuées à la faveur des diverses explorations). Les températures ne varient guère (sauf en hautes eaux où l'on note une légère différence tributaire du débit et du contact air-liquide dans le cas d'écoulement libre) et sont comprises entre 12,9 et 13,6 C. La température de l'eau au sortir du siphon oscille très peu et semble caractéristique d'une circulation endogène. Même constatation pour l'affluent supérieur. Les températures relevées dans le ruisseau de Rignac variaient pendant le mois de mars entre 8 et 10°C. EL ne semble donc pas y avoir de rapprochement entre les 2 cavités à moins qu'il existe pour le ruisseau de Rignac un sous-écoulement vers Tournefeuille. A ce sujet des colorations ( eu lieu, mais nous ne connaissons pas encore les résultats de l'analyse (colorations réalisées par le Groupe Spéléologique de Gramat, à l'aide de fluoréscéine cédée par G. de LAVAUR).

CDS 46 (05/12/2013)

Cavités proche

Distance (km)NomLongueur (m)Profondeur (m)
0.3Gorf (Grotte)
0.9Saut de la Pucelle (Gouffre du)2830160
1.2Moulin du Saut n°2 (Grotte amont du)7523
1.3Merle (Entrée inférieure de)
1.4Mude (Igue de la)25075
1.7Roc Fraucat n°3 (Grotte de)5010
1.9Biau (Igue de)14080
2.2Gibert n°2 (Igue de)21460
2.7Mazet n°1 (Igue)10