Mobars (Grotte) [Grotte Montbars]
17.881620,-62.836350
Location
Que ce soit du fait de sa mention sur la carte IGN au 1/25000 ou parce qu’elle porte le nom du célèbre flibustier dont la légende rapporte qu’il a enterré son trésor sur l’île (SULLIVAN, 2003), cette grotte est la plus fréquemment mentionnée de l’île. Source : Arnaud Lenoble, Alain Queffelec, Christian Stouvenot. "Grottes et abris de l’île de Saint-Barthélemy". Spelunca, 2012, 126, pp.28-36. ffhalshs-00711153f -- shs.hal.science/halshs-00711153/document
Description
Description générale
Il s’agit d’une grotte unique, longue de 35 m, à développement horizontal et dont l’entrée est située à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer. On y pénètre en se glissant entre la paroi et les blocs d’un chaos appuyé sur l’abrupt rocheux ceinturant à l’est la Grande Pointe. On accède ainsi directement à la première salle, basse, que des essaims de stalactites et de stalagmites compartimentent en trois petits bassins. À l’extrémité de cette première salle, une étroiture donne accès à une deuxième salle, rectangulaire et haute, au sol fortement incliné d’un mur à l’autre, couvert de gours et encombré de piliers. Au bas de la salle, de petits bassins à galets revêtus de calcite témoignent de flaques temporaires. L’encaissement prononcé de certaines de ces flaques apporte la preuve d’un soutirage actif. Des blocs volumineux, parfois plurimétriques, attestent d’une transformation importante de la morphologie de la grotte par les éboulements. Le résultat est une salle aux parois rectilignes où les murs se superposent à la fracturation de l’encaissant. La singularité de la cavité ne tient pas tant à ses dimensions, qui en font l’une des deux plus grandes cavités de l’île, qu’aux très nombreuses concrétions qui s’y rencontrent : stalactites, stalagmites, piliers, gours, planchers et draperies parées de nombreuses excentriques. De nombreuses concrétions sont brisées. Cela est notable dans la première salle, témoignant du préjudice qu'ont fait subir les visiteurs à la cavité. Toutes les fractures ne peuvent cependant être imputées aux visiteurs. En effet, on remarque de nombreux piliers fracturés. Quelques piliers présentent une poursuite de leur accroissement après fracturation, ce qui se traduit par un évasement de la concrétion dans la zone de soudure. Mais pour la plupart, aucun dépôt de calcite ne s’est fait après fracturation, ce qui indique que ces spéléothèmes étaient déjà inactifs. L’espacement entre les deux faces fracturées est systématiquement de quelques centimètres. Il s’accompagne parfois d’un déplacement des faces en regard, ce qui peut être imputé à un affaissement du remplissage soutiré ou à un séisme. L’absence de dislocation des planchers sur lesquels reposent les piliers montre cependant que les édifices stalagmitiques ne sont pas déstabilisés par un appel au vide et, ce faisant, plaide en faveur de la seconde hypothèse. Une autre caractéristique de la grotte Montbars est la sonorité cristalline d’une partie des draperies ou des piliers, propriété remarquée des visiteurs du site, comme en témoignent les nombreux impacts sur les concrétions. La cavité a été visitée lors du Carême, qui est la saison sèche. Malgré cela, une sensation de moiteur est sensible dès la première salle. Cette sensation devient très forte dans la zone profonde de la grotte. Trois enregistreurs thermohydriques du type i-buttons ont été positionnés, l’un dans le chaos de blocs barrant l’entrée et les deux autres dans chacune des deux salles. Les enregistrements témoignent d’un amortissement très rapide des fluctuations thermiques dans la cavité. Les variations journalières de température sont à peine ressenties dans la première salle, où elles entraînent une évolution de quelques dixièmes de degrés, tout au plus. Elles sont nulles dans la seconde salle, où l’humidité est également quasi-constante, autour de 90 %. La seule fluctuation enregistrée dans cette partie profonde de la grotte correspond à la visite que nous avons effectuée au milieu de l’après-midi du 6 mars. Le volume d’air important conduit toutefois à une rapide résorption des modifications thermiques liées à cette fréquentation. Au centre des petits bassins de la première salle et en partie basse de la seconde, le sol est formé de sédiment, essentiellement des argiles brunes à rouges enrichies en blocs ou en cailloux détachés des parois. Ce sédiment résulte de la remobilisation du remplissage ancien du site. Celui-ci peut être observé dans sa configuration originelle à l’extrémité de la première salle, sous une cascade stalagmitique suspendue. Il s’agit d’argiles laminées rouges où la régularité et l’horizontalité de la lamination traduisent un dépôt de décantation. Ce faciès indique que le comblement initial de la grotte, du moins sa partie sommitale, s’est fait par ennoiement de la cavité, à une époque où cette dernière était en relation avec le niveau de base. La poursuite ou non de la croissance des concrétions après leur cassure, la couleur, brune à jaune et nappée d’argile, ou d’un blanc immaculé, le développement de concrétions sur les blocs effondrés ou, à l’inverse, la présence de cascades stalagmitiques suspendues dans les parties hautes de la grotte sont autant d’observations qui montrent que la formation de spéléothèmes s’est déroulée sur un temps long, depuis une période antérieure au décolmatage de la cavité jusqu’à l’actuel. La grotte Montbars fait donc exception dans les Petites Antilles où les concrétions en cavité sont plutôt rares et récentes. La stabilité du régime hygrothermique fait en outre de ce site un lieu idéal pour éviter un fractionnement cinétique des isotopes stables de la calcite lors de la précipitation, situation unique à notre connaissance pour la région des Petites Antilles. Les spéléothèmes de la grotte pourraient ainsi offrir l’opportunité d’études paléoclimatiques. Source : Arnaud Lenoble, Alain Queffelec, Christian Stouvenot. "Grottes et abris de l’île de Saint-Barthélemy". Spelunca, 2012, 126, pp.28-36. ffhalshs-00711153f -- shs.hal.science/halshs-00711153/document
Commentaires
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4848.8 | Bencomo (Cueva de) |
Références bibliographiques
* Arnaud Lenoble, Alain Queffelec et Christian Stouvenot, « Saint-Barthélemy – Cavités naturelles » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Espace Caraïbes, mis en ligne le 24 février 2022, consulté le 03 octobre 2023. URL : journals.openedition.org/adlfi/116460 * Arnaud Lenoble, Alain Queffelec, Christian Stouvenot. "Grottes et abris de l’île de Saint-Barthélemy". Spelunca, 2012, 126, pp.28-36. ffhalshs-00711153f -- shs.hal.science/halshs-00711153/document
BTH (03/10/2023)