Combe des Arches (Golet de la)

Chapareillan (Isère - FR)
45.436109,5.927320
Longueur 2955m Profondeur 350m
Grottocenter / carte

Location

Atteindre le col de l' Alpette depuis la Plagne. Descendre les pelouses jusqu'au bassin circulaire et la source qui l'alimente. En traversant les pentes verdoyantes vers le Sud. se diriger en hauteur vers de grises falaises qui dominent la grande dépression où se loge la bergerie et le refuge de l' Alpette, Remonter vers l'Est cette fois-ci une jolie combe sillonnée de traces étroites formées par piétinement du bétail. A un moment du parcours. repérer sur la droite une sente qui gravit des ressauts. Poursuivre dans cette direction où se succèdent, toujours en terrain découvert, replats et cuvettes herbeuses délimités, en arrière d'un brusque dénivelé, par un petit vallon borné en contre-pente par le lapiaz boisé. Au Nord. il est possible de retrouver une enfilade de puits (n" 55, 8 et 7) souvent protégés par des palissades. Au Sud, sous le couvert des épicéas, une rapide coursière remonte vers les alpages, se faufilant parmi les gouffres, retrouvant la grotte du Bénitier (n° 75) traversée d'un secourable filet d'eau. Ainsi, à quelques mètres des pâturages, des fissures rejettent du blanc calcaire urgonien un flux d'air souvent glacial en été, prouvant ici même la communication de toutes ces fentes de surface avec les profondeurs du massif. Enjambant quelques étroites crevasses et remontant la déclivité du lapiaz, se guider vers un sillon méandriforrne entaillant obliquement les tables rocheuses et que signale le numéro 266 peint en rouge sur les abords d'un élargissement du conduit qui s'évase en un puits de six mètres de hauteur. Les débris d'un empennage d'aile, vestiges du crash d'un petit avion qui se brisa non loin dans la forêt voici plusieurs décennies, balisent d'ailleurs l'orifice du golet. Sur le revers de la pente moussue qui supplante le site, se profile en hauteur une curieuse petite grotte qui servit de cave et d'entrepôt et dont l'entrée fut judicieusement murée lors de nos dernières expéditions. Jean-Louis Fantoli - 09/02/2015

Description

Présentation générale

Jean-Louis Fantoli - 09/02/2015

Le massif de l'Alpe, figure de proue de la Chartreuse et qui confine désormais l'un des plus grands réseaux spéléologiques d'Europe, demeure couronné au Nord-Est par les rochers de l'Alpe qui culminent par une haute muraille calcaire érigée au-dessus de la vallée de l'Isère. Les tertres boisés, en l'occurrence ceux de la Combe des Arches, tournés vers l'intérieur de la cuvette synclinale, exploités activement pour leur bois après guerre comme le montrent encore de béantes trouées ouvertes par les forestiers. abritent ici d'étranges caprices de la nature. C'est dans cette partie sauvage de la montagne où le mot lapiaz. prend ici toute sa signification, domaine souverain truffé de gouffres et de puits, que seul le golet de la Cornbe des Arches, qui n'est autre qu'une modeste fissure récoltant les ruissellements de surface, parvient à transpercer sur toute sa hauteur la carapace de l'Urgonien jusqu 'au collecteur du massif de l'Alpe, rejoint 350 mètres plus en profondeur. Par ce biais, étant l'orifice de tout l'ensemble du réseau de l'Alpe situé le plus proche du débouché aérien du Cernon qui vomit du massif toutes les eaux enfouies, cet accès permet de rejoindre vers l'aval du collecteur, au bout d'un trajet aquatique de plus de 300 mètres de distance, la diaclase noyée terminale du réseau de l'Alpe atteinte lors des expéditions devancières du gouffre Brutus. Les eaux s'engouffrent dans cette zone submergée à la profondeur de 602 mètres sous l'entrée la plus haute en altitude du réseau spéléologique. Explorées en scaphandre de plongée. elles furent suivies avec succès au-delà de plusieurs siphons, retrouvant ainsi sur un insolite parcours, cascades et grandes galeries canalisant dans de fantastiques hypogées toute la furie du collecteur du réseau de l'Alpe, augurant dès lors, une jonction prochaine avec les sources même du bouillonnant Cernon.

Description sommaire de la cavité

Jean-Louis Fantoli - 10/02/2015

Le golet s'ouvre par une étroite anfractuosité juste à la limite des pâturages et du lapiaz boisé de la Combe des Arches, déchiré ici par de capricieux sillons absorbant en période d'orage toutes les eaux de surface. Un premier jet étroit de 7 mètres de verticale permet de déboucher dans une petite salle ou s'entassent d'importantes quantités d'écailles calcaires originaires de l'intense gélifraction. Survient un court et exigu couloir balayé par un fort courant d'air émanant d'une étroiture verticale agrandie à la mine et s'évasant sur le sommet d'un puits profond de 38 mètres au bas duquel se profile un réseau amont et aval. Le premier, constitué principalement d'une rafale de verticales, correspond au réseau du Bowling qui termine sa course en profondeur à -205 mètres. Le second, celui par qui furent trouvé d' importants prolongements jusqu'à rejoindre le collecteur du massif, déroule ses amples couloirs à une cinquantaine de mètres sous la surface, entrecoupés de plusieurs ressauts et petits puits sur près de 200 mètres de parcours. A la base des puits d'entrée, escalader une coulée stalagmitique de 3 mètres de hauteur et passer par la lucarne qui suit. Se rétablir de l'autre côté, puis grâce à une petite traversée en paroi au-dessus d'un puits incliné, rejoindre en face une galerie fossile. Le méandre devient aisé à parcourir, entrecoupé au bout de 50 mètres d'un puits de 5 mètres de hauteur débouchant dans deux petites salles, souvent arrosées par des infiltrations tombant des voûtes, formant au sol boueux de la seconde un plan d'eau temporaire. Ensuite, la galerie offre de belles proportions, mais elle conserve par endroits d'épais dépôts de sédiments parmi lesquels il faut se faufiler. Plus loin en aval. sans avoir perdu trop de dénivellation, remonter prudemment au-dessus d'une trémie de blocs à travers lesquels se discernent plusieurs passages. Laisser à droite les diverses ramifications qui communiquent avec les réseaux inférieurs et prendre pied au bas d'un ressaut glissant dans une belle conduite occupée par des dalles effondrées où l'érosion a révélé ses effets avec force. Brusquement la roche claire est recoupée transversalement par une étroite fissure d'où s'écoule un filet d'eau. Escalader sur la gauche la coulée stalagmitique, puis s'engager sous une voûte basse qui alimente de ses nombreuses stalactites de petits gours suspendus au-dessus d'un large entonnoir profond de plusieurs mètres. Avec l'aide d'une assurance. indispensable pour la remontée. descendre le ressaut fermé par un étroit goulet agrandi à la mine et se laisser glisser à travers la coulée pétrifiée par un toboggan calcifié pour finalement apparaître au-dessus d'un puits béant de six mètres de hauteur. La verticale permet de rejoindre une galerie basse de plafond, sombre de surcroît, argileuse, cédant la place à un interstrate qui se prolonge vers l'aval en une pente modérée. Ces couches fragilisées du terrain montrent aussi des dalles disloquées, abattues des voûtes de la galerie à travers lesquelles il faut s'insinuer. Le parcours demeure interrompu de quelques fosses sans issues où il devient nécessaire d'escalader quelques ressauts. Puis survient un petit ruisseau qui s'épanche jusqu'à être absorbé par une perte formant un puits de 15 mètres de hauteur baptisé le puits du Soumidouro. A sa base. après avoir pendulé pour atteindre l'amorce d'une diaclase puis descendu un second cran en profondeur (P6) défendu par une étroiture, le faciès du calcaire se modifie, le rocher devient plus clair, puis les parois comprimées par les forces internes de plissement. ne se laissent pénétrer que par un exigu chenal qu'il fallut agrandir à la mine pour atteindre le sommet du puits du Camp de 70 mètres de profondeur. La descente se trouve désormais fractionnée par toute une série de verticales entrecoupées de passages étroits qui se succèdent le long d'une énorme faille que l'on quitte 210 mètres plus bas. A -180 mètres, sur un large palier de l’abîme, le fond du puits de 70 mètres vient mourir sur une impasse où se perdent tous les ruissellements issus du réseau. Franchir en opposition cette perte active puis s'insinuer dans une fissure agrandie à la charge creuse au-dessus de laquelle s'élève une cheminée qui fut escaladée lors des premières explorations. Le passage s'entrouvre sur une pente inclinée qui se dérobe par une verticale de 10 mètres de hauteur, retrouvant de cette manière une diaclase aux parois inférieures surcreusées et recouvertes d'argile. La base du conduit se ferme de toute part ne laissant pour toute continuation qu'un étroit goulet rempli de boue semi-liquide et d'où il émane un violent courant d'air. Une vidange préalable semble indiquée avant de se lancer dans ce bref mais étroit boyau ou l'on apprécie ici le port d'une combinaison fermée aux poignets par des manchons. Au-delà. le conduit s'évase ; le plancher reste troué d'excavations qu'il faut enjamber. Rejoindre plus loin, en face, le bord du puits fractionné de 43 mètres. puis descendre quelques ressauts verticaux (R 3. Pl l ) jusqu'à croiser un large couloir arrosé par un ruisselet. Un vaste et bel abîme, absolument vertical sur 52 mètres de hauteur, termine cette volée de puits. qui recoupe à -305, une large galerie sensiblement horizontale qui va se développer en aval (à l'Est) sur une centaine de mètres de parcours. barrée d'une étroite fissure profonde de 22 mètres. Encore quelques mètres. un passage surbaissé à franchir - puis voici les amples galeries étagées du collecteur emplies du sourd grondement des eaux qui s'écoulent au loin. A ce point de rencontre du Réseau de I'Alpe et du gouffre de la Combe des Arches, 355 mètres de dénivellation séparent le torrent souterrain de la surface. L'aval du collecteur peut être suivi sur plusieurs centaines de mètres. mais quelques passages aquatiques. juste avant d'aboutir au niveau du siphon terminal imposent le bain forcé ou une traversée en canot.

Equipement

Jean-Louis Fantoli - 10/02/2015

ObstacleCordeAttacheObservation
P7C9AN + 1S
P38C413SEtroiture et fractionnements à -2 et -28
R+2C201S + ANMain courante
P5C71S + AN
R3C42SRessaut glissant
R8C10ANGoulet -60
P6C7AN
P15C22AN + 1SPuits du Soumidouro
P6C81SEtroiture
P70C80AN + 3SEtroiture et fractionnement à -3, -20 at -55
P10C12AN + 1SBoyau glaiseux -200
P43C453SFractionnement à -2 et -22. Déviation sur AN
R3 P11C152S
P50C554SFractionnement à -20 puis plein gaz
P22C252S
R6C10ANCollecteur -355

Histoire

La paternité de la découverte semble devoir être attribuée à un illustre explorateur des années 60 puisque le névé du puits d'entrée a livré un tronçon d'échelle de cette époque. Comme l'étroiture, ainsi qu'une bonne partie de la petite salle située sous les fissures du lapiaz qui arrive à se combler partiellement par la glace et la neige. il semblerait évident que l'exploration ait été très vite avortée. C'est en août 1981 que Bruno Mosbach de Chambéry signale la présence du méandre soufflant. En septembre 1981. H. Jeanton. B. Mosbach et J.L Fantoli entament avec succès le dynamitage de l'étroiture masquant le départ du puits de 38 mètres, parvenant ainsi au sommet infranchissable du puits de 70 mètres. topographiantl'rensemblc du réseau Ixtlan jusqu'à 110 mètres de profondeur. Faits marquants. l'hiver 1982 vit la poursuite des explorations dans le gouffre Brutus jusqu 'aux siphons amont et aval du collecteur alors que le 15 février 1982. sous la conduite de Pierre Rias du Groupe Vulcain. accompagnant Patrick Penez au fond du gouffre Jean Bernard à Samoens en Haute-Savoie. nous établissions une plongée record dans les siphons terminaux par -1494 mètres. En juin 1982. les puits d'accès de la Combe des Arches se libérant de la glace. l'exploration partielle du réseau du Bowling est menée jusqu'à -80 mètres par H. Jeanton, M, Papet et Jean-Louis Fantoli. Un Camp d'été est organisé en 1982 en vue d'attaquer à la mine le sommet du puits de -110. Le camp réunira bon nombre de spéléos du club de Chambéry dont F. Durand. G. Journet dit aussi Gégène, H. Jeanton, G. Mouton dit Max, A. Pangaud. P. Poli dit Patchioc, Strate en pente où encore l'Iranien, B. Lac, M. et G. Yoccoz (les jumeaux), M. Papet, J.B. Fournier. J. Puxeddu. M. Vibert, Y. Gourju, P. Guichebaron et JL Fantoli. Pour la première fois. réussissant à faire tonctionner le perforateur électrique à près de 400 mètres de distance grâce à une ligne conductrice tirée depuis la surface. deux séances de tirs permettent d'élargir la diaclase terminale. Le 30 juillet 1982. une fouille attentive du moindre interstice dans le puits du Camp de 70 mètres puis une escalade ardue en libre de 28 mètres à partir du bas de la grande verticale, donnent l'occasion à JL Fantoli de découvrir finalement la continuité du gouffre. L'aval du réseau prometteur le mène à la rencontre d'un puits de 10 mètres. au bas duquel, après avoir dévalé plusieurs ressauts glaiseux, il entame, avec pour seul outil de bêchage son descendeur. la désobstruction d'un boyau pratiquement colmaté par l'argile et la boue. Au retour. de passage dans le réseau du Bowling. cherchant une suite plus honorable, scrutant minutieusement les moindres replis du terrain. parviens à m'insinuer à travers un amas de blocs. équipe un puits de 10 mètres. poursuit sa descente dans un méandre actif et s'arrête sur manque d'agrès. Le 31juillet 1982. toujours accompagné de M. Papet. explo intégrale du Bowling jusqu'à -204: aucun départ ne permettra de dépasser cette altitude par ce secteur bouleversé du gouffre. En septembre 1982, assisté de Hervé Jeanton. résigné comme moi à forcer le seul passage encore praticable dans ce gouffre qui a affaibli les troupes. Tous deux nous parvenons, laborieusement il faut le dire. à vider de la boue le goulet étroit d'où souffle le courant d'air glawial et qui ventile du reste toute la caverne indiquant de larges perspectives de découvertes par cette voie. Pour lors, le passage se transforme vite en une véritable baignoire d'argile dans laquelle il faut se baisser et s'immerger. puis s'extraire avec vigueur du cloaque juste avant d'aborder l'orée Œune vertigineuse suite de verticales. En octobre 1982. la jonction est enfin effectuée avec le collecteur par 350 mètres de profondeur. ceci dans la partie la plus proche du siphon terminal où justement butèrent les explorations menées depuis le gouffre Brutus. L'as.qxiation des deux cavités porte de ce fait le développement de l'ensemble à plus de mètres. Près d'un an après mes découvertes réalisées au Cernon souterrain, me prouvant qu'il est toutefois possible de progresser aussi bien en amont de la résurgence qu'en aval du réseau de l' Alpe afin de relier « tout ce beau monde le 19 juillet 1986, aidé d' Agnès Masseboeuf, Patrick Poli, Jean et Mireille Géault. un camp est installé à la Combe des Arches. Le lendemain. rejoint par deux amis niçois acheminant avec Patrick mes charges jusqu'au collecteur. je peux m'immerger pour la première tOis dans les eaux noires du siphon terminal. transportant 25 mètres de cordelette, du matériel de topographie. ma lampe à acétylène et un peu plus de 215 mètres de ficelle sur mon dévidoir. persuadé que cette zone noyée ne doit pas être trop longue. La diaclase qui engouffre le collecteur guide à 12 mètres de profondeur. A deux reprises dus rechercher le cours aval du passage et c'est au bout de 70 mètres de progression avec le courant que je redécouvre avec satisfaction l'air libre. Par pour longtemps, car le torrent s'écoule absorbé dans le fond d'une faille aux parois resserrées et déchiquetées sur une cinquantaine de mètres de trajet. puis disparait dans un second siphon long de 50 mètres pour six de profond. Suit 50 mètres de galeries rectilignes au bout duquel. dans un très beau bassin circulaire. se jettent bruyamment en cascade toutes les eaux du collecteur. Acheminant tout mon barda, je réussis à vaincre un troisième siphon long de 90 mètres et tout aussi profond que ses congénères. Ensuite la surprise est de taille , le couloir se redresse et dans un vacarme assourdissant les flots de l'étau des diaclases se précipitent en de tumultueuses cascades et toboggans glissant. Je me vois arrêté malgré moi au sommet d'un puits insondable dans ce déchainement d'écume. à la cote -614 mètres du réseau de l'Alpe. La zone noyée totalise 210 mètres de siphons. Le 4 août 1990. nouvelle expédition, nouvelle plongée des siphons en solitaire grâce à l'aide logistique de toute une équipe de l'Entente Spéléo des Bauges, dont T. Rossi. C. Verolet. G. Choupin, A. Masseboeuf, G. et M. Grangeat. J. M. Zanna. P. Matéo. P. Poli, J.P Trépier, A. Généreau. Mousse et Momo. Parvenue au bas des premiers toboggans qu'il fallut équiper d'une corde. descente de la cascade surplombante de huit mètres de hauteur puis progression dans l'inconnue de la rivière d'Émeraude sur une distance de 700 mètres au total jusque sur un nouveau et grand plan d'eau siphonnant engloutissant à ce niveau par 630 mètres de profondeur. toutes les eaux du collecteur. Incité par la distance qui s'amenuise peu à peu entre le Cernon et la Combe des Arches, considérablement réduite depuis qu'en 1991 P. Maigniez prolongea le cinquième siphon de la résurgence. le 27 juillet 1992, grâce au dévouement de toute une équipe où l'on retrouve Agnès Masseboeuf, Momo et Mousse. puis Frédéric Sutre, Christelle Audenino Gilles Choupin, Thomas Rossi. Patrick et Patricia Arnary. le campement est monté puis le premier portage assuré par l'hélicoptère de service grâce à l'amabilité du nouveau président des alpages, Daniel Combaz que nous venions d'initier aux joies de la découverte dans la grotte Ignorée, Me voici donc de nouveau en Néoprène sur les bords du siphon Brutus. Combe des Arches. chargé de 35 mètres de cordes de 8 mm de diamètre. de tout mon matériel de progression auquel s'ajoutent appareil photo, compas, un carnet topo et un décamètre. Je m'équipe d'un quadri.bouteilles. me glisse à l'eau et refranchis aisément cette première zone noyée non sans avoir dû reéquiper une nouvelle fois le S3 dont le fil d' Ariane fut rogné par les crues. Abandonnant le bibouteille qui me permit de passer. rangeant soigneusement masque. palmes. détendeurs et tout attirail de plonge dans mon sac. harnaché d'un bi panaché de 7 et 4 litres d'air comprimé pour la reconnaissance qui m'attend en aval de la rivière d'Èmeraude, je place la corde dans les magnifiques toboggans où mugit le torrent. puis dégringole les cascades et gagne prestement mon précédent terminus. Précautionneusement je dévale les derniers ressauts écumeux et parviens au bord de l'énorme vasque qui engloutit silencieusement tout le collecteur. Je profite de reconditionner mon matériel pour la pointe et prépare tout enthousiaste à une nouvelle immersion. Désertant la faille entrouverte du siphon. je réceptionne vers 5 mètres de profondeur sous la voûte accueillante d'une telle conduite forcée de 6 mètres de diamètre au sol plan et lisse. puis palme dans cet ovale parfaite sur près de 160 mètres jusqu'à atteindre par 25 mètres de profondeur la base d'une cheminée formant un plan très incliné de galets roulés. Evitant de dépasser précipitamment les paquets de bulles que je rejette en harmonie avec ma respiration contrôlée. je remonte vers le calme miroir des eaux encore incertain de découvrir de profitables prolongements. Crevant la surface, quelle n'est pas ma surprise d'entendre gronder une nouvelle fois le torrent que je retrouve inopinément. déferlant ses eaux dans un effroyable vacarme à l'intérieur d'un minuscule tube de roche dans lequel. exultant. je m'insinue. Très vite je découvre un soupirail d'eau limpide et étonnamment verte. Je m'engage dans ce siphon déroulant mon précieux fil d'Ariane. Ma lumière se perd dans les ténèbres, la conduite s'infléchit et atteint 12 mètres de profondeur puis remonte brusquement au bout d'un trajet total d'une trentaine de mètres vers la surface argentée. Encore un court passage à l'air libre et malgré l'étiage prononcé de ces derniers jours. le courant se fait sentir. me bousculant vers l'inconnu. Je m'enfonce dans un puits noyé qui s'entrouvre au raz du sol. s'élargisssant au fur et à mesure de la descente jusqu'à dérouler derniers mètres de filin. me résignant au retour à 5 mètres de profondeur. Cette partie du gouffre. encore incomplètement explorée, me rapprocha de beaucoup du Cernon et comporte de ce fait trois nouveaux siphons longs et profonds respectivement de 200 m par -25, 30 m par -12. et 15 m par -5 m, soit une avance de 275 m en direction du débouché aérien dont le point le plus éloigné se situe désormais à moins d'une centaine de mètres de distance, Le résultat est donc significatif pour avoir exploré et topographié dans la partie finale du collecteur 1 120 mètres de galenes dont 455 totalement submergées. portant également le point bas du réseau de l'Alpe à -655 mètres, Avec ses mètres de cheminement souterrain praticable du Sud au Nord, le collecteur du réseau de l'Alpe voit son cours actif jalonné de huit siphons. soit S1 pour le Golet du Tambourin (120 m à -l I j, S2 pour Source Vieille (65 m à -10). S3 pour la Combe des Arches (70 m à -12), S4 (50 m à -10), S5 (90 m à -6) S6 (200 m à -25), S7 (30 m à -12) el enfin S8 (15 m à -5) soit un résultat de 640 m de galeries noyées. En comptabilisant mes incursions au Cernon. relié sous peu au réseau de l'Alpe. le total se monte à 1525 m. démontrant l'existence de forrnidables réserves d'eau que peut détenir ce massif. Jean-Louis Fantoli - 10/02/2015

Cavités proche

Distance (km)NomLongueur (m)Profondeur (m)
0.0Chars (Baume des) [Gouffre Quetzalcóatl]608104
0.1Gouffre [n°055] [n°55]2525
0.3Gouffre [n°007] [n°7]107
0.3Gouffre [n°249]1010
0.3Grotte [n°272]504
0.4Gouffre [n°288]1616
0.4Gouffre [n°009] [n°9]4535
0.4Gouffre [n°195.2]33
0.4Gouffre [n°313]1717