Cadubel (Igue de)
44.896121,1.644922
Location
La cavité se développe dans la partie nord du Causse de Gramat. Son entrée se situe au milieu de la falaise délimitant le Cirque de Floirac et au pied de laquelle passe la voie ferrée qui relie Gramat à Brive. On y accède en prenant, à partir du village de Floirac, la D 43 en direction de Montvalent. A deux kilomètres de Floirac, après avoir dépassé le lieudit Foussac et la ferme "les Vacants", prendre dans le virage a droite le chemin de terre qui part sur la gauche. S'y arrêter à son départ, pour remonter l'éboulis de la voie ferrée jusqu'à cette dernière. La suivre en partant sur la gauche. Il faudra escalader la falaise cent mètres après la cabane SNCF (construite à l'intérieur d'un petit porche dans la falaise), à l'endroit où la roche nue fait place à la végétation. L'entrée se situé à 19m au-dessus de la voie. N.B. On peut y accéder moins rapidement en longeant la voie ferrée pendant un kilomètre au départ de la gare de Montvalent.
Description
L'Igue de Cadubel est divisée en trois parties bien distinctes. Une première •partie, fossile, comprend, depuis l'entrée, une galerie avec méandre à la voûte qui donne accès à une petit,. salle au bout de 10m. Une cheminée de 13m permet de redonner, par l'intermédiaire d'une petite gale-rie de même type que la première, dans la falaise. Un dépôt d'os et de détritus d'animaux tapis§e le fond de cette galerie. De la petite salle, dite "des poteries", où l'on peut voir un petit miroir de faille, partent une galerie et un puits. La galerie se développe parallèlement à la faille génératrice du puits ; elle est relativement étroite et basse, et s'arrête, au bout de 50m, sur une laisse d'eau. Le puits, d'une profondeur de 15m, est corrodé, large à sa partie supérieure plus étroit au fond. A 4,5m du fond, une étroiture donne accès à un puits adjacent qui s'est formé au dépend de la même faille ; il est cependant moins corrodé et descend de 17m. Bien que beaucoup plus grand que le premier, la descente est bien moins aisée du fait qu'elle doit s'effectuer dans sa partie la plus étroite. A la base du puits, côté nord, une coulée de huit mètres de haut se prolonge par une galerie de faible section, et de direction parallèle à celle de la faille, obstruée au bout de quelques mètres par\une trémie concrétion-née. Côté sud, se développent deux galeries très étroites de direction E-W (sensiblement parallèles à la falaise). La première est accessible par la coulée, d'une hauteur de trois mètres, à laquelle elle a donné naissance, et s'arrête, au bout de 10m, sur obstruction argileuse. L'autre, en face, et à hauteur d'yeux, donne sur la suite du réseau en recoupant, au bout de quelques mètres, une galerie supérieure légèrement plus grande. Nous signalons qu'un gros galet de quartz (sidérolithique) a été trouvé dans cette galerie. Il est possible, au fond du dernier puits, d'observer une petite faille avec déplacement des couches très visibles et parallèle à la faille principale. La deuxième partie de Cadubel est essentiellement déterminée par un système de failles parallèles et de diaclases provoquées par la poussée au vide de la falaise. Elle se présente sous la forme d'une galerie haute de 15m en moyenne et large de deux mètres, dont les parois sont inclinées à environ 30° (inclinai-son du miroir de faille).
La progression s'effectue dans la partie haute de la galerie où l'on peut observer des témoins de remplissage. La partie basse de la galerie est occupée par un plan d'eau entrecoupé d'éboulis. Vers l'E (aval), la galerie s'arrête sur une voûte basse impraticable. Vers l'W (amont), elle te prolonge sur quelques mètres jusqu'à un éboulis argileux. Dans sa partie supérieure, la galerie est entrecoupée de chatières localisées aux abords des changements de fissuration (faille ou fissuration de versant). Un concrétionnement important s'observe au niveau des chatières supérieures, tandis que dans les parties inférieures, on se trouve en présence d'un remplissage sidérolithique. L'on quitte soudain cette galerie, et la jonction avec la dernière partie du réseau se fait par un couloir quasi-circulaire de 1,20m de diamètre et perpendiculaire à l'axe des diaclases. Une petite salle suivie d'une plus grande, une galerie, puis une dernière salle, telle se présente la troisième partie du réseau. La petite salle est ronde, basse, concrétionnée et rendue humide par un écoulement permanent d'eau provenant de la voûte. Le passage de la petite salle à la grande est aujourd'hui rendu difficile par l'éboulis de la grande salle qui l'a en partie comblée. Ces deux salles se sont formées au dépend d'une faille parallèle à celle dont nous avons précédemment parlé. On peut, d'ailleurs, dans la grande salle, observer sur une paroi des remplissages de brèches tectoniques, ain-si que des fissures parallèles à la direction de fracturation, qui nous prouvent la présence de la faille. Au centre de cette salle remonte une cheminée de 2 à 3m de diamètre, visible sur une hauteur de 15m environ où elle semble s'arrêter, ce qui, l'es-calade n'étant pas achevée, laisse l'espoir d'une galerie supérieure. De part et d'autre, deux autres petites cheminées remontent également au même niveau, mais sont colmatées. Sous cette grosse cheminée, au milieu dy cône d'éboulis, très argileux, ont été trouvés des nodules de calcaire coniques, formés de disques concentriques de plus en plus petits ; nodules sans doute façonnés sur les parois par une érosion mécanique, et détachés par la suite. L'éboulis est constitué de très gros blocs et d'un dépôt argileux important. Au fond de cette salle s'ouvre une galerie en partie colmatée par l'argile (en cours de désobstruction). Provenant de là, un chenal s'est creusé dans le dépôt argileux et descend vers le point d'absorption de la galerie, lequel est mis en évidence par la convergence de l'éboulis nord et de la trémie côté sud. Des témoins de mise en charge sont visibles jusqu'à la voûte. Au départ de la galerie, sur la gauche, à 4m du sol, s'ouvre un petit boyau d'une quinzaine de mètres, colmaté par l'argile. Au fond de la galerie, la trémie livre passage sur la gauche ; passage très étroit, en coude, qui donne dans la dernière salle dite "de l'oblitérateur", car un immense bloc de 4m sur 3 et de 40cm d'épaisseur tient en équilibre par un point d'appui sur une paroi. La salle est de 9m sur 6, haute de 5m, plus élevée que la galerie précédente. Elle est encombrée par les éboulis de pierres et présente à sa voûte, sur toute sa longueur, une ouverture parallèle aux failles précédentes et large de 50cm maximum. De l'autre côté de la salle par rapport à la trémie, semble se trouver la continuation du réseau : un laminoir de 2,50m de large et de 30cm de haut, au sol argileux, qu'il faudra désobstruer su l'on veut "passer".
Documents
Cadubel-ext 03/12/2013Cadubel 03/12/2013
Histoire
L'igue de Cadubel fut découverte début 1972 par le S.C.S.C. au cours d'une prospection dans le cirque de Floirac, le long de la voie ferrée. L'entrée, repérée depuis la voie, difficile d'accès, fut atteinte la première fois par Cazal, Durand et Larribe dit Belou d'où son nom : Ca-Du-Bel. Ce premier contact avec la grotte permit de découvrir une petite salle et une galerie basse de 50m de long. Un paquet de cigarettes à l'entrée nous prouva que la caverne était connue (sans doute depuis les travaux de la voie ferrée). Nous n'y revenons que fin 1973 (Cazal, Thomas, Lleida, Bodin, Durand). En grattant dans les éboulis, un puits est découvert, ainsi que des morceaux de poteries (voir dernier paragraphe). La profondeur en est de 15m et le fond colmaté par l'argile. Quinze jours plus tard, une seconde visite livre un puits de 17m en diaclase et une petite galerie de 10m derrière une coulée. La semaine suivante, Eyma s'engage au fond de ce puits dans une petite chatière où il s'arrête sur une obstruction que l'équipe de la semaine suivante (Cazal, Bodin, Durand) forcera pour découvrir 70m de galerie au sommet d'une diaclase. Elle s'arrêtera sur un colmatage argileux. Enfin, quelques jours plus tard, Bodin et Durand, après désobstruction, découvrent la suite de la cavité : 120m environ dont les "grandes salles" ( 7m x 7m x 60m). Ce n'est qu'un mois plus tard que Bonnebouche et Dayma décourvriront la dernière salle dite "de l'oblitérateur", après passage dans la trémie terminale.
Commentaires
Hydrologie
Il est peu probable que l'eau que l'on trouve temporairement à Cadubal pro-vienne d'une perte. Il n'en existe pas sur cette pointe de calcaire, et la zone de pertes la plus proche est celle délimitée par la faille de Padirac. Encore que, de par la position de l'Igue, une perte au niveau de la faille serait obligée dans son cours souterrain de recouper le réseau de Padirac. Seraient-ce alors uniquement des eaux d'écoulement qui auraient formé ces galeries et créé des mises en charge comme il parait y en avoir eu ? Ce-la parait également peu probable vu le faible bassin qui pourrait drainer ces eaux en surface. Une solution parait encore valable et expliquerait les dimensions des galeries amont : c'est que Cadubel soit une ancienne dérivation du cours actuel de la rivière souterraine de Padirac qui ne serait plus occupé par ses eaux, la galerie principale de la rivière étant maintenant beaucoup plus basse que notre réseau. Les petites galeries d'entrée et les puits sont sans doute aussi très anciens et devaient, à l'origine, drainer la partie du Causse érodé par la Dordogne pour former le Cirque de Floirac. Cependant, si la théorie d'un ancien cours de Padirac parait attirante, il se pose dès lors un problème de' résurgence. En effet il n'existe au pied ou au flanc de la falaise aucune résurgence, si ce n'est à proximité, à la limite des terrains marneux, la fontaine de Poumeyrole, source (?) pérenne dont le débit est assez important. Mais d'autre part, il ne faut pas oublier que les travaux de construction de la voie ferrée ont créé un immense éboulis qui cache maintenant tout ce qui fut le pied de la falaise, et, peut-être également, un porche d'où sortaient les eaux de la fontaine... mais rien n'est sûr.
Observations de surface
En surface, au-dessus du réseau, rien n'est observable, si ce n'est une canalisation artificielle drainant les eaux du talweg -à l'aplomb des gale-ries. Par contre, à 550m à l'Ouest de l'entrée de l'Igue, sur la butte, se trouve un effondrement de 8m x 12m sur 2,50m de profondeur en moyenne, dans lequel on peut observer un porche correspondant à une ancienne galerie col-matée (voir plan). Peut-être cet affaissement, qui semble être une ancienne galerie effondrée est-il en rapport avec le réseau par des galeries accessibles depuis la cheminée de la grande salle. Ce qui semble être plus sûr, par contre, c'est qu'un trou, situé au milieu d'un champ et à présent bouché par le propriétaire donne dans ce réseau. Il se situe 500m à l'E de l'entrée, sur la faille qui a déterminé la formation de Cadubel.
Archéologie
Lors de la désobstruction du premier puits de Cadubel. en voulant dégager les gros blocs qui l'encombraient, nous avons mis à jour de nombreux débris de poteries. Bien qu'ils semblent d'âge récent (époque gallo-romaine), nous avons fait part de la découverte aux personnes-compétentes, et les bris contenus dans le colmatage de l'entrée du puits ont été précieusement recueillis et clasés. Signalons, entre autres, la découverte d'un anneau de bronze, et de ce qui semble être un objet de facture romaine. Un vase de petite taille a été en partie reconstitué ainsi que la moitié d'une amphore. Nous avons également, parmi ces bris, trouvé le fond de ce qui semble être l'ancêtre de la passoire actuelle
Cavités proche
Distance (km) | Nom | Longueur (m) | Profondeur (m) |
---|---|---|---|
2.6 | Pégaze (Gouffre) | 89 | |
2.7 | Lombard (Fontaine du) | ||
2.8 | Gourguet (Émergence du) | 100 | 24 |
2.9 | Briance (Fontaine de) | 5800 | |
3.0 | Mirandol (Évent de) | 5800 | |
3.0 | Finou (Source de la) | 59000 | 315 |
3.1 | Caillon (Igue de) | 300 | 60 |
4.0 | Caquerey (Émergence de) | 700 | 64 |
4.0 | Roc de Corn (Gouffre-goule de) | 2500 | 102 |
Géologie
Cadubel se développe uniquement dans le Bathonien inférieur-calcaire subli-tographique et joints marneux (marne en plaquettes) - mais il semblerait que nous soyons tout proche du Bajocien. Le développement s'effectue à partir de failles parallèles à une faille principale d'orientation 120-320gr (visible sur photos aériennes), et d'un ensemble de diaclases correspondant à la poussée au vide de la falaise. On notera que le Cirque de Floirac a sans doute été déterminé par la faille dont la formation semble antérieure au creusement de cet ancien méandre de la Dordogne, et qu'ensuite seulement, la fissuration parallèle au versant a eu lieu. Toutefois, une étude plus poussée des remplissages s'avère nécessaire afin de préciser la chronologie de cette formation.
CDS 46 (10/12/2013)