Névé (Gouffre du) [n°020] [n°20]

Chapareillan (Isère - FR)
45.432855,5.915992
Longueur 295m Profondeur 220m
Grottocenter / carte

Location

Le gouffre du Névé se trouve sur le versant Est du mont Pinet qui domine de sa haute stature le petit village de la Plagne. Il est accessible depuis la rampe boisée qui grimpe au col de l'Alpette sur les assises marneuses de l'Hauterivien. Le sentier, balisé en GR9A - Tour de la Chartreuse, s'enfile vers le Sud du massif de l'Alpe en direction des alpages et des Haberts de Saint-Vincent. Il croise non loin la bergerie et le col (?) de l'Alpette, Deux itinéraires possibles conduisent à l'entrée du gouffre du Névé. Le plus rapide, à partir de la bergerie puis du refuge, est de se diriger non pas au Sud par le sentier de grande randonnée aux marques rouges et blanches qui s'élève plus haut sur le plateau sauvage, mais plutôt vers l'Ouest en direction d'une crevasse ouverte sur les barres rocheuses qui surplombent le cirque de la Plagne et où l'on retrouve, indiqué par un gros bloc défendant le passage, les traces d'un petit sentier s'en allant progresser sous de grands encorbellements juste au-dessus des rochers du Biolet. Grimpant en direction du sommet du Pinet, on ne tarde pas à arriver sur un premier replat. La sente se rabat sous l'espace abrité d'une nouvelle barre rocheuse et de beaux surplombs ayant à ce niveau une vue bien dégagée sur le Nord des alpages. Plus haut en laissant filer sur la droite plusieurs sentiers, vers 1600 mètres d'altitude et à une heure et quart de marche de la Plagne, se discerne, enclos de murailles blanchâtres où pointe plus haut la croupe sommitale du Pinet, de vastes étendues de lapiaz où se découvre en premier lieu, juste à portée du sentier, un petit gouffre portant le numéro 21. La sente. balisée de quelques cairns et côtoyant Ie numéro 322, vague ensuite au bas des rochers puis grimpe brusquement à l'approche du gouffre du Névé (numéro 20) que l'on découvre sur un replat boisé se déprimant en un large puits dédoublé et profond d'un initial jet vertical d'une quinzaine de mètres de hauteur. L’abîme est d'ailleurs situé à quelques mètres du chemin qui se hisse vers le sommet du massif depuis le plateau de l'Alpette et de son GR, à partir duquel s'échappe. indiqué d'une petite pancarte, le sentier du Pinet croisant dans son ascension les cavités 35 et 19. Cette dernière se situant au voisinage, précisément à une cinquantaine de mètres du gouffre du Névé : la grotte présente une belle ouverture en joint de strate se terminant au bas d'une verticale sans issue de 20 mètres de profondeur. En contrebas, non loin du carrefour sentier du Pinet / GR9, une cinquantaine de mètres à l'Ouest du chemin, se trouve la curieuse cabane à Momo, minuscule refuge aménagé il y a plusieurs dizaines d'années par Maurice Pailleret, située tout près d'une jolie grotte (numéro 182) développant près de 70 mètres de spacieuses galeries. Jean-Louis Fantoli - 11/02/2015

Les coordonnées indiquées dans la base de données des grottes de SavoieGrottes de Savoie : Chartreuse - Alpette, Alpe > "Névé (Gouffre du) - n° 20 ; St.Marie du Mont" : cds73.free.fr/cavites.php?file=alpette en juillet 2019 (Lambert 3 : X 879.970 Y 3354.179 ou UTM : 31T 728006 5035153, soit Latitude = 45.43285 degrés N. et Longitude = 5.91599 degrés E.) situent cette entrée sur la commune de Chapareillan et non sur celle de Sainte-Marie-du-Mont mentionnée dans la même source bibliographique. BTH - 29/07/2019

Description

Présentation glaciologique

Jean-Louis Fantoli - 11/02/2015

Le gouffre du Névé ne comporte, comme son nom pourrait simplement le laisser suggérer, qu'une simple masse de neige durcie terrée dans l'obscurité de la caverne, mais un véritable glacier souterrain, paysage grandiose où d'énormes épaisseurs de glaces vives stratifiées demeurent suspendues sur la gueule démesurée d'un abîme d'une centaine de mètres de hauteur. En vingt années, cet énorme glacier a perdu près de 40 % de son volume initial ; le névé encore indiqué sur les topographies du Spéléo Club de Savoie (SCS) vers le fond du puits de 95 mètres n'existe pratiquement plus. Seul un lambeau de glace subsiste à l'amorce de la faille qui prolonge le gouffre en profondeur, alimenté par les absorptions de neige qui interviennent encore en hiver. mais en de moindres et irrégulières proportions, témoignant du lent et impitoyable réchauffement du climat de notre planète entamé depuis plusieurs décennies maintenant. L'exploration du précipice. fractionné ici en une unique et vertigineuse rafale de puits, promet. Il n'est donc pas sans profit de dévaler ces verticales, car hors du contexte purement sportif, la curiosité est avivée tout naturellement par la présence de ce glacier englouti depuis de longues périodes géologiques. Cette visite met aussi en lumière les lents processus des zones d'appel agencées dans les calcaires par la pesanteur, lesquelles, comme aux grottes voisines du Grand Glacier, démontrent toute l'étendue de l'engouffrement de langues glaciaires qui pénétrèrent jadis dans le sous-sol de cavernes. Ces constatations faites, malgré tous les efforts que mirent en oeuvre les spéléologues pour découvrir des prolongements menant tambour battant au collecteur du réseau de l'Alpe, le gouffre du Névé, avec son P100, reste l'une des plus belles verticales du massif avec laquelle on peut se mesurer.

Description générale

Jean-Louis Fantoli - 11/02/2015

Ce gouffre, l'un des plus remarquables du massif de Alpe, s'ouvre sur le revers oriental du Pinet particulièrement propice à préserver ici dans ses flancs de considérables volumes de glace, véritable conservatoire des vestiges des ultimes glaciers autochtones du Quaternaire submergeant les massifs cartusiens aux ères würmiennes (cf. section précédente "Présentation glaciologique). L'orifice s'évase verticalement en un large puits dédoublé ménagé à travers les assises de l'Urgonien activement fracturées dans ce secteur faillé du massif. Un palier à 15 mètres sous l'entrée, encore éclairé par la lueur du jour, permet tout d'abord de prendre pied sur un important éboulis fortement incliné vers de sombres et mystérieux prolongements. La pente croulante s'accentue, recouverte d'un manteau glissant de neige sale et de glace fondante, se déversant brutalement sur un abîme gigantesque ceinturé sur les 3/4 de son pourtour par un surprenant glacier souterrain dont la masse toute entière, accrochée comme désespérément au roc qui le retient depuis des millénaires, s'enfonce absorbée inexorablement par le gouffre géant béant en une verticale absolue de 100 mètres de profondeur. D'une étroite et providentielle corniche aujourd'hui libérée des glaces dont à l'opposite l'épaisseur stratifiée s'affaiblit à mesure de la descente vers 30 mètres sous les lèvres du puits, seul le rocher apparaît désormais jusqu'au bas de la verticale, occupée comme il se doit par un cône de déjection entretenu par les chutes de neige. La cavité s'abaisse ensuite de nouveau entre roc et glace sur une verticale de 35 mètres. Les parois s'étranglent et cèdent le pas à un autre puits de 38 mètres au bas duquel au niveau d'un palier se subdivisent deux réseaux en diaclase conduisant au terme du gouffre établi pour le plus profond à 220 mètres sous la surface (P8 et P17) pour l'autre (P 18) à 215 mètres de dénivellation.

Equipement

Jean-Louis Fantoli - 11/02/2015

ObstacleCordeAttacheObservation
P3 P12 R4 P5C40AN 1S 1S 1SArbre Main courante sur terrasse
P100C1104S2 fractionnements à -15 et -80
P35C402SEtroiture
P38 (30+8)C452SDiaclase
P17C202S-220 m

Documents

Bibliography 29/07/2019
Gouffre du Névé 20/12/2014

Histoire

Le gouffre est repéré en juillet 1959 par Claude Mugnier et Bruno Cabrol qui descendent le premier puits et s'aventurent jusqu'au bord du précipice enserré du glacier souterrain. Le 19 septembre 1959, la même équipe renforcée de J. Bruel et de G. Pellat, reconnaissent jusqu'à 60 mètres de profondeur la verticale et s'arrêtent sur manque d'échelles. Le 26 septembre 1959, journée particulièrement pluvieuse, nouvelle incursion dans l'abîme pour l'équipe qui réussit l'exploit de parvenir à -120 mètres de profondeur, prenant ainsi pied au bas de cette incroyable verticale. La suite du réseau est explorée en juillet 1961 jusqu'à -197 par les membres du camp spéléo de Chambéry qui se composaient pour lors de M. Bétemps. M. Cagnon, J. Boutrelle, R. Thonet. H. Dadieu et B. Cabrol. Le fond du gouffre est atteint en juillet 1962 par -215 mètres de profondeur. Cette dernière expédition. dirigée par M. Bétemps, M. Vallet, R. Thonet. A. Moirant et B. Cabrol, fut vaillamment accomplie grâce à l'emploi d'un treuil pour assurer la remontée et d'un téléphone en assistance. La cavité est revue en avril 1974 par R. Durand. B. Lac et A. Taglianut qui utilisent pour la première fois dans ce gouffre les nouvelles techniques de remontée sur cordes grâce à leurs jumars. Fouillant la base du P.38, ils franchissent le seuil d'une menue diaclase et dévalent un nouveau puits haut de 17 mètres, aboutissant à -220 mètres dans une salle irrémédiablement close. Lors du camp d'été de 1975, accompagné de Y, Blusson, nous retournons au fond de l'impressionnante verticale, cherchant en vain à dépasser le terminus de nos prédécesseurs non sans évaluer l'ampleur du glacier souterrain confiné sous la surface de ce gouffre géant. En septembre 1996, après avoir remis à neuf une grande partie des amarrages, 30 mètres linéaires sont rajoutées à la cavité avec T. Rossi et J. Perez. Jean-Louis Fantoli - 11/02/2015

Cavités proche

Distance (km)NomLongueur (m)Profondeur (m)
0.0Gouffre [n°082] [n°82]1313
0.1Gouffre [n°038] [n°38]1313
0.1Gouffre [n°037] [n°37]4033
0.2Gouffre [n°239.1]7725
0.2Gouffre [n°194]1515
0.2Gouffre [n°316]1717
0.2Grand Glacier (Gouffre du)2926371
0.2Gouffre [n°193]5547
0.2Gouffre [n°024] [n°24]77