Fausse Monnaie (Aven-grotte de la)

Fausse Monnaie Est (Entrée de l'aven-grotte de la)

Mas-de-Londres (Hérault - FR)
43.772846,3.764717
Longueur 632m Profondeur 110m
Grottocenter / carte

Location

Accès général : Sur la D 986 juste avant de descendre sur la plaine de Saint-Martin-de-Londres, tourner à droite en direction de Mas-de-Londres. Au bout de 500 mètres, juste avant d'entamer la descente, tourner à droite et suivre une piste sur 200 mètres. Chemin d'accès de l'entrée Est : De l'endroit où vous êtes garés, il faut prendre le chemin qui file à l'Est en prolongement du parking vers la croupe de terrain qui prolonge le pic Saint-Loup. Ce chemin est quasiment plat. Après environ 300 mètres, il y a une sente peu marquée, main droite (flèche rouge sur le sol). Le chemin est parsemé de traces rouges sur le sol et de cairns jusqu’à ce que l’on arrive à une vague clairière. L'entrée moussue de 50 centimètres de diamètre est située à 5 mètres, main gauche du sentier, assez haut dans la combe, au pied d'un érable à plusieurs troncs. Si vous arrivez à deux restes de charbonnières (une de chaque côté du sentier) c'est que vous êtes montés 50 mètres trop haut dans la combe : redescendez et cherchez à votre droite. Soufflet Benjamin - 22/01/2021

Description

Contexte karstique

BTH - 22/01/2025

Bancal (1951) écrivait: "Nous avons soigneusement prospecté cette région; les dolines et les avens sont nombreux. Ils sont colmatés à faible profondeur. [...] Les grottes sont toutes vieilles et sèches malgré la faible épaisseur du plafond. Ce sont d'anciennes galeries non entièrement colmatées dont une partie de la voûte, trop mince, s'est effondrée. [...] On se trouve en présence d'un karst ancien et colmaté qui n'a pas eu encore le temps d'être surcreusé." Ces appréciations restent exactes, bien que quelques dizaines de nouvelles cavités, en quarante ans, soient venues s'ajouter à celles qu'avaient décrites Laurès et Bancal. Ce dernier ajoutait par ailleurs à propos des cavités verticales: "remarquons qu'au SW, à une exception prés, tous les avens un peu profonds se trouvent sur les hauteurs et non sur le plateau". Les avens de la Boissière illustrent parfaitement cette observation. Comme on peut le voir sur la figure 2 (voir source biblio), nous avons confirmé cette assertion sur un diagramme qui montre clairement une prédominance des avens sur les hauteurs et un regroupement des conduits horizontaux par niveaux d'altitude, au dessous de 310 mètres. Deux pics d'altitude, pour les grottes, sont nettement décelables : en dessous de 150 mètres (grottes de bas niveau voisines du lit de l'Hérault) et à 200 mètres. Un troisième niveau plus étalé correspond à de vastes cavités d'allure très ancienne entre 250 et 310 mètres d'altitude. A l'évidence, si le niveau de 150 mètres correspond à des cavités récentes liées au creusement terminal du canyon de l'Hérault, les deux autres niveaux sont en relation avec deux aplanissements clairement individualisés. Le niveau des 300 mètres est celui d'une surface d'aplanissement très connue des géographes, que E. Coulet a tenté de reconstituer dans tout le bas Languedoc et qu'il dénomme "surface fondamentale". Pour cet auteur, elle se serait façonnée de l'Oligocène au Miocène. Elle est caractérisée par des dépôts particuliers: rognons ferrugineux, argiles rouges. Il semble que les géomorphologues remettent désormais en question le bien fondé de ces concepts de "haute surface" et de "surface fondamentale". Néanmoins, l'aplanissement des 300 mètres qui a affecté une large portion du Bois de Monié est donc doublé souterrainement de galeries de grottes et cette association n'a sûrement rien de fortuit. Nous avons récemment exploré deux exemples de grottes appartenant à ce niveau. Nous citerons d'abord la grotte du Saint-Sépulcre (Brissac 711,48-172,34-295m) qui s'ouvre dans le Kimméridgien, à 20 mètres en rive droite d'un petit cirque 30 mètres à l'est d'une faille sud-sud-ouest, 1370 mètres au sud-est de la Vernède, en rive droite de la Combe des Mûriers, juste au dessus des falaises. Par une petite entrée en bouche de four (0,5 m x 0,5 m), on pénètre dans une galerie descendante ouest-nord-ouest aboutissant après 20 mètres (-13) au pied de hautes cheminées concrétionnées. On peut les escalader jusqu'à +7 où l'on jouxte les fissures du lapiaz sus-jacent. Un diverticule de 12 mètres se dirige, du pied des cheminées, vers le sud-est puis le sud où l'on rencontre le point bas à -14. La température (à -14, en octobre 1983) est de 14°C. La grotte du Devois (Brissac 711,47-173,12-275m) se trouve à 1100 mètres au sud de Valboissière, 70 mètres au sud-est de la Cote 260 IGN, 50 mètres à gauche d'un sentier partant de la route D1 à 35 mètres de son carrefour avec celle-ci. L'entrée désobstruée donne sur un puits aboutissant à une galerie concrétionnée longue d'une cinquantaine de mètres (-15). On peut remonter vers le nord-est par la pensée ce niveau 260, que l'on recoupe dans l'aven 3 du Bois d'Ubac, l'aven du Bois du Haut et la grotte du Coteau 327. Dans le secteur de ces dernières cavités, un autre niveau, plus élevé, se rencontre à 300 mètres d'altitude : grotte du Coulet, grotte N°1 du Bois du Haut. On le retrouvera plus au nord, à faible altitude sous la surface "fondamentale": grottes de l'Abbé Pialat, de la Fausse Monnaie. Quelle que soit la datation de la surface des 300 mètres, ces galeries à 260 et 300 sont contemporaines soit de sa mise en place, soit du début de son démantèlement, c'est à dire au minimum miocènes. Le niveau des 200 mètres est très intéressant à observer. Il s'observe au voisinage de la plaine de Valboissière, que B. Gèze décrit comme un ancien méandre de l'Hérault au Villafranchien et que E. Coulet interprète plutôt comme un poljé. Nous avons proposé d'interpréter ce niveau de galeries comme un "ancien lit souterrain de l'Hérault" d'âge plio-villafranchien (Brun 1989). La grotte n°2 de Valboissière (Brissac 711,89-174,10-200m) en représente un tronçon. En 1983 nous avons découvert une série de grottes alignées, recoupées par l'érosion, tronçonnées par les ravins actuels : la grotte aval de la Vernède n°1 (Brissac 710,64-173,04-200m) située au pied nord d'une "aiguille" visible au fond d'un cirque, au pied des falaises inférieures 350 mètres au sud-est du château de la Vernède, est constituée par une galerie ouest-est de 26 mètres. En prospectant dans le prolongement de cette grotte, nous arrivons à un profond ravin affluent de l'Hérault : la combe des Mûriers ou des Amouriers. Deux autres grottes de même orientation y béent. La grotte n°1 de la Combe des Amouriers (Brissac 710,96-173,15-210m) possède deux entrées espacées de 5 m : 5 m x 4 m et 0,5 m x 1 m. Toutes deux donnent sur une vaste salle 12 m x 10 m x 10 m : la plus grosse par un puits de 5 mètres, et la plus petite par un puits de 13 mètres. Cette salle contient un cône d'éboulis de 7 mètres de haut. On y retrouve quelques murs construits. A -14 une galerie 4 m x 4 m de 15 mètres de développement aboutit à un ressaut aménagé (murettes). A-18 la galerie (3 m x 5 m) forme un système à 5 étages superposés descendant à -21 où l'argile obstrue l'ensemble. A -16, un laminoir a fait l'objet de travaux de désobstruction. Selon P. Vincent, cette cavité longue de 75 mètres (-21) a servi d'habitat au chalcolithique et à l'âge du bronze (tessons et pendentif en os). La grotte No2 de la Combe des Amouriers (Brissac 710,95-173,28-230m) s'ouvre 130 mètres au nord et 20 mètres plus haut que la précédente, au pied d'une falaise, par une petite entrée cachée. Après un boyau de 2 mètres, un ressaut de 3 mètres aboutit à une salle 5 m x 4 m x 4 m (-7) dont la partie basse repart vers le versant (racines indiquant une relation avec un ancien porche effondré indécelable...). Vers l'est, une galerie horizontale de 7 mètres (-3) aboutit à une seconde salle, concrétionnée, 8 m x 6 m x 6 m (-5), en forme de rotonde sans issue. "Comme la grotte n°1 de la Vernède et la n°1 de la Combe des Amouriers, écrivions nous, cette grotte est dirigée ouest-est et témoigne d'un ancien lit de rivière souterraine de l'Hérault, lorsque celui-ci serpentait 100 à 150 mètres au dessus de son lit actuel, c'est à dire au Villafranchien, voire au Pliocène, à l'époque où le méandre suspendu de Valboissière était un lit fonctionnel". Quelles que soient les datations exactes du méandre tronqué (ou poljé) de Valboissière, sa surface est clairement doublée de galeries à faible profondeur correspondant à d'anciens lits horizontaux de rivière souterraine. Les trois niveaux de galeries (300, 260 et 200) s'enfoncent dans un massif plus élevé qui borde au sud les aplanissements: la série de sommets du col de la Cardonille. Ces sommets sont assez riches en avens dont certains recoupent des tronçons de ces galeries. Cette disposition contraste avec les hautes surfaces du nord-est du massif, qui, malgré leur étendue, n'ont livré aucun aven de quelque importance. Ceci va dans le sens de notre hypothèse (Brun 1989) liant de façon préférentielle le creusement des avens des garrigues à l'existence de galeries sous-jacentes préexistantes : le fameux principe controversé du "jalonnement" de Paramelle. Nous trouvions sur l'ensemble de la région montpelliéraine que l'existence d'un conduit préexistant sous-jacent était associée à une plus grande profondeur des avens, de manière hautement significative sur le plan statistique. A 280 mètres d'altitude, l'aven n°2 de la Boissière recoupe effectivement une vaste salle chaotique d'allure ancienne. Par contre le n°1 descend à 260 mètres d'altitude sans recouper de galerie. Ceci nous amène à poser à nouveau la question de la spéléogénèse des avens des garrigues. L'aven n°1 de la Boissière ressemble fortement à d'autres avens eux aussi très verticaux, généralement situés sur des sommets. La chaîne voisine de la Sellette en contient toute une série : l'aven N°1 du Signal de Puéchabon, l'aven Claude, l'aven du Puech de la Galine... La morphologie de ces cavités est très stéréotypée : des regroupements de cheminées voisines, de profondeurs différentes, parallèles, totalement verticales, et reliées par des "fenêtres". Il est évident que ce ne sont pas des cours d'eau pérennes qui ont creusé ces cheminées verticales. Les avens Claude et n°1 du Signal de Puéchabon s'ouvrent à même la crête de la Sellette, c'est à dire sur un lambeau de la "haute surface" que E. Coulet date de l'Oligocène. Or les karsts datés de cette époque sont des poches d'allure très ancienne, comblées par des remplissages que les cavités actuelles ne réutilisent généralement pas (bien que H. Camus ait récemment postulé la réutilisation de paléokarsts crétacés sur le Larzac). Les avens sont généralement attribués aux phases froides du quaternaire ancien, où ils auraient été soit des "puits à neige" sur le modèle alpin, soit des pertes de torrents saisonniers drainant les eaux de névés importants. Pour G. Fabre il y aurait deux phases principales, successives, de creusement d'avens dans notre région, qui seraient, propose-t-il, le Günz et le Mindel. D'où deux types d'avens : les "jeunes", monopuits d'allure récente, n'ayant subi qu'une phase d'érosion, l'épisode présumé Mindélien. Et les "vieux", polypuits associant de vastes verticales d'allure ancienne aux traces d'érosion émoussée (supposés günziens) et des conduits jeunes plus étroits (supposés mindéliens). Ce schéma reste très satisfaisant pour expliquer l'ensemble des formes que nous observons. L'aven n°1 de la Boissière serait un polypuits günzien. Notons toutefois que le morphotype particulier (verticalité rigoureuse et série de cheminées parallèles) de cet aven est assez typique des calcaires sublithographiques du Kimméridgien inférieur (ex: "Séquanien") où il est visiblement favorisé par la disposition en petits bancs décimétriques alternés avec de minces passées argileuses en plaquettes. Dans ce type de calcaire, les diaclases semblent s'élargir volontiers en vastes puits arrondis de belle allure, comme nous l'avons encore vérifié récemment en découvrant le vaste puits de l'aven du Pic Saint-Baudille. L'aven n°1 de la Boissière présente donc typiquement cet aspect "séquanien" alors même qu'il est creusé dans la zone récifale du portlandien ("tithonique coralligène"), c'est à dire un autre faciès "à grands puits" mais qui donne généralement des profils fort différents. La présence de l'accident nord-est/sud-ouest voisin, ramification d'une faille de la distension oligocène, est sûrement l'explication de cette particularité. On constate d'ailleurs que d'autres prolongements de cet accident sont jalonnés par des avens, le principal, à 10 km au nord-est, étant l'aven de Valcroze situé à l'autre extrémité du massif et qui présente aussi une verticale de 70 mètres. Au total, la découverte du nouveau réseau de l'aven de la Boissière permet d'envisager le massif karstique du Bois de Monié sous un éclairage renouvelé, relançant ainsi son intérêt spéléologique. La série de sommets encadrant le col de la Cardonille, associant d'anciens lits de rivière souterraine suspendus à trois niveaux (200, 260 et 300), au voisinage des gorges de l'Hérault qui ont dû jouer un rôle dans leur genèse, et un zébrage d'accidents nord-est/sud-ouest ayant joué en distension, nous semble un secteur encore prometteur qui pourrait à l'avenir réserver quelques belles surprises. Source : * Jean Frédéric BRUN et Thierry Coste (GERSAM), "L'aven n°1 de la Boissière dans le contexte karstique du Bois de Monié", in Spelunca, 49, 1993, PP 45-49: gersam34.free.fr/boissiere/boissiere.htm

Equipement

Voir les fiches d'équipement dans la fiche Grottocenter dédiée à l'entrée Est de cet aven

BTH - 24/01/2021

ObstacleCordeAttacheObservation

Autres entrées de ce réseau

Distance (km)Nom
0.3Fausse Monnaie (Entrée ouest de l'aven-grotte de la)

Cavités proche

Distance (km)NomLongueur (m)Profondeur (m)
0.3Fausse Monnaie (Entrée ouest de l'aven-grotte de la)632110
0.6Château d'Eau n°2 (Aven du)10534
1.1Baume Saigner (Aven-grotte de la)20080
1.2Brebis Noire (Aven-diaclase de la)4218
1.4Puech de Caucaliès n°2 (Grotte du)155
1.6Malarasse n°5 (Aven de la)3232
1.7Hubac (Aven de l')11
1.9Seuilles 2 (Grotte de)
1.9Tour de Cazevieille n°1 (Aven de la)80