Alpe (système de l')

Brutus (Gouffre) [n°180.1 et 180.3]

Sainte-Marie-du-Mont (Isère - FR)
45.431330,5.918613
Longueur 71000m Profondeur 665m
Grottocenter / carte

Location

La commune d'Entremont Ie Vieux se situe à la confluence des torrents de la Culaz, du Doèt et de la Glière. Elle est appelée aussi Epernay et comporte une multitude de petits hameaux pour la plupart parcourus par les ruisseaux qui dévalent les pentes marneuses formant les soubassements des massifs du Granier et de l'Outheran et qui viennent grossir par l'intérieur de cette partie du massif de la Chartreuse les eaux du Cozon et du Guiers-Vif. L'une de ces bourgades, la Plagne, à ne pas confondre avec la station olympique localisée en Tarentaise, est établie juste sous les imposants bastions rocheux du Pinet qui forment ici même un gigantesque cirque où se dressent de grandes et admirables falaises des séries calcaires qui portent en leurs flancs les grands réseaux spéléologiques : il s' agit précisément des couches de l' Aptien. Depuis la Plagne. grimper au col de l' Alpette ( 1545 m). Descendre sur la bergerie et le refuge nichés tous deux dans une dépression du terrain puis remonter sur le plateau boisé par le sentier de grande randonnée repérable par les traces de peintures rouges et blanches : sentier bien signalé qui permet d'atteindre le Sud du massif où l'on trouve la bergerie de Saint-Vincent. Sur le parcours on côtoie quelques gouffres sans grandes importances mais qui sont le signe d'une intense activité karstique en ces lieux propices à l'infiltration des eaux dans le sous-sol. On ne tarde pas à atteindre une clôture de fils barbelés délimitant les alpages Sud et Nord du massif de l'Alpe. Franchir cette barrière puis abandonner le tracé originel pour longer à l'Ouest l'enclos. Enjamber des troncs arbres affalés sur passage et descendre parmi les bosquets de bois pour suivre un petit sentier remontant insensiblement au Sud-Ouest une sorte de vallon délimité sur la droite par une bande de lapiaz recouvert de végétation. Faire une centaine de mètres pour aboutir au-devant d'une clairière enceint de pentes herbeuses. S'engager plein Ouest sur la droite en laissant la sente remonter le vallon à travers le lapiaz pour trouver 30 mètres plus loin un affaissement correspondant à la doline des Trente dont les rochers qui masquent rentrée d'un gouffre ventilé par un courant d'air furent vainement déplacés. Positionnée sur une fracture du massif que l'on distingue se prolongeant au Sud-Ouest, cette fosse d'effondrement communique certainement avec les galeries du gouffre Brutus situées 80 mètres à l'aplomb. Une petite trace remonte d'ailleurs en direction du golet que l'on trouve un peu plus haut caché par la végétation. Il est préférable de prendre sur la droite du golet des Trente un petit chemin qui s'échappe sur les dalles de lapiaz en direction du mont Pinet. Attention au fils de fer barbelés. Quarante mètres un peu plus en hauteur. passer sur la gauche d'une petite doline. A l'azimut de 240 grades, marcher encore 40 mètres pour découvrir l'entrée du Brutus indiquée du numéro 180 et recouverte par un assemblage de brancbes qui protégèrent l'ouverture des massives chutes de neige lors des explorations hivernales. Jean-Louis Fantoli - 09/02/2015

Description

Présentation

Jean-Louis Fantoli - 09/02/2015

Cette porte d'accès au réseau de l' Alpe par laquelle il est désormais possible de rejoindre le collecteur du massif par 370 mètres de profondeur se positionne sur le flanc Est du mont Pinet : ce qui en fait la deuxième entrée, avec celle de la Combe des Arches. à se localiser sur la partie la plus proche de l'exutoire du Cernon au niveau de la gouttière synclinale. Le réseau de l'Alpe est actuellement scindé en deux unités qu'une courte galerie noyée de 65 mètres de longueur vient à séparer. formées en premier lieu par les golets réunis du Berger, du Tambourin, du Pompier, des grottes du Biolet et des Ours, lesquels drainent la partie Sud du massif, et de l'autre par les gouffres du Brutus et de la Combe des Arches, ce dernier se trouvant excentré, car s'ouvrant au Nord-Est du massif et étant Ie seul orifice à communiquer dans ce secteur désolé du massif avec le collecteur. Le gouffre Brutus s'agence ainsi sur une partie stratégique du réseau de l'Alpe car il permet non seulement de parcourir une grande distance sur le cours actif principal en direction de l'émergence du Cernon, mais également d'effectuer une véritable traversée sportive avec le réseau de la Combe des Arches. Aux environs se développe un grand ensemble de cavités formant la structure souterraine du réseau du mont Pinet. composé essentiellement des gouffres du Brouillard. des 6 grottes du Pinet, Warglü, Satanas et Carré. des grottes du Truc, de l' Antibrouillard et des 3 Flibustiers à la fois - égalant un total de galeries explorées de près de 10 kilomètres et atteignant 510 mètres de profondeur mais qu' aucun spéléologue jusq'à présent pu relier directement au réseau principal, étant donné l'importance de la fracturation qui oppose par des miroirs de failles toute connexion possible avec le gouffre Brutus situé pourtant à moins de deux cent mètres de distance.

Jean-Louis Fantoli - 09/02/2015

Dés l'entrée. une série de verticales (P7. P17. P31) se dévale jusqu'à 60 mètres sous la surface atteignant une galerie spacieuse et sèche qui se trouve rapidement obstruée à l'aval par une trémie de rochers où l'on trouve une succession de tortueux passages débouchant dans le prolongement d'un beau miroir de faille. A ce niveau. sous de gros puits ascendant, on recoupe un réseau quelque peu actif se développant aussi bien à l'amont que vers l'aval, La galerie Manta, qui peut être remontée sur 125 mètres de distance de -70 à -40, comporte d'instructives banquettes de remplissages des calcaires détritiques du Gault. En bas. s'insinuant sous la dalle lisse et verticale de la faille où quelques étroitures entravent encore le passage. on rejoint par une lucarne le sommet d'un puits de 8 mètres que l'on enjambe sur des dalles de rochers. Un vaste ensemble vertical de 14 et 32 mètres (le puits Variable) conduit sur une pente ébouleuse de gravats et de blocs qui colmatent une nouvelle fois la galerie. En évitant ces effondrements. on parvient sur le sommet d'un nouveau puits de 47 mètres. A 180 de profondeur. un petit ruisselet s'écoule dans un large méandre et se jette au bout de 40 mètres de distance dans un énorme puits de 115 mètres : le puits Saperlipernette. Un réseau parallèle, rejoint en pendule 30 mètres sous la margelle active. permet avantageusement d'éviter tous les embruns de la cascade qui arrosent les parois. La cote des 305 mètres de profondeur est rapidement atteinte grâce à cette zone verticale qui débouche sur un réseau amont et aval. Le cours actif du ruisseau se remonte jusqu'à la base d'une cheminée située une quarantaine de mètres plus loin. Suit un réseau ramifié devenant actif également et se colmatant en aval à la cote 320 mètres du réseau souterrain. Il s'agit de l'Aval Craquette, dont la topographie permet de remarquer la flagrante proximité de la région terminale du réseau Biolet-Ours. Le réseau Marie-Michel pour sa part. se développe aux dépens de grandes fractures sur 600 mètres de distance ponctués de larges méandres. de profonds bassins et de brèves verticales (P5. P14) : ceci jusqu'à la confluence avec le torrent collecteur du massif lui-même que l'on rencontre par 377 mètres de profondeur à la cote - 575 mètres du réseau de l' Alpe. Cherninant au fond de la gouttière synclinale, la pente du torrent se réduit considérablement; de nombreux bassins entravent la progression tout au long du cours actif qui se prolonge sur près de 1500 mètres (de - 575 à - 602 m). Des chenaux étroits et ennoyés, observables au niveau de longues diaclases. se court-circuitent en hauteur dans d'amples conduites fossiles, et c'est à 360 mètres de distance du point de jonction Brutus / collecteur de l'Alpe que se raccorde en rive gauche un ajusternent de canaux nommés la galerie Cruk. alimentée par un petit ruisselet émergeant d'un siphon, Tout au long de ce magnifique parcours de nombreux affluents se jettent dans le cours principal et en grossissent les flots, en majorités localisés en rive gauche du réseau. Le seul confluent important en rive droite est représenté par le fameux réseau de la Combe des Arches qui aboutit, d'une part à -395 mètres (-592 m) dans le collecteur au niveau amont d'un grand lac, le lac et d'autre part dans la galerie Crak débutant en aval du plan d'eau. La galerie Crak permet d'ailleurs à un étage supérieur d'abandonner le conduit noyé de la rivière qui s'écoule sans pente notoire dans une haute diaclase. L'actif est retrouvé au bas de quelques ressauts et alimente un important bassin. Quelques mètres plus en aval, la voûte, presque à portée de la main. rejoint la nappe claire et désormais silencieuse de l'onde.. Le fond du système de l'Alpe est atteint avec ce siphon qui marque, à 405 mètres de profondeur (-602 m), le terme de la visite. En se dirigeant en amont du collecteur, équipé comme il se doit d'une pontonniète voir d'un vêtement néoprène pour combattre les effets de l'eau glacée. on rencontre en hauteur à près de 150 mètres de cheminement du point de jonction Brutus / collecteur. une large galerie fossile que l'on peut suivre sur une centaine de mètres et d'où s'échappe un méandre remonté sur 80 mètres d'étendue jusqu'à un éboulement infranchissable. Le seul intérêt de cette découverte réside dans le fait que ce point terminal ne semble éloigné du fond du réseau du Brouillard-Pinet que de 135 mètres de distance. La boucle fossile, quant à elle, terminée par un ressaut de 4 mètres de hauteur, permet de reprendre pied dans le collecteur qui se subdivise en de curieuses ramifications sans suites pénétrables, dont l'une, établie dans une étroite et tourmentée diaclase de 150 mètres de long, regroupe les eaux du torrent recoupé transversalement par une grande galerie de débordement occupée par une multitude de marmite de géant. L'une. vers 400 mètres du point de jonction. et que Jean Louis Fantoli a baptisé, lors des premières explorations, la marmite de Kéops, entrave sérieusement la progression. En amont. le réseau semi-actif se fractionne de nouveau pour former sur une centaine de mètres vers l'Est. la galerie Crok. terminée par un plan d'eau siphonnant à niveau variable. A l'Ouest, la galerie Crik. remonte insensiblement l'espace d'une centaine de mètres, se terminant sur un puits noyé à 6 mètres de profondeur lorsque les eaux sont à létiage (cote -350 mètres du Brutus). Une pancarte en alu, posée là le jour de l'exploration en solitaire par JL Fantoli, de la zone noyée terminale du complexe souterrain BioletTambourin-Ours-Pompier, prouve l'incontestable jonction de ces réseaux avec les golets Brutus-Combe des Arches, faisant du réseau de l'Alpe avec ses 60 kilomètres de galeries explorées l'un des plus considérables de France.

Equipement

Jean-Louis Fantoli - 09/02/2015

ObstacleCordeAttacheObservation
P8 P15 P30C657SZone d'entrée en pendule
MCC122S
P14C15AN
P32C353S
P47C555S
P117C12510SPuits Saperlipernette
P5 P19C223SMéandre actif
C15Progression dans le collecteur

Histoire

Lors d'une prospection du massif de l' Alpe durant le camp d'été du Spéléo Club de Savoie en 1966 la cavité est découverte et explorée jusqu'au bas des premières verticales. En 1978. Isabelle Bouvier et Robert Durand visitent le gouffre et explore en amont la galerie Bird sur 120 mètres de distance. En 1981. le gouffre va livrer accès au collecteur de l' Alpe resté inconnu en aval du terminus de la grotte aux Ours. C'est à partir du 2 août 1981, que Jacques Nant et Christian Hermen, décidés de percer les mystères de ce secteur du massif. entament les premières désobstructions qui les mèneront au niveau du miroir de faille et découvrent l'amont de la galerie Manra. Grâce à un judicieux tir d'explosif. le 5 septembre 1981, ils parviennent à franchir. avec leurs compagnons Bernard Maridet et Yves Blusson, de nouvelles étroitures juste au bas du miroir de faille et poursuivent avec bonheur leurs explorations jusqu'au niveau du puits Variable de 32 mètres. Dépassant toujours plus en aval de nouveau passages étroits qu'il fallut terrasser. ils ont enfin la grande satisfaction de dévaler un nouveau puits de 46 mètres qui les mènent tambour battant sur le cours actif d'un large et beau méandre. Vers 294 mètres. ils stoppent sur manque de cordes sur le palier d'un énorme puits de plus de 115 mètres de hauteur, Le puits Saperlipernette est vaincu par Marc Papet et Hervé Jeanton le 10 septembre 1981 qui mettent pour la première fois les bottes dans le collecteur alors qu'en surface l'hiver s'installe à grands pas et recouvre les lapiés de son linceul de neige. Le 22 décembre 1981, en accord avec leurs camarades du club. Patrick Poli et Jean Louis Fantoli montent en peaux de phoques jusqu'aux abords du trou. décidés de lever point d' interrogation laissé par leurs prédécesseurs stoppés par de profonds bassins à l'aval du collecteur. Ils atteignent rapidement ce dernier grâce aux équipements laissés en place. Leur surprise est grande de constater que le torrent souterrain est en crue. D'autres sorties, pour conclure cette année 1981, permettent de compléter la topographie du réseau qui développe alors plus de 2300 mètres. Ces explorations ont été effectuées entre autres par l'équipe des troupes Alpha que regroupent Christian Hermen, Jacques Nant, Yves et Patrick Blusson accompagnés de Marc Papet. Christian Dodelin, Gérard Mouton, Guichebaron Pierre et du regretté Bruno Lac. tous affiliés au Spéléo Club de Savoie dont le siège est à la maison des Jeunes et de la Culture de Chambery, Q.G, d'où se préparaient le samedi. puis plus tard le vendredi en soirée. toutes les sorties dominicales. Le 9 janvier 1982. Gérard Mouton, surnommé Max. Marc Papet et Jean-Louis Fantoli, parviennent au bout d'un trajet aquatique de près de 1200 mètres dans le collecteur au devant du lac Max par 390 mètres de fond. Ce lac sera baptisé en l'honneur de Gérard qui tenta à la nage de franchir le bief profond. Le 16 janvier 1982, Patrick et Jean Louis Fantoli, réussissent cette fois-ci à topographier en première les 889 mètres de galeries du collecteur amont, et butent,. après avoir réussi à surmonter de nombreux obstacles comme la fameuse marmite de Kéops. sur les zones noyées disséminées aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest du réseau. Pour finir. le 23 janvier 1982. Marc et Gérard. parviennent en définitive au fond du gouffre au niveau du siphon terminal du réseau par —405 mètres. rapportant 830 mètres supplémentaires de galeries topographiées. Le golet Brutus cumul dès lors plus de 5904 mètres de passages. Le gouffre est déséquipé au mois de mars de la même année. Jean-Louis Fantoli - 09/02/2015

Autres entrées de ce réseau

Distance (km)Nom
0.5Source Vieille (Gouffre de) [n°305]
0.6Ignorée (P40 de la grotte) [n°128.2]
0.7Ignorée (Grotte) [n°128.1]
0.8Bertah (Golet) [n°197]
0.8Bertah Supérieur (Gouffre) [n°426]
0.8Vache Enragée (Gouffre de la) [n°700]
0.8Jacquot (Gouffre) [n°425]
0.9Pompier Inférieur (Golet du) [n°175]
0.9Pompier (Gouffre du) [n°084] [n°84]
0.9Concombre Masqué (Gouffre du) [n°083] [n°83]
0.9Concombre Masqué (Gouffre du) [n°428]
1.4Paaeux (Grotte) [n°187]
1.5Tambourin 2 (Golet du) [n°171.2]
1.5Tambourin 1 (Golet du) [n°171.1]
2.0Tabouret 1 (Golin du) [n°160.1]
2.1Tabouret 2 (Golin du) [n°160.2]
2.1Tabouret 3 (Golin du) [n°160.3]
2.1Biolet (Grotte du)
2.1Tabouret 4 (Golin du) [n°160.4]
2.2Migolet (Gouffre du) [SGT 128] [n°1000]

Cavités proche

Distance (km)NomLongueur (m)Profondeur (m)
0.1Gouffre [n°047.2] [n°47.2]4242
0.2Gouffre [n°038] [n°38]1313
0.2Gouffre [n°037] [n°37]4033
0.3Névé (Gouffre du) [n°020] [n°20]295220
0.3Gouffre [n°239.1]7725
0.3Gouffre [n°082] [n°82]1313
0.3Gouffre [n°316]1717
0.4Sous le Chemin (Grotte) [ESB] [n°1212]320
0.4Gouffre [n°013] [n°13]2020