Oreillards (Grotte des)
42.750632,1.957746
Location
La grotte des Oreillards est située sur le territoire de la commune de La Fajolle (Aude), dans la montée du Col du Pradel. Pour l'atteindre, remonter la vallée du Rébenty par la route D 107. Après La Fajolle, monter en direction du col du Pradel sur 2,6 kilomètres environ. Par un premier virage en épingle à cheveux, la route franchit le ruisseau de Font d'Argens, puis le Rébenty lui-même par un deuxième virage en épingle. Une cinquantaine de mètres avant ce dernier virage, la route change de rive. Le Rébenty passe dans une grosse buse métallique sous la route, un ruisseau descend de la montagne à main droite. C'est de là qu'on monte à la grotte. La montée est très raide (80 mètres de dénivellation) et il est conseillé de monter dans les sapins en rive gauche plutôt que de suivre le ruisseau, surtout en été à cause de la végétation exubérante. Le porche inférieur, le plus accessible, est invisible de la route et n'est pas facile à repérer. Il se trouve environ 20 mètres au-dessus de l'endroit où sort l'eau. Il faut monter dans les blocs, escalader sur 4-5 mètres, passer sous un gros tronc effondré ; on arrive alors à l'entrée.
Description
Description détaillée (Première partie)
On entre dans la grotte par le porche inférieur (3 mètres de haut sur 1 mètre de large). Le porche supérieur est inaccessible ; il s'ouvre 8 mètres plus haut, à gauche du précédent, en pleine paroi. Le porche donne accès à un couloir de 1 mètre de large sur 2 mètres de haut, horizontal sur 10 mètree, puis en forte pente sur 6 mètres. Au fond, passage bas, puis escalade de 4 mètres et couloir large mais bas (1 mètre de haut) de 10 mètres de long, qui arrive sur un éboulement que l'on peut franchir en montant dans des blocs. Derrière, galerie au sol caillouteux qui rejoint rapidement le méandre non loin du pied du ressaut de 2 mètres. 10 mètres après le porche, à gauche, une escalade facile de 3 mètres, suivie d'un boyau remontant, aboutit par deux passages au milieu de la galerie supérieure, à +6. A gauche, salle de 10 mètres de long sur 4 mètres de large, remontante, où s'ouvre le porche supérieur. A droite, vers l'ouest, la galerie monte sur 18 mètres jusqu'à un gros bloc glissant qui domine un ressaut de 2 mètres au-delà duquel elle se poursuit toujours dans la même direction et avec les mêmes dimensions : 1.5 à 2 mètres de large sur 2 à 4 mètres de haut. Sur une dizaine de mètres après le ressaut, la galerie présente une forme en méandre avec une banquette de recreusement, témoin d'un ancien niveau du ruisseau qui a creusé la cavité. Ensuite, on emprunte une galerie basse au sol jonchée de cailloutis. 15 mètres plus loin, le plafond se relève brusquement et on se trouve dans une grande diaclase orientée vers le S-O, haute de 10 à 20 mètres, large de 2 à 3 mètres, longue de 30 mètres environ, toujours à peu près horizontale, avec un gros bloc (dalle) coincé en travers à mi-parcours. Le plafond s'abaisse ensuite, le sol est terreux, un petit puits étroit, dans la paroi droite, donne en dessous dans le boyau Clottes. Ensuite la galerie remonte nettement et, après une coulée stalagmitique, elle se termine par une petite salle sans issue à + 14 environ. Au bout du méandre suivant le R 2, on aura remarqué un départ en rive droite ; c'est l'accès au 'boyau du Bruit de l'Eau'. Au début, couloir horizontal vers le S-O, large de 1,5 mètres, haut de 3 mètres. Après 10 mètres, sur la droite, boyau cylindrique de 1 mètre de diamètre, de rocher poli, plein ouest, remontant, bouché au bout de 12 mètres, à +8. A gauche, le couloir devient étroit et on descend de 4 mètres par des ressauts faciles. Petite salle caillouteuse. Bifurcation : * droit devant, diaclase très étroite qui descend vers le S-E et que l'on peut suivre difficilement sur une dizaine de mètres ; * à droite, boyau descendant sur 8 mètres vers le Sud-Ouest, voûte très basse avec amas de sable, courte remontée et cul-de-sac ; en prêtant l'oreille, au bout du boyau glaiseux du fond, on entend distinctement un bruit sourd d'eau courante, inaccessible mais certainement très exigu.
Description détaillée (suite)
Au début de la grande galerie de la dalle, après 5 mètres de progression, on remarque sur la droite, à 2 mètres de hauteur, un départ de galerie. Il donne accès au boyau Clottes. Celui-ci se développe légèrement sous la galerie principale, mais décalé vers le Nord. On peut également l'atteindre au début de la même galerie par une chatière dans des blocs au ras du sol ; cette solution est plus étroite mais plus commode car l'autre passage est maintenant très glissant. Après une petite rotonde, le boyau vire à gauche et se dirige en gros vers le S-O sur 90 mètres. Pendant la première partie, il a des dimensions à peu près constantes (1 mètre à 1,2 mètre de large et de haut), le sol et les parois sont recouverts d'une mince couche d'argile fine et humide, il faut y progresser courbé ou à quatre pattes. Après 30 mètres en légère descente, bifurcation : en fait, les deux branches se rejoignent quelques mètres plus loin ; en prenant à gauche, on passe sous le petit puits étroit qui communique avec la galerie supérieure au-dessus. 15 mètres plus loin, on remonte légèrement et on arrive dans un labyrinthe qui est plus étroit. Par un ressaut de 3 mètres, on descend dans un boyau inférieur : * à droite, vers le N-E ; il descend et devient impénétrable après 12 mètres (-6) ; * à gauche, vers le S-O, il remonte un peu puis il faut se glisser entre et sur des lames rocheuses verticales et, 30 mètres après le ressaut de 3 mètres, dans une petite salle, on est bloqué par un éboulement. Si au lieu de descendre le ressaut de 3 mètres, on le franchit, le boyau supérieur se poursuit horizontalement et rejoint le boyau inférieur 18 mètres plus loin. Enfin, dans ce boyau supérieur, 4 ou 5 mètres après le ressaut, par un boyau vertical exigu, on peut accéder à l'extrémité N-E de la Salle du Sable. Peu avant l'éboulement qui bloque le boyau Clottes, à gauche, on monte en reptation un plan incliné bas et sableux de 6 mètres de long qui aboutit au point le plus bas d'une salle, la Salle du Sable. Orientée SW/NE, elle a 6 mètres de large à l'endroit où on y pénètre pour une longueur de 20 mètres ; le sol est recouvert de sable dans la moitié S-O. Vers le N-E, elle se poursuit par une galerie haute de 3 à 4 mètres et longue de 20, qui se rétrécit et se termine par deux diverticules bouchés. A gauche, quelques mètres avant la fin, boyau vertical étroit qui communique avec le labyrinthe. A l'extrémité S-O, le sol remonte un peu et la salle est fermée par un éboulement. Mais tout contre la paroi Sud ou gauche s'ouvre un couloir montant dans les blocs et les lames, orienté vers l'Ouest, large de 1,5 mètre, qui aboutit après 10 mètres à un amas de blocs et un ressaut de 4 mètres. On arrive ici à la Galerie Terminale. Au bas du ressaut de 4 mètres, elle débute par un couloir étroit et descendant de 8 mètres qui donne dans la Salle des Eboulis. Large de 6 mètres au maximum, haute de 4 et longue de 20, au sol jonché de blocs et de dalles effondrés, elle est fermée par un gros rocher au-delà duquel, par un passage étroit, on aboutit à la Salle des Obus (ainsi nommée à cause de deux stalagmites caractéristiques côte à côte). A partir de là, on chemine dans une galerie horizontale érodée, sur 70 mètres. D'abord très haute et large de 3 à 4 mètres, elle s'abaisse à 3 mètres et les dimensions se réduisent. Après une voûte basse, elle est bouchée par une trémie. 10m avant la fin, dans la paroi gauche, à 1 mètre au-dessus du sol, un orifice circulaire permet d'accéder à une nouvelle galerie, la Galerie du Délire, qui est à cet endroit parallèle à la précédente. A droite, vers l'Ouest, elle descend légèrement ; le plafond s'abaisse puis se relève dans un élargissement au fond duquel se trouve une trémie instable qui est certainement la même que celle de la galerie terminale.
Description détaillée (fin)
Avant cet effondrement, nous avons pu monter d'environ 6 mètres entre la voûte et les blocs. L'absence de courant d'air montre que l'obstacle doit être assez conséquent mais la galerie doit bien continuer au-delà ; c'est dommage ! En face de l'orifice de communication, boyau descendant très malcommode, suivi sur 8 mètres. A gauche de l'orifice, la Galerie du Délire remonte ; on escalade un ressaut terreux et on se trouve dans une haute diaclase superposée à la Galerie Terminale. On passe sous des blocs coincés et on redescend par un à-pic dans la galerie terminale, 15 mètres avant les 'Obus'. Près de la fin de la galerie Terminale, juste avant l'orifice de communication avec la galerie du Délire, à droite, boyau extrêmement étroit, à la limite du possible, tortueux, long d'une dizaine de mètres, terminé par une diaclase verticale impénétrable, au fond de laquelle on entend quelque fois un bruit d'eau. Juste après l'orifice, toujours à droite, puits très étroit praticable sur 3 mètres. Le développement total de la cavité atteint 595 mètres
Documents
Bibliography 14/01/2010- BES C. 1997 - La Grotte des Oreillards - Spélé Aude n° 7 - CAU A. 1979 - La Grotte des Oreillards - L' Echo des Ténèbres n° 5 pp 21-24. - -
[Topo] Oreillards partiel 1 12/01/2019
[Topo] oreillards partiel 2 12/01/2019
[Topo] oreillards partiel 3 12/01/2019
[Fiche] Oreillards page 1 12/01/2019
[Fiche] Oreillards page 2 12/01/2019
[Fiche] Oreillards page 3 12/01/2019
Histoire
C'est Pierre Clottes de la Société Spéléologique du Plantaurel qui découvre la cavité en 1969. Elle est explorée par ce même club les 22 juin, 14 juillet et 10 août 1969. Antoine Cau lève la topographie le 10 août 1969 avec une boussole Meridian et un double décamètre. La cavité reste confidentielle. En novembre 1977, le CDS Aude y organise une manœuvre de secours avec évacuation d'un blessé fictif depuis le fond de la grotte ; elle se déroule de façon impeccable avec un piment inattendu : la présence d'une grosse couche de neige et un froid sibérien. L'accès à la grotte est plutôt alpin et la descente de la civière jusqu'à la route sera très rapide, celui qui y était installé doit certainement s'en souvenir. Les visites sont ensuite très rares, essentiellement dues à des membres de la SSP ou de la SSAPO, de type balade. La SSAPO la revoit avec plus de sérieux au début des années 90 mais n'ajoute rien de nouveau. C'est en 1992 que nous décidons de nous intéresser à nouveau à ce secteur. Le 21 juin 1992, une première visite nous permet de constater que la grotte est très agréable et que, ma foi, les trémies du fond mériteraient sans doute un traitement de faveur. La semaine suivante, le 27 juin très exactement, Pupu, Stoche et Marie se retrouvent dans la cavité. Une rapide désobstruction nous permet de relier la galerie inférieure avec le début du méandre (15m) ; puis, au fond, nous attaquons la trémie de droite que nous abandonnons rapidement pour celle de gauche, plus prometteuse dans laquelle nous progressons d'une paire de mètres, entre voûte de blocs. Les travaux continuent le 8 juillet où on gagne encore 1 mètre. Pupu y retourne avec Serge Tosatto le ? et tentent un gros tir. Comme il faut laisser tout ça se stabiliser et que d'autres projets sont passés par là, nous ne revenons voir le résultats que le 17 août 1997. Déception, tout s'est effondré, les mètres chèrement gagnés anéantis et nos espoirs avec, il n'y a plus rien à faire. Nous ressortons en faisant des compléments topo et en prenant quelques clichés pour illustrer l'article paru dans Spélé-Aude n°7
Commentaires
Cavités proche
Distance (km) | Nom | Longueur (m) | Profondeur (m) |
---|---|---|---|
0.9 | Soula de la Rive (Trou aspirateur du) | 0 | 0 |
1.4 | Coumel de las Gralhas (Barrenc du) | ||
1.5 | Pradel (Barrenc du) | 17 | 16 |
1.6 | Soula n°4 (Barrenc du) | 43 | |
1.6 | Rec de Font d'Argens (Ancienne perte du) | ||
1.6 | Soula n°1 (Barrenc du) | ||
1.7 | Soula n°2 (Grotte du) | ||
1.8 | Silhol (Grottelle du) | ||
1.8 | Blaireaux de Font d'Argens (Trous des) |
Géologie
La cavité se développe dans la puissante et complexe série pélitico-carbonatée de La Fajolle, datée du Dévonien inf. et moyen. Dans la grotte, les faciès carbonatés, sont visibles, avec quelquefois des passées calco-schisteuses et de la schistosité. Le pendage est de direction ENE/WSW à NE/SW, sa valeur est variable, presque verticale à 60/70° S. - Les aspects hydrologique et morphologique sont intéressants. La cavité ne présente aucune circulation d'eau en temps normal, bien que certaines parties soient assez humides. Toutefois, en deux endroits, on entends nettement le bruit d'un ruisseau souterrain qui coule plus bas que le niveau actuel de la cavité et qui est donc en voie d'enfouissement. Il est inaccessible, tant de l'intérieur (passages impraticables, trop étroits) que de l'extérieur (sortie entre des éboulis à une vingtaine de mètres au-dessous du porche inférieur). On ignore l'origine de cette eau, certains ont pensé à une perte du Rébenty, mais cette hypothèse n'a pu être vérifiée et semble d'ailleurs peu vraisemblable si l'on considère la topographie locale et la direction des couches. La cavité se dirige plutôt vers le secteur du Col du Pradel, côté Ariège. Des prospections dans les ruisseaux et vallées environnants n'ont rien donné, mais la couverture végétale est importante et les roches peu apparentes. Le mystère demeure. Le 17 août 1997, une mesure de température et de conductivité a donné 8°4 C et 198 us/cm à la source, ce qui correspond à des valeurs normales pour la température et assez faibles pour la conductivité. L'eau est donc peu chargée, ce qui veut dire qu'elle circule actuellement dans des conduits en grande partie exondés, ce qui ne veut pas dire pénétrables comme le montre la taille des deux boyaux dans lesquels on entend le bruit de l'eau, mais rien ne s'oppose à la continuation du niveau précèdent de karstification sur une grande longueur, c'est ce qui a motivé la reprise des travaux dans cette grotte. La Grotte des Oreillards, par ses formes et son horizontalité, témoigne d'une phase de karstification importante certainement contemporaine d'un stade glaciaire local assez stable qui a permis l'établissement d'un réseau noyé ou de battement et le creusement d'un ensemble de galeries beaucoup plus important que celui que nous connaissons actuellement. L'importance de la trémie terminale bloque toute progression supplémentaire mais une reprise sérieuse des prospections dans tout ce secteur pourrait amener son lot de découvertes dans cette partie mal connue du Pays de Sault.
Cds 11 (09/07/2013)
🔦 : 4h 🚶: 15m