Lamerlie (Émergence de)
44.532377,1.745454
Description
Un petit tunnel de section carrée, bâti en pierres de taille, traverse te remblai de /a route sous laquelle s'ouvre l'entrée naturelle de l'émergence, encombrée de blocs calcaires détachés dé /a roche encaissante. Le conduit devient aussitôt très bas, de l'ordre d'une vingtaine de centimètres, et ce-là pendant 4 mètres à partir desquels /a progression se continue sur de petits gours orientés vers l'intérieur et alimentés temporairement par une coulée sur la droite. La voûte qui s'était sensiblement relevée plonge de nouveau à 28 mètres de l'entrée : c'est le premier petit siphon très certaine-ment désamorcé sur une dizaine de centimètres durant les étiages annuels. L'immersion devient obligatoire et il peut être prudent de disposer d'un masque avec tuba au cas où l'eau affleure-rait sur les 2 mètres de longueur de ce passage. Derrière, la galerie prend des proportions et il faut nager, La profondeur variant de 1 à 6 mètres. A cette profondeur et à gauche du de-bouché du conduit étroit du siphon, une galerie noyée s'enfonce vers le S.W. S'agit-il d'une dérivation vers une émergence inconnue dans le lit du Célé ? A 46 mètres on débarque dans une espèce de petite salle occupée par une coulée qui descend d'un tronçon de conduit supérieur se dirigeant plein S. Se développant à 3 mètres au dessus du seuil de sortie de l'émergence, il est à l'abri des crues, ce qui explique un concrétionnement relativement abondant. Peut être ce conduit dé-bouchait-il antérieurement à l'extérieur, au niveau de la route ? Une courte opposition dans un petit méandre pour éviter des blocs coincés et on retrouve le plan d'eau au pied d'un talus de sable. La galerie, de section emmergée elliptique, est orientée au N. W. sur 25 mètres et se termine par une voûte mouillante suivie d'un dépôt argilo-sableux. Un enduit argileux recouvre les parois et la voûte qui s'abaisse régulièrement jusqu'au terminus. Pur contre sous la surface de l'eau on aperçoit une grande diaclase dont le fond incliné tombe brutalement à -17 à l'entrée du conduit noyé. La visibilité est moyenne (5 a 10 m.) et on remonte ce conduit quasiment horizontal sur environ 70 mètres pour butter sur une pente rocheuse. La section elliptique sur la première moitié du parcours devient ensuite plus étirée en hauteur. Des banquet-tes et un petit surcreusement sont parfois visibles et /a direction du conduit s'infléchit par deux fois. Lorsque l'émergence coule dans le pré bordant le Célé La cavité est alors immergée à L'-exception du conduit supérieur. En étiage il n'est pas possible de décéler le moindre courant. Seul un pompage permettrait de vérifier s'il y a une alimentation à ce_moment là.
Documents
Lamerlie 03/12/2013Lamerlie fracturation 03/12/2013
Bibliography 12/12/2013
Histoire
L'été 77 ayant été passablement humide, un rapide tour d'horizon, en août, de la rive droite du Célé, en aval de Marcilhac, permet à Péjout de constater un récent passage d'eau à la petite émergence de Lamerlie, en bordure de la D 41, dont le nom pourrait être la contraction de "la mère Lie" Cette émergence s'ouvrant dans les calcaires du Bathonien moyen, n'était connue que de quelques rares initiés. Un bref coup d'oeil sur les dix premiers mètres laisse penser qu'une continuation est possible. Le L. septembre, Péjout et Coustou s'insinuent dans le coullr maçonné qui passe sous la route et débouchent devant le porche natu-rel de la cavité. Péjout force un passage bas, ancien terminus connu, rampe sur quelques gours et s'arrête devant un plan d'eau siphonnant occupant toute la largeur de la petite galerie. Une deuxi ème tentative est lancée le 18 septembre. Objectif : plonger le petit siphon. Coustou, Héreil et Péjout trament un équipement de plongée mais constatent qu'il ne sera pas nécessaire : le siphon est légèrement désamorcé, suite à un étiage tardif. Ils passent la voûte mouillante, longue de quelques mètres, et nagent sur une vingtaine de mitres dans une galerie plus spacieuse, deux fois coudée à angle droit. Un débarquement et une courte opposition dans un méandre et l' eau est retrouvée au pied d'un talus de sable. La galerie continue rectiligne sur plus de vingt mètres et le plafond se rapproche progressivement du plan d'eau pour y disparaître totalement à 83 m. de l'orifice d'entrée. Par contre, une courte descente, en apnée et à l'aide d'un tuba, révèle une grande diaclase noyée l'aplomb de la galerie. Péjout qui s'est harnaché entre temps plonge et descent jusqu'à - 15 m. où il entrevoit une galerie vers le N. N'ayant pas de cordellette-guide, il remonte. Au retour, un conduit supérieur et concrétionné est parcouru à proximité du premier plan d'eau. Le 2 octobre, Coustou, Dagès et Péjout sont de nouveau à pied d'oeuvre, les deux derniers étant équipés en vue d'explorer le conduit noyé entrevu au fond de la diaclase. Le matériel est péniblement emmené dans la galerie terminale. Les deux plongeurs peuvent alors 'enfoncer dals l'eau calme et vert-clair, Péjout en tête avec le fil d'ariane que tient Coustou coincé en op-position près du fond de la partie emmergée de la diaclase. Une galerie de section elliptique est par-courue sur 70 m. jusqu'à un relèvement du pla-fond, sans qu'une prolongation soit visible. Le retour faillit être dramatique : Dagés ayant des ennuis de bouteilles était remonté quand Péjout se retrouva complètement empétré et ficellé dans le fil d'ariane au beau milieu du conduit noyé. Prisonnier, et en mono-bouteille, il ne pouvait plus palmer. Sa réserve d'air ;épuisant il ne dut son salut qu'a son poignard qui lui permit de se dégager et de rejoindre in-extremis la surface. Puis Coustou et Péjout effectuent le rele-vé topographique (compas, clisimètre et décamètre) de la cavité tandis que Dagès repère un dé-part noyé à 6 m. de profondeur sous le premier plan d'eau. Le rabattement naturel du plan d'eau à l'in-térieur de la cavité, même en étiage, ne sera jamais assez important pour dégager les deux galeries noyées. La continuation des explorations ne peut se faire qu'en plongée ou en procédant à un sérieux pompage dans la diaclase terminale. cette dernière solution, facilement réalisable avec une bonne pompe, offrirait l'avantage de vérifier s'il existe une liaison entre les deux bassins et en outre d'évaluer éventuellement le débit d'alimentation. La désobstruction facile d'un amas argilo - sableux au terminus actuel semble aussi digne d'attention.
Commentaires
Hydrologie suite
Quelle place occupe l'émergence de Lamerlie dans le drainage du causse et a-t-elle d'hypothétiques relations avec le Ressel au niveau des écoulements ? C'est dans cette optique que nous avons réalisé les observations et mesures contenues dans les tableaux n° 1 et 2. Ces mesures ponctuelles dans le temps ne peuvent donner qu'une image des écoulements à un moment particulier de l'an-née et pour des conditions climatiques qui restent à définir. En été les débits apparents sont nuls pour Lamerlie, et difficilement appréciables pour le Ressel, compte tenu de sa position dans le lit même du Célé. En hiver Lamerlie coulait extérieurement avec 10 l/s les 5 et 26 février 1978 tandis que le Bessel, le 26, se signalait à la surface du Célé par des eaux verdâtres sortant à "gros bouillons" et il était bien difficile, pour un plongeur, de pénétrer dans la galerie souterraine (plusieurs m3/s). Ta température de Lamerlie, assez forte en étiage, (13,4° le 2 octobre 77 et 12,4° le 26 février 78) caractérise assez bien une eau issue du causse (alors que le Célé accusait 10,2° le même jour). Les pH, titres hydrotimétriques totaux et teneurs en bicarbonates, sont ceux que présentent habituellement les eaux en provenance du causse et paraissent légèrement inférieurs au Bessel (le Célé étant à part). On notera que le TH et la teneur en HCO3 de Lamerlie n'ont guère variés entre les 5 et 26 février 78 (de même pour les débits).
Géologie
L'inventaire de la fracturation couvrant les vallées du Lot et du Célé a été établi par le service de photogéologie du B.R.G.M. à l'ai-de des photos aériennes au 1/25000 de l'I.G.N. puis reporté et synthétisé sur un document au 1/100 000. A partir de ce document (carte hydrogéologigue du Lot) nous avons délimité une surface carrée de 10 kilomètres de côté centrée sur la zone couvrant la rive droite du Célé entre la Pescalerie et Font Del Pito (Fig. 1), puis compter et mesurer les fractures existantes (60). D'autre part, l'interprétation des clichés du satellite LANDSAT, par l'I.G.N., a fait apparaitre deux grandes linéations dans la moitié sud du causse de Gramat : l'une passant approximativement par le Ressel et remontant vers le N. jusqu'à la faille de Flaujac ; l'autre s'étendant des environs de Lamerlie vers le N. W. (Braunhie). Bon nombre de ces fractures sont reportées dans le diagramme de la figure 3. Elles se ré-partissent surtout dans deux directions (N.N.E.- S.S.W. et N.W.-S.E.) et ont des longueurs com-prises entre 500 et 3200 mètres. Les longueurs moyennes des fractures, ré-parties par secteurs de 100 sur l'histogramme de la figure 5, sont maximales dans la direction N.121°-12O° (1750 m.),puis N.111°-120° (1450 m.). Réparties toujours par secteurs de 10°, on observe les plus forts pourcentages dans les directions n. 101°-1100 et N. 111°-120° respectivement 23,3 et 16,6 % (fig. 4), avec une va-leur moyenne à N. 0°-100 et N. 31°-40°, respectivement 6,66 et 8,33 %, et des résultats nuls pour n. 41°-50° et N.71°-80°. Les directions majeures de fracturation (longueurs et pourcentages) dans cette zone du causse sont surtout N.N.W.-S.S.E. (de E.-W. à N.W.-S.E.) puis N.S. à N.N.E.-S.S.W. Les principales cavités dé cette zone sont orientées dans ces directions : l'igue de Bar et la grotte du Robinet se développent N.W. -S.E., les première et dernière partie du Cüzoul des Brasconies sont N. S. alors que la galerie en pen-te est N.W. -S.E. et W.E., /a grotte du facteur a sa direction générale N. W. -S.E. avec des tronçons de galeries N.W. -S.E. et W.E., et le conduit re-montant terminal N.S., enfin Lamerlie est N.W. - S.E. On remarquera qu'un grand nombre d'affluents de /a vallée sèche s'orientent pareillement et parfois se superposent à des fractures. L'exemple le plus significatif est La vallée sèche dés Brasconnies qui est établie sur une grande fracturation se prolongeant au S.E. très exactement vers le Ressel. Enfin, au niveau du sens de drainage dés écoulements actuels, la direction dés pertes d'Assier vers le Font del Pito est à 30° N.N.E.- S.S.W. On comprend donc qu'il existe une relation de cause à effet entre, d'une part la fracturation pré-existante, et d'autre part, l'orientation du réseau hydrographique aérien, puis sou-terrain, ainsi que le cavernement.
Cavités proche
Distance (km) | Nom | Longueur (m) | Profondeur (m) |
---|---|---|---|
1.8 | Trassac (Émergence de) | ||
1.9 | Marchepied (Le) | 1338 | |
2.5 | Pouline (Grotte-émergence de la) | ||
2.8 | Cuzals n°1 (Igue de) | 286 | 90 |
2.9 | Papetier (Grotte-émergence du) | 150 | 23 |
3.1 | Géniez (Igue de) | 300 | 82 |
3.2 | Lespine (Igue de) | 39 | |
3.3 | Robinet (Grotte du) | 300 | 65 |
3.4 | Facteur (Igue du) | 160 | 12 |
Hydrologie
Hydrographie aérienne : L'émergence de Lamerlie est située sur la même rive, et environ 200 mètres en aval d'une importante vallée sèche qui se raccorde avec le Célé en face du village de Monteils. Cette vallée encaissée de plus de 100 mètres par rapport d /a surface du causse,s'étire pendant plus de 4 kilomètres vers le N. de La cote 145 à La cote 220 à partir de laquel-le elle s'infléchit au S.E. en direction d'Espédaillac, et devient nettement moins perceptible. L'examen détaillé de la carte au 1/25000 permet de La suivre au delà et d'en préciser l'origine. Il s'agit de la vallée du ruisseau de Théminettes qui après avoir couler sur le causse parallèlement à La faille de Flaujac recoupait cette derni-ère à angle droit et filait au S. De nom-breuses dolines désorganisent main temant le tracé entre La faille de Flaujac et le croisement dés N 653 et D 40 au S. d'Espédaillac, et disparaissent ensuite. Le bassin versant du ruisseau de Théminettes dans sa partie caussenarde est très étendue : il s'étend à l'W. sur Une ligne passant par Blars, Sénailtac, Clavel et cul-mine au sommet de La Braunhie (410 m.). Une étude sera entreprise prochainement pour en fixer les limites précises. De nombreuses cavités appartiennent à ce bassin : les igues de la Braunhie (Igues Noire, du Drapeau, etc...) au N. W., l'igue de Bar au N., tes grottes des Brasconnies, des Chandelles, du Robinet, du Facteur, etc... au S. Un dépôt de tuf en aval du Robinet, et des placages d'alluvions en amont, sont signa-lés sur /a carte géologique. Lorsque le Francès eut définitivement disparu dans les pertes actuelles de Théminettes pour couler vers la Dordogne au lieu du Lot, que sont devenues les précipitations tombées et infiltrées sur le bassin versant caussenard "livré à lui même" ? Autrement dit dans quelle(s) direction(s) précise(s) se fait actuellement le drainage de cette partie du causse de Gramat ? L'exploration des cavités n'a pas permis de trouver un écoulement actif conséquent susceptible d'être en liaison avec le drain pro-fond qui pourrait collecter les écoulements vers le Célé, la possibilité d'un drainage vers le N. (Ouysse) étant à exclure (faille de Flaujac). La liaison des pertes d'Assier avec la résurgence de Font Del Pito (Saint Sulpice), établie par Tarrisse en 1974 permet de limiter le problème à Z'E., tandis qu'ô l'opposé les colorations des grands gouffres de /a Braunhie (Planagréze, Viazac) sont restées sans résultat. Sur la rive droite du Célé, au pied du causse, les deux plus grosses émergences (Pescalerie à Cabrerete et Bessel à Marcilhac) ont pu être reconnues sur quelques centaines de mitres depuis 1974 et sont encore en cours d'exploration. Elles consistent en deux gros conduits noyés pouvant descendre jusqu'à 25 mètres sous le niveau du Célé (Ressel) ou être partiellement amphibie (Pescalerie). Leurs dimensions jointes à leurs débits, nettement supérieurs aux autres émergences comprises entre elles deux, impliquent en amont la présence de grands réseaux souterrains, en particulier pour le Ressel dont la position au voisinage de la vallée sèche de Théminettes n'est pas for-tuite (voir, plus bas, la fracturation). Les recherches spéléologiques dans ces deux émergences devraient s'orienter, outre l'exploration proprement dite, sur les relevés-topographies, les mesures (ou évaluations) des débits et des échantillonages d'eaux à des fine d'analyses physico-chimiques pour avoir des références qualitatives et quantitatives sur l'individualité propre des deux écoulements et essayer d'en percer leur origine.
CDS 46 (12/12/2013)