Trespoux (Aven de)

Histoire

Découverte archéologique au cours d'une désobstruction A/ - SPEOLOGIE En 1968, au cours d'une prospection, au sud-est de Lamouroux, au lieu-dit TRESPOUX, nous sondons entre les blocs un puits d'une dizaine de mètres. Une désobstruction facile nous permet de passer. Cet orifice donne accès à une "grande" salle orientée S.E - N.O. Le fond en est nivelé par un colmatage argileux. Au sud, une remontée. Au milieu de celle-ci un départ de galerie donne sur un puits de 10 mètres. Au fond de ce puits, une belle galerie va en se rétrécissant. Plus haut, dans la remontée, une niche abrite un squelette. Et tout en haut quelques blocs écartés nous font retrouver l'extérieur. Ce passage plus facile est désormais l'entrée de l'aven. Fin 1978 nous retravaillons sur l'aven. Une première désobstruction au fond de la salle nous permet de découvrir une dizaine de mètres d'un méandre qui va en se rétrécissant. Une deuxième désobstruction est entreprise, au fond du puits où nous avions constaté un éboulis enfoui sous l'argile. Après quelques efforts nous passons à travers les blocs entre lesquels nous sondons un puits. Comme il est difficile de travailler sous cet éboulis nous décidons de creuser à la verticale du puits dans l'argile. Nous trouvons alors des vestiges préhistoriques. Le week-end suivant, nous invitons Monsieur COLOMER, archéologue, à se joindre à notre entreprise. Nos découvertes se poursuivent : dans ce remplissage de la salle des ossements humains mêlés à de la céramique préhistorique et de la faune. Deux crânes humains sont presque complets. L'un d'eux présente des lésions traumatiques. La désobstruction terminée, nous descendons dans le puits (10 mètres) au fond duquel un départ de méandre trop étroit nous arrête. Mais un courant d'air nous donne espoir. La désobstruction continue. B/ - ARCHEOLOGIE (par A. COLOMEP) - Céramique : La céramique à dégraissant grossier est assez abondante mais il n'y a pas de vases complets. Les formes assez simples, à fond rond, appartiennent à de grands vases à parois assez fines. Il n'y a pas de décors, Les moyens de préhension sont représentés par des tétons ronds, un téton à perforation entament l'épaisseur de la paroi du vase et une anse en boudin. Le manque de caractères typiques ne permet pas de dater cette céramique avec précision, mais il est vraisemblable qu'elle appartienne au Néolithique final ou au Chalcolithique. La céramique assez fine et le téton perforé nous feraient penser à la culture de Fontbouisse. - Faune : Une partie de la faune est peut-être venue d'elle-même sur le site (lapin, blaireau), mais le reste semble être des déchets de cuisine. On y trouve en particulier du cerf et du mouton. Un fémur et une omoplate portent des stries de décarnisation. On note aussi la présence d'une coquille de moule marine. - Inventaire des restes hurmains (Dr H. DUDAS Chargé de recherche au C.N.P.S.) : Crâne n° 1 : C'est le crâne d'un adulte, peu robuste, sans doute de sexe féminin, cécédé à environ 40 ans. Tous les reliefs osseux sont faibles ; l'indice crânien horizontal se classe dans la catégorie mésocrâne (76.4). Ce crâne est extrêmement intéressant en raison de ses caractères pathologiques : il porte en effet un hématome calcifié à la partie latérale droite de l'écaille de l'occipital, et surtout un amincissement pariétal, malformation rare dont la cause est actuellement inconnue. Ce gisement a donc livré les restes d'au moins quatre individus, trois adultes et un enfant d'environ un an. L'un des adultes au moins est une femme. L'ensemble des vesti ges semble se rapporter à des sujets peu robustes. La pathologie est particulièrement riche dans cette petite série : hématomes crâniens calcifiés (deux cas), amincissement bipariétal, agnésie dentaire, parodontopathie, caries, et anomalie articulaire de la hanche. Marc Jupin - 16/07/2020