Chambres d'Alaric (Les)
43.159512,2.637446
Location
La grotte des Chambres d'Alaric s'ouvre sur la face Nord du massif calciare d'Alaric. Pour y accéder, il faut abandonner à Moux la nationale 113 et prendre la petite route qui passe devant le célèbre tombeau d'Henri BATAILLE. Au four à chaux, prendre le sentier qui, par le bois de pins, gagne le ruisseau de Saint-Pierre (aisément franchissable). Il faut ensuite effectuer une montée assez pénible parmi les blocs de calcaire éboulés de la paroi rocheuse. L'entrée est située dans la falaise, une quinzaine de mètres au-dessus du sentier. L'escalade des deux ressauts de 7 mètres est facilitée par des barres de métal scellées dans la paroi.
Description
Description générale
On pénètre dans la cavité par un court conduit de faible dimension qui donne accès à la grande salle. C'est au fond de celle-ci que s'ouvre l'étroite chatière. Après l'étroiture, par un ressaut de 2.5 mètres, on arrive dans une petite salle où, après un autre ressaut de 1.5 mètre environ, on débouche dans deux petites salles au plafond bas sans continuation. Revenons dans la chatière d'entrée où, en contournant le premier ressaut, on pénètre dans un passage sinueux et étroit qui débouche dans la salle de la Boue, de dimensions plus acceptables. A partir de là, devant la complexité du réseau, nous avons jugé plus pratique de partager la topographie en trois parties. - * Le 1er RESEAU commence donc dans la salle de la Boue par une escalade de 3 mètres (corde en place) au-dessus d'une coulée stalagmitique blanche. Il comprend deux salles : - La salle des NAINS (un gour asséché donne sur une faille de 8 mètres qui mène, par un passage bas et étroit, à une chatière dite de la Naissance ; celle-ci a été désobstruée et on débouche dans une salle concrétionnée et, on s'en doutait, au plafond bas)- - La salle de l'Echo (il faut remonter d'environ 6 mètres une coulée de calcite, et entre les stalagmites, on arrive à la salle la plus haute du réseau : (+6m). * Le 2ème RESEAU commence lui aussi dans la salle de la Boue par un ressaut de 3 mètres suivi d'une galerie. Au bout d'une quinzaine de mètres, on enjambe un trou dans le plancher stalagmitique où l'on reviendra tout à l'heure. Ensuite il y a une marche de 1 mètre et le plafond s'abaisse : il faut alors passer sur la droite pour éviter le squelette d'un renard pris dans la calcite. Une dizaine de mètres plus loin, après une reptation entre les fistuleuses et les excentriques, un passage étroit marque la fin (provisoire, car en cours de désobstruction) du deuxième réseau. * Le 3ème RESEAU commence dans le trou du plancher stalagmitique. On descend un ressaut de 4 mètres pour arriver dans une petite salle boueuse, de là, pour accéder au réseau Ali Baba, deux possibilités : - soit, et il semble que ce soit la meilleure solution, grâce à une passage, étroit au début, qui mène par une galerie descendant sur une dizaine de mètres, à une salle très concrétionnée, comme tout le réseau terminal. - Un balisage au sol permet de se diriger dans tout le réseau en limitant la casse. Une chatière verticale, désobstruée, permet de descendre de 5 mètres et d'arriver dans une petite salle (1.5 x 3 x 1.5), c'est la dernière salle, nous sommes à -27m (provisoirement aussi, car en cours de désobstruction).
Documents
[Fiche] Alaric 13/03/2019[Article] Alaric page 1 13/03/2019
[Article] Alaric page 2 13/03/2019
[Article] Alaric page 3 13/03/2019
[Article] Alaric page 4 13/03/2019
[Article] Alaric page 5 13/03/2019
[Article] Alaric page 6 13/03/2019
[Article] Alaric page 7 13/03/2019
[Article] Alaric page 8 13/03/2019
[Topo] Alaric 13/03/2019
History
La salle d'entrée est connue depuis la nuit des temps et à en juger par les nombreux graffitis inscrits sur les parois, elle est encore très fréquentée. Plusieurs sondages sont été effectués par des chercheurs ( Régis AYME en 1952-53, Jean GUILAINE et Henri DUDAY en 1971-72) et il a été découvert des vestiges intéressants datant du Chalcolithique, des âges du Bronze et du Fer, de l'époque Gallo Romaine et du Bas-Empire. - En juin 1992, dans cette même salle plusieurs membres du club avaient escaladé une paroi pour accèder à une lucarne, malheureusement bouchée. - Le 27 février 1994, François MONTOYA, motivé par la présence d'une coulée de calcite, décide de creuser au pied de celle-ci, au bout d'une heure, il arrive sur une couche de cailloux soudés par la calcite, et, au ras de ceux-ci une fissure qui souffle. - Il n'en faut pas plus pour que le lendemain, aidé par son frère, il continue la désobstruction au marteau et au burin : le passage, encore étroit, laisse entrevoir une petite salle. - Le 4 Mars, ils retrournent dans les Cambres avec un grand espoir et beaucoup de motivation, après une mise au gabarit de la chatière, ils accèdent enfin à la petite salle, et là le coeur serré par l'émotion, ils découvrent un sol intact avec des vestiges préhistoriques (surtout un petit vase hémisphérique entier, photo 2) et des ossements. - - Devant l'importance de la découverte, d'un commun accord, le club est entré en contact, grâce à M. SOLIER (Conservateur du musée de Sigean, actuellement à la retraite), avec Philippe Gallant, archéologue chargé des relations entre le Service Régional et les spéléos. - Des pièces, qui risquaient d'être endommagées, car elles étaient sur le passage, ayant été déplacées, une fouille de sauvetage a été effectuée, les résultats nous ont été communiqués (voir le compte-rendu de fouille) et le mobilier trouvé a été gracieusement offert au musée de Sigean. Les vestiges n'étant que dans la première salle, la venue de Philippe GALANT ( que nous remercions pour sa compétence et son amabilité. - pendant deux mois, François, Michel, Alain, Evelyse, Cécile, Nathalie, Thierry (SCL) et Denis (MJCN) se sont relayés pour topographier, désobstruer, explorer, ils ont souffert dans les passages étroits, se sont émerveillées dans le réseau ali Baba, ont été surpris par l'2trange ' ronflement' d'une étroiture. - En désobstruant l'étroiture du ronfleur, un accident a arrêté provisoirement l'exploration. Fin mai, quand François et Michel sont retournés dans les Chambres, le gaz carbonique, jusqu'alors emprisonné dans le troisième niveau, s'était propagé dans tout le réseau, jusqu'à la chatière d'entrée. - heureusement, à l'automne, le trou se remet à respirer, rendant l'atmosphère supportable et l'exploration à nouveau possible. - pour des raisons de sécurité (le CO2), mais aussi pour sauvegarder la beauté du troisième niveau, le squelette et la poterie calcifiés, le club a envisagé de placer un sytème de protection et a demandé le concours du CDS. Celui-ci sera sollicité, dans le cadre s'une commission sur l'accès aux cavités qui doit être prochainement créée, pour examiner la demande, donner son avis , prodiguer des conseils et si une fermeture est envisagée, il en sera le garant, avec leclub demandeur qui assurera la gestion . Un panneau expliquant les raisons de la fermeture et les modalités pour visiter la grotte serait apposé à l'entrée(1). - - (1) N.D.L.R. : Voilà un exemple probant de la pratique que le CDS Aude entend développer. En effet, quoi de plus efficace que d'associer tous les spéléos à la protection d'une cavité et de les rendre ainsi plus responsables, plutôt que de confondre protection et protectionnisme.
Comments
ARCHEOLOGIE
1 - Résultats des fouilles réalisées de 1953 à 1956 par Régis AYME : extrait de 'Cahiers ligures de préhistoire et d'archéologie' N°9 de 1960 : article de Jean GUILAINE et Régis AYME. - Trouvailles réalisées au cours du sondage et trouvailles fortuites appellent les conclusions suivantes - Au Moyen-Age, la grotte des Chambres d'Alaric a pu servir de refuge aux hérétiques lors des guerres de religion (cf, les spulga ariégeoises lors des luttes entre les Catholiques et les Cathares). - Au Bas-Empire, elle a joué également le rôle de grotte-cachette et les agriculteurs de la région s'y mettaient à l'abri des barberes pikkards : le Sou d'Or d'Honorius atteste ce fait. Les Gallo-Romains ont en outre laissé de nombreuses traces de leur passage (débris d'amphores, poteries diverses, monnaies). - De nombreux tessons attribuables au deuxième âge du Fer confirment l'importance commerciale de la région aux périodes protohistoriques. Jusqu'à la couche C, la seule qui puisse être considérée comme en place, les documents sont mêlés et difficiles à interpréter. Nous avons reelevé dans notre inventaire de nombreux tessons de céramique noire et lustrée des champs d'urnes. - Pour ce qui est des âges du Bronze moyen et récent, nous n'avons pas retrouvé la céramique de la Polada, bien que l'Aude ait déjà donné ce type de céramique, mais l'anse de vase carénée peut être considérée comme appartenant à son contexte. - Au Chalcolitique pourraient être rattachés les tessons ornés de cannelures, ces dernieres parfois disposées e métope. Ce seraient là les premiers indices dans l'Aude de la céramique de type Fontbouïsse. Mais il s'agit peut-être aussi de tessons de l'âge du Bronze final. - Par contre, nous n'avons trouvé ici aucun indice de cette brillante civilisation pyrénaïque, dont l'un de nous a noté par ailleurs le grand développement en terre audoise, principalement en ce qui concerne les sépultures. - Il est curieux de constater ainsi que d'importantes grottes de la zone pyrénaïque (Bize, Les Chambres d'Alaric, Bédeilhac) n'ont livré aucun indice de la civilisation Chalcolithique pyrénéenne. Enfin et surtout se trouve confirmée la richesse du territoire audois en céramique chasséenne. - Nous avons déjà noté l'importance de ce groupe dans l'Aude et il est certain que de nouvelles trouvailles se feront jour. Les Chasséens ont ainsi fortement occupé le Massif d'Alaric, dominant de la sorte toute la dépression sise entre ce massif et la Montagne Noire, où ils ont été également repérés (Buffens, Gazel). Leur présence a été également notée plus à l'Ouest, soit en habitats de plein air (station des Aurioles, Cavanac), soit en sépultures en caissons (nécropole de Dela laïga, Cournanel) - En conclusion, ce modeste sondage aux Chambres d'Alaric s'est avéré riche d'enseignements : il a confirmé la richesse audoise en céramique de Chassey et posé la question de l'existence possible dans ce département de la céramique de type Fontbouïsse - - 2 - Résultats des fouilles réalisées en août 1971 : 'Cahiers ligures de préhistoire et d'archéologie' N° 20 de 1971, par Jean GUILAINE. - - Dans les carrés H15 - H16 - G15 - G16 une couche de terre grise, homogène (C2), appartient à la fin de l'âge du Bronze. Des ossement humains mal conservés mais montrant des connexions partielles permettent de supposer qu'il s'agit là d'un niveau sépulcral, hypothèse en faveur de laquelle plaide l'abondance des éléments de parure (épingles de bronze à tête conique, épingle à tête enroulée, aiguille à chas, bracelets, armilles, anneaux etc). - - Ces documents métalliques et les formes céramiques bien typées qui les accompagnent indiquent le Bronze Final III/B (groupe Mailhac I). Or à cette époque, la plupart des nécropoles languedociennes attestent une généralisation du rite de l'incinération alors qu'ici il semble s'agir encore d'inhumations désordonnées, dans la tradition de l'Age du Bronze. Les recherches à venir devraient permettre d'élucider ce problème.
Modalités de visite de la grotte
Afin de préserver des espèces animales protégées, des périodes de visite sont à respecter. L'association Derivaz, œuvrant pour la protection des chauves-souris a installé un panneau indiquant les dates à respecter pour visiter la grotte. L'accès est autorisé du 1er juin au 1er septembre, et du 15 décembre au 15 février. En dehors de ces dates, visiter la grotte risquerait de déranger les colonies de chauves-souris qui y séjournent.
Relevés du taux de Co2
Des relevés de taux de Co2 ont été effectués par des membres du SCA le 27 janvier et le 3 février 2024, à l'aide d'un appareil modèle V-KÎNG. Les mesures ont été effectuées dans plusieurs localisations précises, afin de comparer les résultats entre le relevé du 27 janvier et le relevé du 3 février. Salle de la boue : •0,5 % (27/01/2024) •0,5 % (03/02/2024) Effets ressentis : aucun. Réseau du Renard : •0,8 % (27/01/2024) •0,9 % (03/02/2024) Effets ressentis : aucun. Ressaut de 3 mètres menant au Réseau Ali Baba : •1,2 % (27/01/2024) •1,4 %(03/02/2024) Effets ressentis : aucun. Centre du Réseau Ali Baba (réseau le plus bas de la cavité) : •1,9 % (27/01/2024) •2,1 % (03/02/2024) Effets ressentis : augmentation de l'amplitude respiratoire et essoufflement modéré lors des escalades et des passages bas, les efforts physiques sont plus épuisants.
Caves nearby
Distance (km) | Name | Length (m) | Depth (m) |
---|---|---|---|
0.2 | Baux (Grotte des) | 25 | 7 |
0.2 | Saint-Pierre (Trou de) | 20 | 0 |
0.5 | Roc Gris (Grotte-aven du) | 25 | 26 |
1.2 | Fayenc (Aven de) | 75 | 15 |
1.4 | Carrière de Moux (Grotte de la) | 10 | |
1.4 | Perchée (Grotte) | 17 | 17 |
1.9 | André (Grotte) | 140 | 72 |
2.2 | Coumbo de la Grava (Trou de la) | 10 | 1 |
2.5 | Las Fados (Aven de) | 26 | 16 |
Géologie
STRATIGRAPHIE : - La cavité s'ouvre dans une falaise du Dévonien moyen (formation primaire). - Ce sont des calcaires ayant l'aspect du marbre, de couleur gris clair, à patine blanchâtre. Partiellement dolomitisés, ils contiennent des lits de chailles et admettent localement une passée de pélites et de grès noirs, quelque peu charbonneux. - Ils affleurent en une étroite bande de 2km de long pour une largeur variant de quelques mètres à 250m, orientée Nord-Sud, entre MOUX au Nord et CAMPLONG d'Aude au Sud, elle est limitée à l'Est par une importante faille. - - TECTONIQUE : - Les déformations hercyniennes se marquent essentiellement par des plis de dimensions décamétriques, le plus souvent rejetés et déversés vers le Sud et accompagnés d'une schistosité à très faible pendage vers le Nord. - Ces plis sont affectés par des accidents présentant des directions variables, soit NNW/SSE, soit encore E/W dans la partie Nord.
Cds 11 (12/09/2013)