Crestado (Gouffre du) [CR 1] [CR 01]
43.022018,0.393667
Location
A partir de Toulouse, prendre la N 117 jusqu’à Montréjau , à la sortie prendre à gauche la D 938. Au village de Tuzaguet, après Saint-Laurent-de-Neste, tourner à gauche sur la D26 vers Saint-Arroman, puis continuer la D26 en direction Héchettes. Au col de Mazouau suivre la D26 sur 200 mètres. Là démarre sur la gauche la route forestière de Bazus et Mazouau. Suivre celle-ci jusqu’au bout (3 km environ). Laisser la voiture sur le parking, (altitude 900m) situé au bord d’une grande doline. A partir de là, deux itinéraires d’accès sont possibles, tous deux pédestres. - Premier itinéraire : Traverser la doline et monter en face en suivant le sentier. Quand on est sur la crête de la doline, prendre à gauche plein sud vers les barres rocheuses sur 200 mètres. A la limite de la forêt de hêtres et de buis commence un sentier qui monte dans les buis : le suivre sur 70 mètres. On rejoint alors un autre sentier avec un balisage rouge peint sur les buis. Suivre celui-ci à gauche sur 150 mètres (ça monte assez raide). Puis prendre encore à gauche un autre sentier moins bien marqué en direction de l’Est sur une cinquantaine de mètres. On arrive sur un beau petit lapiaz à l’altitude de 1011m. Il s’agit en fait du haut de la doline d’entrée. Descendre sur un trentaine de mètres et on trouve l’entrée du trou dans la paroi de la doline. Temps : 20’ - Deuxième itinéraire : Au parking, avant la doline, prendre à gauche plein Sud dans le bois de hêtres vers les barres rocheuses les plus élevées. Arriver jusqu’à leur pied et monter en les longeant au plus raide. On atteint le bas du lapiaz. La doline d’entrée est donc à droite. Temps estimé : 15’. Cet itinéraires nous sert surtout pour le retour.
Ce gouffre est situé dans le département des Hautes-Pyrénées, dans la zone du Piémont entre la Garonne, la rivière de la Neste et le Plateau de Lannemezan. Il s’agit là du massif de la Barousse, zone de moyenne montagne où les sommets dépassent rarement les 2000m. Le gouffre s’ouvre sur la commune de Bazus – Neste, sur un petit massif formé de trois sommets : le Cap d’Estivère (1211m), le Pic de Mazouau (1104m), et le Crestado (1150m). Il est bordé à l’Ouest par la vallée de la Neste, au sud par le ruisseau de la Goutte et les pentes de Pène Haute (1451m) et au Sud-est par la dépression de la Bayelle de Gazave. Il s’agit donc d’une des premières collines du Piémont.
Description
Description générale
L’entrée, étroite et malcommode, ne laisse rien présager de bon. Pourtant, elle domine un joli puits de 15 mètres où l’on prend ses aises. Un passage descendant étroit, à l’origine colmaté par des blocs et de la terre, nous invite plus bas. Arrivée dans un élargissement où suinte un filet d’eau. Une étroiture sévère, aujourd’hui humanisée, amène sur un conduit perpendiculaire qui évolue en petit ressaut. A sa base, une nouvelle série d’étroitures précède un nouveau ressaut. A gauche, un petit actif se remonte sur quelques mètres ; au-dessus, un passage dans des concrétions amène sur une étroiture proche du haut de la salle du P 7. Ce P 7, équipé rock’n roll, nous fait découvrir le « mondmilch crestadien » qui en vaut bien d’autres. Après avoir bien pataugé, il faut s’infiltrer dans un méandre étroit agrémenté d’un cloaque spongieux dont on s’extirpe tant bien que mal pour accéder au départ du boyau du P 37. L’ensemble de ces passages a été baptisé « café con lèche » (voir topo). Le P 37, ou « faux P50 » (voir historique), débute par une sévère étroiture verticale mais on est ensuite dans le vif du sujet et l’esthétique des lieux fait oublier les côtes râpées. En bas, il faut remonter le long des banquettes, puis traverser un zone concrétionnée. Sur la droite, petite arrivée d’eau venant d’une cheminée qui reste à escalader. A gauche, au ras du sol, un boyau nous happe pour nous amener au sommet d’un nouveau puits. On ne descend par tout de suite, il faut enjamber une lucarne puis descendre un P 6 dont le plancher est rayé d’une fine fissure surplombant le P 40, appelé primitivement « Puits du Gardien ». La descente de celui-ci est magnifique, au milieu d’un vide de 10 à 20 mètres de large. Elle s’achève par un surcreusement en méandre, très spacieux, où deux puits de 13 et 9 mètres nous portent à -144m dans une petite salle concrétionnée. Le ruisseau s’infiltre dans la boue. Une galerie continue 3 mètres au-dessus. On l’atteint par une courte escalade terreuse. Un petit élargissement, dès le début, constitue la traditionnelle « salle à manger ». A l’aplomb, une grande cheminée évidente remonte en gradins sur plus de 30 mètres et rejoint le milieu du P 40. A 30 mètres de sa base, par une fissure latérale, on prend pied dans un ancien conduit descendant, concrétionné, comportant plusieurs diverticules et colmaté irrémédiablement à -130 m. Ce point est curieusement situé à l’aplomb du méandre inférieur actif et de la grande salle terminale (voir plan et coupe). Revenus à la « salle à manger », nous continuons par un méandre agrémenté de quelques resserrements puis d’un P 13 donnant sur de magnifiques banquettes remontantes qui butent sur une paroi verticale. Heureusement, le trait de scie du méandre est praticable et mène, après quelques étroitures supplémentaires, au-dessus d’un grand trou noir. Un amarrage en Y permet d’équiper plein vide ; on débouche immédiatement dans une immensité surprenante. 28 mètres plus bas, on prend pied dans la salle appelée d’abord « salle du Temple » puis qui a évolué en « puits du Gardien du Temple ». Elle est grossièrement circulaire avec des dimensions maximales de 35 et 30 mètres. Le sol, en forte pente, présente une déclivité importante puisqu’on note une différence d’altitude de près de 30 mètres entre les côtés ouest et est. La hauteur depuis le fond de la salle jusqu’aux voûtes dépasse les 50 mètres. Le fond est occupé par de gros blocs détachés des parois ; en s’insinuant entre ceux-ci, on atteint le point bas de la cavité à – 198m. Le ruisselet qui arrivait depuis le bas du P 13 par un joli porche en plafond, se perd rapidement dans les cailloux. C’est une fin majestueuse pour un gouffre très intéressant mais que l’on aurait aimé suivre plus profondément.
Approches géologiques
Les recherches poussées et les documents existants sur cette région des Pyrénées étant nombreux, cela nous a permis de mieux la comprendre et l’étudier. Nous allons doc essayer de faire une présentation complète mais simple du sujet. - STRATIGRAPHIE Plusieurs affleurements calcaires se rencontrent sur le massif. Celui du gouffre appartient aux calcaires à entroques du Gargasien dits « à faciès urgonien », formations classiques et bien connues des spéléos de France et de Navarre. Ce sont des calcaires gris clair à patine blanche renfermant de nombreux fossiles comme des huîtres, Toucasia, Polypiers, entroques, … Ces calcaires se sont formés dans un environnement de type récif et ceux du Pic de Mazouau plus précisément dans les zones agitées du trottoir extrême, face à la haute mer. Étrange ! Bora-Bora en Barousse ! Après cet épisode « lagonesque », on assiste à une arrivée de matériel détritique de type flysch composée, sur les flancs du pic de Mazouau, de marnes argilo-gréseuses intercalées de petits bancs de grès roux visibles sur les bords de la Neste et dans la salle terminale du gouffre. Ces formations comprennent de nombreuses variations de faciès. - TECTONIQUE Le secteur de Mazouau appartient à la zone nord-pyréneenne qui montre une série jurassique (Pène Haute) et crétacée (Mazouau) intensément plissée qui appartient à la couverture septentrionale du massif de la Barousse. Les calcaires urgoniens dépendent du flanc nord de l’anticlinal de Mazouau. Cet anticlinal déjeté vers le Nord, dont le cœur est occupé par les marnes est interrompu par une faille transverse dans l’axe de Gazave. On peut deviner une grande fracture qui étire le flanc Sud de l’anticlinal ; le flanc Nord, lui, s’ennoie sous le flysch et les brèches. On peut voir dans la butte de calcaires urgoniens du Tucol, au nord du village de Mazouau, la réapparition, au sein de la série du flysch, d’un élément de cet anticlinal. - La coupe géologique tirée de la carte géologique MONTREJEAU XVIII- 46 a subi une légère modification au niveau du gouffre pour expliquer la présence des marnes au fond du gouffre. La largeur de l’affleurement d’une grande cassure profonde qui aurait décalé les strates calcaires L’emplacement de cette faille semble attesté en surface, au Nord de la cavité, par un escarpement que l’on traverse en s’y rendant. - HYDROLOGIE Le gouffre du Crestado est actif toute l’année. L’arrivée la plus importante est celle du P7, elle réagit très rapidement aux précipitations. Le débit, insignifiant en été, peut atteindre quelques l/s en crue lors de la fonte des neiges ou d’orages violents. Le ruisselet ainsi formé peut se suivre tout au long du gouffre ; il se perd dans les blocs de la salle terminale sans aucun espoir de l’accompagner. La question que se posent tout de suite les spéléos est : où cette eau ressort-elle ? Deux possibilités se présentent. 1 - La Source de Peyrines, près de Gazave, a un débit important quoique très variable. - Un essai de pompage en juillet 1995 a montré la présence d’une zone noyée assez importante (300m3 sortis pour une baisse de niveau de 2.50m). Sa position géologique ne semble pas très favorable. 2 - La Source de Castoy, en rive droite de la Neste, sort dans des éboulis. Son débit est du même ordre que Peyrines. Elle est plus proche du gouffre et aucun obstacle géologique ne semble empêcher la communication. Les caractéristiques physico-chimiques des deux sources sont semblables. Le 27 décembre 1995, la source de Peyrines avait 9°6 de température et une teneur de sels minéraux de 366 mg/l , quant à celle de Castoy, elle avait 9°8 et 377mg/l. Les différences de niveau entre le gouffre et les deux sources sont du même ordre : 470 mètres pour Peyrines et 395 mètres pour Castoy. Seul un traçage permettrait d’en savoir plus et de trancher entre les deux.
Rigging
Equipement Crestado, attention équipement ancien, la plupart des spits sont inutilisables, prévoir d'en replanter un grand nombre.
Obstacle | Rope | Anchor | Observation |
---|---|---|---|
P 15 | 25m | 2s MC 1s + 2s à -2 | |
P 5 | 15m | 2s + 2s (MC) | En partie goujons de 8 |
P 7 | 15m | 1S + 2S | |
P 37 | 5m | 3s + 2 goujons de 12 + 2s à-12 (Y) | goujons de 12 |
P 6 | 90m | 2s + MC 3m+1s + 1s à-2 | |
P 40 | 2 S | même corde | |
P 13 | 2 S (Y) | même corde | |
P 9 | 18m | 2s + 1s à -2 | |
P 13 | 30m | 2s + 1s à -1 + 2s à-3 | |
P 28 | 35m | 1s + 2s (Y) |
Documents
Bibliography 15/09/2013- * C .Bès, J.Ferris, A. Michel, S. Tosatto - 1996 - Le Gouffre du Crestado. Spéléo Aude n°5 pp 90-102. * CDS 11. J.Joris - 1997 - Recente exploraties en Hun Verhalen - Gouffre du Crestado - Spelerpes N° 82 pp 13-15. * Informations et topo dans SpéléOc n°95 www.comite-speleo-midipy.com/speleoc/Revues/speleo…
[Fiche] Crestado page 1 02/02/2019
[Fiche] Crestado page 2 02/02/2019
[Fiche] Crestado page 3 02/02/2019
[Fiche] Crestado page 4 02/02/2019
[Fiche] Crestado page 5 02/02/2019
[Fiche] Crestado page 6 02/02/2019
crestado plan 03/04/2016
crestado coupe 03/04/2016
[Document] Géologie 09/01/2020
[Document] Hydrologie 09/01/2020
[Document] Equipement 09/01/2020
History
Les autres me rejoignent. Tout le monde furète, nous découvrons quelques fleurs de gypse et quelques chauves-souris qui volettent. Le doute s’installe car nous nous rendons compte que nous avons changé de roche et que nous sommes au contact d’une couche marneuse. Nous essayons de suivre l’écoulement de l’eau, de repérer le courant d’air qui nous a guidés jusque là. Mais il n’y a aucune suite. La déception est immense. Nous pensons quand même avoir dépassé la cote des 200 m. Nous entamons la remontée. Vers 130m, dans la petite « salle à manger », nous regardons encore une fois la cheminée remontante et décidons de consacrer une sortie à son escalade. Nous sortons du trou vers minuit sous un ciel étoilé. T.P.S.T. : 15h Samedi 25 février 1995 Le vendredi on se retrouve à la ferme : Serge, Christophe, Kinou, Marie, Pupu, José et Gérard. Trois équipes sont formées : Stoche et Serge descendent et font la topographie de la grande salle puis déséquipent jusqu’à 130m. Pendant ce temps, Marie et Kinou entreprennent l’escalade de la cheminée dans la « salle à manger ». Ils montent de 25m et s’arrêtent faute de temps. T.P.S.T. : 9h30 La dernière équipe part en prospection dans la zone. Elle topographie une belle perte au-dessus du CR1 et découvre une cavité sur les flancs de la Bayelle de Gazave. Le lendemain, il a neigé sur le massif, personne ne se rend au gouffre. Samedi 16 Avril 1995 Lionel, Marie et Stoche vont dans le gouffre continuer l’escalade. Ils montent encore de 5m et atteignent une lucarne. Ils entament aussitôt une désescalade de 15 ou 20m et ils se trouvent alors dans une belle galerie de 20m de long qui se pince irrémédiablement. Ils reviennent sur leurs pas et, 5m audessus de la première lucarne, trouvent un autre passage qui descend lui aussi de 12m. Malheureusement il rejoint la galerie. L’équipe fait la topo et déséquipe entièrement la cavité. T.P.S.T. : 10h QUELQUES CHIFFRES La majorité des explorations se sont déroulées pendant les weekends. Au début, nous faisions, une sortie le samedi et une autre le dimanche. Mais ces sorties étant de plus en plus longues, dépassant parfois 10h, nous n’avons fait par la suite qu’une grosse séance le samedi. Le lendemain était réservé à l’entretien et au nettoyage du matériel ainsi que de la ferme. 8 spéléos, tous du SCM, ont participé à l’exploration de la cavité, accumulant un total de 14 sorties pour 115heures environ d’exploration. Participants (entre parenthèses, le nombre de sorties de chacun) : Marie Guérard (11), José Ferris (10), JeanClaude Puliga dit Pupu (8), Serge Tosatto (8), Christophe Bès dit Stoche (7), Alain Michel (4), Christian Amiel dit Kinou (3), Lionel Puliga (1)
Depuis plusieurs années nous rénovons avec Christiane (mon amie) une petite ferme dans les Hautes-Pyrénées. Dès que nous avons un moment, vacances, weekend, nous partons bricoler. Parfois nous sommes aidés par Alain Michel, membre du SCM lui aussi. Ainsi j’alterne pêche à la truite, bricolage et randonnées. J’ai donc souvent parcouru le petit massif qui surplombe la maison à pied ou en VVT. Je savais qu’il y avait du calcaire partout et, de chez nous, je voyais les lapiaz sur les sommets avoisinants. Il n’en faut pas plus pour un spéléo en vacances. DÉCOUVERTE C’est l’été, le mercredi 27 juillet 1994 , nous avions bricolé toute la matinée avec Alain. En ce début d’après-midi les enfants dormaient et il nous était impossible de faire du bruit. Fabien, notre voisin, devait nous montrer un trou sur le Crestado mais il n’était pas libre. Qu’à cela ne tienne, nous échangeons pelle et pioches contre piquettes (piochons) et frontales et direction la piste forestière du Crestado sur son versant Nord. J’avais précédemment repéré une grosse doline sur le parking à la fin de la piste. Nous décidons de prospecter systématiquement la barre rocheuse au-dessus d’elle. L’ardeur des néophytes nous fait fouiller le moindre trou , nous creusons comme des chercheurs de trésor mais aucun des trous repérés ne recèle de courant d’air prometteur. Creusant de ci, de là, nous arrivons sur un beau lapiaz prometteur au-dessus des barres. Nous pénétrons dans quelques failles, mais toujours pas d’air. Je continue à grimper plein Sud tandis qu’Alain coupe à l’Est dans la pente raide du lapiaz. Tout à coup il m’appelle. Au son de sa voix je devine qu’il a trouvé. Je descends le rejoindre en courant et là je découvre un belle doline d’effondrement. « Regarde la fougère », me ditil. Elle bouge et tremble énormément, agitée par un courant d’air « terrible » sortant d’un petit trou de 20 cm sur 20cm. Au fond de la doline il fait frais, signe d’un bon courant d’air. Alain, tout excité, essaye de passer la tête mais la ressort avec ses lunettes embuées. N’y voyant plus rien, il me cède la place. Le test du Caillou est infructueux au début mais au bout du 30ème j’entends la pierre descendre sur plusieurs mètres. Alain veut aussi envoyer la sienne mais se lasse à la 20ème, aveuglé par la condensation. Le petit trou part horizontalement sur 1m puis fait un coude de 90° à gauche. Enfin nous réussissons à lancer un autre pierre qui descend, confirmant qu’il à là quelque chose d’intéressant. Peut-être notre premier gouffre ? PREMIÈRE DÉSOBSTRUCTION Jeudi 28 juillet 1994, nous voilà repartis vers la doline. Remontés à bloc, nous commençons à désobstruer l’entrée au marteau et au burin. Quelques écailles sont enlevées. Au bout de quelques heures nous pouvons avancer le bras un peu plus loin et enfin passer la tête. Les cailloux lancés descendent directement sur une vingtaine de mètres et l’on entend un bon « résonnien ». La roche étant tellement dure, nous ne pouvons plus rien faire. Il nous faudrait l’équipe détonante du Club. Déçus, nous allons voir un autre trou au fond de la doline. Nous réussissons à y pénétrer après quelques coups de marteau. Alain entre dans une petite salle avec une faille remontante mais rien de conséquent. Nous descendons à la ferme vers 18h. Il ne nous reste plus qu’à appeler les experts du Club pour leur montrer notre découverte et avoir une confirmation. CHRONOLOGIE DES EXPLORATIONS Jeudi 4 août 1994 : Les choses sérieuses vont pouvoir commencer. Une équipe percutante est arrivée la veille avec le matériel de désobstruction. Mais le pauvre Alain n’est pas là ! Je pars le matin avec Marie et Pupu vers le trou souffleur, tout heureux de leur montrer LA découverte. Arrivé sur les lieux, Pupu lance, sûr de lui : « Ce n’est qu’un tube à vent ». encore un peu déçu, j’espère que la désobstruction lui prouvera le contraire. Nous commençons alors une désobstruction musclée et en fin d’après midi, l’entrée est ouverte sur 1.5m.
Départ de Carcassonne du noyau dur de l’équipe : Marie, Pupu, Serge, Stoche, Alain (et oui il est enfin là !) et José. Nous arrivons à la ferme qui devient notre camp de base à 22h. Une bonne flambée est préparée suivie de la grillade, apéro bien sûr et digestif. Merci à Fabien pour la bonne eau-de-vie de prune, n’est ce pas, Stoche ?... Dodo vers 1h30 du matin. T.P.A.P. (Temps Passé A Picoler). Le réveil sera dur pour certains. Je laisse la plume à Alain. Samedi 24 septembre 1994 : On monte au trou vers 11h. Marie équipe le puits d’entrée et tout le monde descend avec les kits : perfo, batteries, etc.… On arrive sur le haut du petit puits méandre. Marie installe une main courante et je vais équiper : perfo, deux spits et corde. Je descends. En fait c’est un petit puits de 6 ou 7 mètres avec le fond rempli de boue et une paroi couverte de mondmich. Un tout petit filet d’eau ruisselle sur le fond. Tout le monde descend. La suite est indiquée par l’air et l’écoulement de l’eau. Pupu commence à faire des trous pour désobstruer : il y a une étroiture descendante d’environ 2m. Trois heures seront nécessaires, on se tasse et on se cache dans un recoin du bas du puits, à trois mètres de l’étroiture. Enfin José va voir, passe l’étroiture descendante facilement (il n’en sera pas de même pour remonter). Ça débouche dans une petite « bulle » légèrement plus large suivie d’une autre étroiture : une séance musclée supplémentaire. Pupu et moi allons reconnaître, suivis par Serge. Les cailloux sont envoyés en bas et …surprise, on entend un grand « plouf » : c’est un puits d’une dizaine de mètre avec une belle vasque au fond. Pupu et Serge équipent avec une main-courante qui enjambe l’ouverture du puits et permet l’accès à une salle surélevée où se trouve un beau petit gour. José descend le puits en première, se mouille un peu les bottes et pendule pour se poser à côté de la vasque. L’équipe le rejoint et se trouve dans une belle salle au fond du puits avec des coulées de mondmich et des concrétions bicolores marron et blanches, un peu « café con lèche ». Toujours en suivant le courant d’air et le ruissellement on continue le méandre qui part sur une étroiture élargie au marteau burin par Stoche, Marie et José. Marie passe, suivie de Serge. Ils débouchent dans le « cloaque » : une vasque infâme remplie de boue liquide sur toute la largeur du passage. Il faut y jeter des cailloux sur lesquels on marche pour ne pas s’enfoncer jusqu’aux genoux. Le méandre continue, l’eau s’écoule pardessous et on progresse sur un remplissage de terre et de cailloux. Marie passe sous une banquette et arrive en haut d’un grand puits. D’après les cailloux qu’on y jette, c’est un P 50 ! Chacun va y hurler sa joie, cela résonne terriblement ! Mais encore une fois le passage est impénétrable. Encore quelques coups de marteau pour élargir, enlever de la terre. Christophe et serge démolissent la banquette et l’accès à la gueule du puits est plus aisé. Il faudra agrandir tout de même. Pendant ce temps, José, Pupu et moi remontons avec des kits. Remontée infernale, d’étroiture en étroiture. On arrive en haut du puits d’entrée épuisés.(on = Alain et José). Sortie du trou vers 22h. TP.S.T. : 11h Dimanche 25 septembre 1994 : L’équipe s’amenuise. Restent Marie, Serge, Christophe et José. Serge et Christophe font la topographie jusqu’en haut du « P 50 » tandis que Marie et José s’occupent de l’élargissement du méandre au sommet du puits. La roche est mauvaise et cela ne marche pas terriblement bien. Qu’à cela ne tienne, ils sont excités comme des puces par le « résonnien supérieur ». Serge et Stoche les rejoignent et ils continuent la désobstruction. Enfin ça passe. Serge équipe l’entrée du puits et un fractionnement 3 m plus bas. Il descend suivi de Marie. Pendant ce temps Christophe et José remontent trois kits. C’est amusant à faire, vous verrez !
En bas du pseudo « P 50 », qui mesure 37m en fait, très large, Marie et Serge découvrent de jolies concrétions blanches (photo1). Le méandre continue et ils s’arrêtent faute de temps en haut d’un puits. Ça continue ! Toujours autant de courant d’air et arrêt sur rien , c’est grand, de plus en plus grand ! T.P.S.T. : 8h Vendredi 14 octobre 1994 : Arrivée de l’équipe à la ferme vers 21h 30 : José, Alain, Marie, Pupu, Serge et Christophe. Grande discussion à l’apéro, repas et dodo avec des rêves les plus fous dans nos têtes : 100, 200, 300, 400, 500…Faut bien ça pour s’endormir et c’est mieux que les moutons ! Samedi 15 octobre 1994 : Départ vers 10h, avec les kits équipement, perforateur et batteries. Rentrée dans le trou vers 11h de Marie, Alain, Serge. Un heure après, c’est au tour de Stoche, Pupu et José. Pour le premier groupe, la descente sera rapide jusqu’au haut du P 37. Là, une nouvelle séance de désobstruction commence…Encore ! Marie et Serge s’acharnent pendant que je me gèle dans le cloaque. Serge rééquipe le départ du puits et commence à descendre. Le puits est tout de suite très large après l’étroiture (5 ou 6 m de diamètre) et après 15m de descente, on arrive sur un rebord, sorte de margelle qui fait tout le tour. Le puits continue au centre. Pendant que Serge fait un fractionnement avec un amarrage en Y, je rejoins Marie sur le rebord , puis on continue à descendre, le reste de l’équipe suit. La deuxième tirée fait environ 25m. Tout le monde se regroupe en bas du puits, très large aux parois magnifiques couvertes de mondmilch. On se trouve dans une belle salle avec sur la droite une cheminée remontante (non explorée) et une arrivée d’eau sur de belles coulées de concrétions toutes blanches. A gauche, au bout de la salle, nous nous engageons dans un petit conduit qui nous mène en haut d’un puits méandre. Nous équipons en maincourante pour shunter un petit puits et passons une « fenêtre ». Là, nous descendons un puits de 7 à 8m. Arrêt sur un rebord étroit où tout le monde s’agglutine longé sur la corde, le méandre plongeant à nos pieds. Serge équipe, on éclaire avec la torche et on voit de l’eau plus bas, apparemment entre 20 et 25m. Christophe descend avec une corde de 25m et s’aperçoit, au milieu du puits, que la corde est trop courte, il manque plus d’une dizaine de mètres. Il remonte. On met la corde de 40m et il repart. On le voit descendre dans un puits magnifique, « plein vide », plus de 10m de diamètre et surprise, la corde arrive tout juste en bas. C’est donc un P 40 au lieu des 20-25m estimés au début. José, Marie et Serge suivent. Pupu et moi remontons sous les insultes et les quolibets du reste du groupe (c’est cela l’esprit d’équipe !). Je rends donc la plume à José qui va continuer le récit. En bas du puits coule le petit ruisselet aperçu auparavant. Le courant d’air est toujours là. On équipe au sommet d’un petit P 10 ou P 15. Je descends, le méandre continue , nous suivons le ruisselet et nous arrivons après quelques mètres en haut d’un autre puits d’une dizaine de mètres. Marie l’équipe et tout le monde descend, Serge en tête. En prévision d’une longue exploration, nous avions emporté une énorme bite à carbure. Je la pose sur un petit plan incliné puis je l’oublie. Tout à coup, PLOUF ! « Tiens un caillou est tombé à l’eau… »Je regarde tout de même et je constate un bouillonnement à la surface de l’eau. Vite Christophe saute et repêche la bite : elle ressemble à une chambre à aire gonflée, prête à éclater. Il nous fait immédiatement éteindre les lampes. Ouf, plus de peur que de mal, l’explosion est évitée. Merci, Stoche. En bas nous atteignons une galerie avec un plancher terreux.
L’équipe arrive dans une petite salle dite « Salle à Manger » avec des concrétions en « dentelle » marron sur les murs et un chou-fleur en son centre. Dans cette salle démarre une cheminée encore non explorée. La galerie terreuse continue sur une trentaine de mètres et on arrive au-dessus d’un autre puits dans le méandre (voir photo 2) Arrêt sur rien, au-dessus d’un vide estimé à 20m. Alain et Pupu sortent du trou à 20h 30. Il pleut. Serge, Marie, Christophe et moi sortons à 23h 30 dans un brouillard épais. T.P.S.T. : 12h Alain et Pupu qui attendaient toujours dans la voiture, somnolents, voient enfin quelques lumières fantomatiques descendre dans la forêt et sortie de la brume. La descente au village se fait en évitant d’écraser les centaines de salamandres qui se promènent sur la piste. A minuit, toute l’équipe se retrouve devant le feu et s’attable pour engloutir un solide cassoulet. Dimanche 16 octobre 1994 : L’équipe s’amenuise, il ne reste que Marie, Serge et Stoche pour la sortie dominicale. Départ vers 11h pour faire la topo depuis le haut du P 37 jusqu’au terminus atteint la veille et continuer l’exploration si possible ! Ils atteignent le terminus, équipent le nouveau puits (P 15), le descendent et suivent le méandre, toujours guidés par le courant d’air. Ils arrivent rapidement au départ d’un grand puits à l’entrée très étroite mais pénétrable. Quelques cailloux lancés dans le trou confirment sa profondeur assez importante. C’est l’enthousiasme, une nouvelle fois arrêt sur rien. T.P.S.T. : 9h Lundi 31 octobre 1994 : Pupu aidé par Kinou, nouveau venu dans l’équipe, sont délégués pour aller élargir toutes les étroitures qui jalonnent le trou jusqu’à la salle « café con leche ». Merci les copains, mais encore un petit effort, il en reste. T.P.S.T : 9h Samedi 3 décembre 1994 : Comme d’habitude toute l’équipe arrive la veille : Stoche, Serge, Pupu, Kinou, Marie et José. T.P.A.P : 1h 30 et dodo. Marie et José sont chargés d’équiper en fixe la cavité avec des maillons rapides. Malencontreusement, les maillons emportés sont trop petits, l’équipement s’avère très long et fastidieux. La deuxième équipe (Stoche, Pupu, Kinou et serge) nous rejoint. C’est à ce moment-là que la cavité, au passage d’une étroiture, va faire sa première « victime » : Stoche dit Christophe se coince le dos à 40m. Il est secouru et raccompagné vers la sortie par Serge. Pendant ce temps, nous nous acharnons à équiper. Malheureusement pour moi, arrivé au fractionnement du P 37, je reste coincé au moins trente minutes dans un grand enchevêtrement de cordes et de kits dans cette maudite étroiture du P 37. Ma hantise… Et dire qu’elle est encore plus terrible à la montée ! Merci, Kinou, pour avoir patienté. Arrivés en bas du P 40, on se repose un peu. Nous atteignons le terminus des explorations précédentes et nous entendons les halètements de Serge qui nous rejoint en courant. Le grand puits est équipé par Serge à peine arrivé. Je m’oppose à tout velléité de descente en première de la part de mes équipiers ! Je me lance dans l’étroiture rituelle, la passe et j’ai la surprise de voir le puits s’évaser énormément. Je ne distingue plus les parois et me retrouve « plein vide », suspendu à la corde (voir photo 3) en train de crier ma joie (et ma trouille !). Je suis en fait au plafond d’une immense salle. Après 30m de descente, je pose les pieds sur un grand éboulis qui descend encore sur une vingtaine de mètres. Le fond de la salle est rempli de blocs énormes (voir photo 4). Elle mesure plus de 30m de diamètre. Croyant distinguer une continuation, je m’avance vers le fond.
Nous sommes bien après l’étroiture, au-dessus d’un puits d’une quinzaine de mètres. « C’est suffisant pour passer », dit Marie. J’aurais bien insisté davantage, le passage me paraît malgré tout bien étroit…Nous descendons à la maison vers 18h , un bon apéro nous attend. Vendredi 5 août 1994 : Je n’aime vraiment pas les étroitures, mais je veux être le premier à descendre. Nous installons deux clowns (qu’es aco ?) à l’entrée et une sangle en déviation sur un amarrage naturel. Me voilà dans le vif du sujet, engagé dans l’étroiture. C’est la première fois que je descends un puits en première et que je l’équipe. Je ne laisse la place à personne. Le trouillomètre à zéro, mes pieds arrivent sur une margelle au haut du puits. La corde frotte. D’en haut Pupu et Marie me conseillent. J’m’installe « confortablement » en grand écart, en opposition au-dessus du vide et je commence à planter mes deux spits. Que c’est long à la main ! Je visse mes plaquettes et je pose les mousquetons et la corde. Fallait-il un nœud en huit ou en neuf ? Je ne sais plus. Bon, du calme, je me longe et je fractionne. Un coup d’œil au schéma du descendeur pour me rassurer puis faut y aller ! Enfin je m’éclate, le puits défile. Heureusement ! En bas, je pose les pieds sur des blocs coincés. Vers l’amont il y a un départ de méandre obstrué sans air. Vers l’aval, le méandre est ventilé, l’air arrive d’un petit ressaut de quelques mètres. Mais déception, au fond il est impénétrable. En attendant Pupu et Marie, je fouille un peu partout mais rien. L’air est toujours là dans le méandre et l’espoir d’une continuation aussi. Comme prévu, la sortie et le passage de l’étroiture sont terribles pour moi. T.P.S.T. : 4h Nous descendons vers la ferme. Eliane, Florent et Serge sont arrivés. Samedi 6 août 1994 : L’équipe renforcée par Serge repart vers le Crestado. Nous commençons la désobstruction du ressaut au fond du puits d’entrée. Pour ce faire nous utilisons un seau et un petit pied de biche dit « barraminette ». La désobstruction s’avère assez facile sauf quelques gros blocs que Serge et Pupu se font un plaisir d’enlever. Comme toujours dans ces cas là, c’est à qui sortira le plus gros ! Le ressaut devient de plus en plus raide. Marie, grâce à son fameux régime, parvient à se faufiler et passe l’étroiture. Elle atteint une petite salle concrétionnée. L’air est toujours vif, la température mesurée par « Serge –la science » est de 8°3. Le méandre se poursuit après la salle mais il est trop étroit. Tout l’air vient de là, il faudra agrandir. T.P.S.T. : 6h Dimanche 7 août 1994 : Avec la même équipe, l’objectif de la sortie est d’agrandir l’étroiture du ressaut et élargir le méandre. Nous descendons lestés par le perforateur et les batteries. Marie et Pupu commencent alors une séance de travail acharné. Nous patientons dans le petit méandre amont en les relayant de temps à autre. Nous pouvons enfin dégager les blocs par le bas. Il faudra élargir si ça continue. Maintenant nous voilà dans le méandre : rebelote. Pupu nous dégage rapidement le passage. Puis Marie, telle une liane, se faufile et va jeter un œil. Ça passe ! Elle arrive en haut d’un puits estimé à 8 ou 10m. C’est la joie, arrêt sur rien ! La remontée du matériel est laborieuse, les kits lourds et les passages encore bien trop étroits à mon goût. On déséquipe. Le trou atteint la cote 30m. Dans l’équipe on ne parle plus de « tube à vent ». TPST : 5h Vendredi 23 septembre 1994 : Finies les vacances, nous décidons d’organiser les sorties au Crestado pendant les weekends.
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Distance (km) | Name | Length (m) | Depth (m) |
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0.0 | CR 02 (Grotte) [CR 2] | 7 | 2 |
0.1 | CR 04 (Gouffre) [CR 4] | 10 | 7 |
0.1 | CR 03 (Grotte) [CR 3] | 7 | 1 |
0.5 | CR 12 | 25 | 15 |
0.5 | Léna (Aven) [CR 30] | 40 | 28 |
0.5 | Martrou (Gouffre) | 440 | 126 |
0.5 | Petit Martrou (Le) [CR 06] [CR 6] | 19 | 15 |
0.5 | CR 06 | 19 | 15 |
0.5 | CR 11 | 13 | 7 |
Temps d'approche et de visite
Cds 11 (15/09/2013)
🔦 : 8h 🚶: 30m