Martrou (Gouffre)
43.022359,0.400344
Location
A partir de Toulouse, prendre la N 117 ou l’autoroute, suivre la direction Saint-Lary/Espagne et traverser La Barthe-de-Neste par la D 926. Quelques kilomètres plus loin, tourner à Isaux vers Lortet ; on traverse la Neste puis le village de Bazus-Neste et on monte vers Mazouau. Au col de Mazouau (juste avant le village), suivre la D 26 vers la droite sur 200 mètres. Là démarre sur la gauche la route forestière de Bazus et Mazouau. Suivre celle-ci presque jusqu’au bout ; on repère facilement sur la gauche une piste très pentue qui arrive de la montagne. Elle est impraticable en voiture. On se gare donc à proximité du carrefour et on poursuit à pied en suivant la piste. Plus haut, elle forme un grand virage rocheux puis continue à travers bois. Après 300 mètres environ de marche, on aperçoit un lapiaz sur la droite ; c’est au pied de celui-ci que s’ouvrent les trous. On les rejoint facilement depuis la piste.
Description
Description détaillée
Commençons par le magnifique puits d’entrée du CR9. Une double entrée étroite (on emprunte la plus basse) surplombe une diaclase plus large ; après 10 mètres de descente, le puits s’évase considérablement et offre une verticale de 40 mètres dans un tube en ogive. On se pose à -52m sous l’entrée au bas du puits qui est confortable. Un tas de blocs témoigne des efforts de désobstruction pour finaliser la jonction avec le CR 8. On s’enfonce alors dans un petit méandre agrandi qui aboutit rapidement au sommet d’un P11 que l’on descend facilement. Le puits continue par une série de marches de plus en plus hautes jusqu’à -85m où on atteint un méandre très étroit. De là, on entend très distinctement des personnes se trouvant dans le méandre du Pupu-pendu dans le plafond de l’élargissement situé juste avant « l’accroche-Pupu ». La jonction se ferait par le plafond et ne présente donc pas d’intérêt. Revenons au bas du P11 pour atteindre une lucarne par une escalade facile de 4 mètres. On arrive sur un balcon concrétionné, au-dessus, arrivés d’un autre gros puits, de 25-30 mètres certainement, qui n’a pas été remonté, vers le bas on descend dans un autre puits de 30m où se fait la jonction avec le CR 8. C’est aussi un beau puits vertical coupé de grandes marches. La base est colmatée par des blocs et il faut emprunter une petite lucarne à 2,5 mètres de haut pour rejoindre la suite : un ressaut de 4 mètres donnant dans une salle. Un gros bloc coincé parque le départ du méandre du Pupu-pendu, étroit par endroits. Un premier élargissement précède une courte remontée de 2 mètres malcommode où avait été placée une sangle qui a été à l’origine d’un épisode cocasse et du nom du passage. On continue par un boyau étroit et pénible, surcreusé (bonjour les kits !), duquel on s’extirpe avec soulagement pour s’ébrouer dans un second élargissement. Un ressaut de 3 mètres se présente, un suintement pérenne provenant d’une diaclase en hauteur (remontée sur quelques mètres) a rempli le bas du méandre et forme une vasque. Le méandre s’élargit ensuite, et sur une banquette, à droite, repose un squelette entier, en connexion, de ce qui semble être un félidé, d’où le nom du coin. Une chicane humide suit, nous sommes à -102m et arrivons en haut du puits de la Niche, court (11m) mais esthétique et dans lequel pendule amène sur un réduit concrétionné. En bas, on franchit une sorte de portail entre deux vieilles coulées de concrétions, le sol est très boueux puis on attaque une portion plus étroite donnant dans un nouveau méandre qui a fait l’objet de nombreux agrandissements percutants. Il descend en zigzaguant et aboutit après un petit ressaut de 3 mètres dans une galerie spacieuse de style « conduite forcée ». Malheureusement, la suite n’est pas très réjouissante. Sur la droite, on bute presque tout de suite sur une arrivée verticale légèrement active, remontée sur 12 mètres, arrêt sur une étroiture. Le filet d’eau se perd à -126m dans un bas fond boueux. A gauche, la galerie se poursuit, boueuse, surcreusée par un minuscule méandre et s’arrête 10 mètres plus loin sur un tout petit trou sans air. Il nous reste à visiter le CR8 dont l’entrée circulaire s’ouvre au fond de la doline jouxtant le CR9. Des petits ressauts terreux amènent sur un puits de 41 mètres en plusieurs tronçons jusqu’à -53m. La suite est de -23m : par un pendule dans ce puits, on atteint un méandre qui se rétrécit de plus en plus et s’achève sur une faille étroite surplombant le puits José Murphy (voir historique) de 49 mètres. Après 4 à 5 mètres de descente fine, il s’évase considérablement pour prendre de belles proportions, caractéristiques de presque tous les puits du massif. A -35m, il se dédouble au niveau de lames rocheuses de belle facture. Si l’on continue la descente, on arrive sur deux fonds plats colmatés par la terre à -76m. A -35, un pendule permet d’atteindre un palier qui continue en méandre et arrive sur un nouveau puits spacieux. Après 7/8 mètres de descente, on rejoint la voie arrivant du CR9 dans le P 30, la jonction est effectuée.
Synthèse
Avec tous ces puits jointifs, la cavité atteint quand même un développement de 440 mètres, sans compter le puits de 25 mètres qui n’a pas été remonté. Les possibilités de continuations sont faibles, nous le signalons quand même : Au bas du P 52, sur la droite, existe un petite départ dans lequel les cailloux tombent de quelques mètres ; ce conduit pourrait déboucher sur un des deux actifs du trou, soit celui alimentant la vasque du R3, soit celui arrivant au fond. Il reste aussi quelques petites arrivées dans des puits et la remontée au-dessus du P 30, puits d’au moins 25 mètres de haut qui peut éventuellement redonner sur d’autres conduits verticaux. Au niveau de la visite sportive, c’est une cavité agréable avec de très beaux puits, quelques étroitures et une possibilité de descente croisée en deux équipes se rejoignant à la jonction de -60.
Documents
Bibliography 01/09/2013- BES C., FERRIS J., MICHEL A., TOSATTO S., -1996- Le Gouffre du Crestado, Spélé Aude n' 5 pp. 90-102.
[Fiche] Martrou page 1 27/01/2019
[Fiche] Martrou page 2 27/01/2019
[Fiche] Martrou page 3 27/01/2019
[Fiche] Martrou page 4 27/01/2019
[Fiche] Martrou page 5 27/01/2019
History
La zone fut visitée une première fois par Pupu et José en juillet 1994. Mais Pupu, en grand spécialiste, déclara : « Là, y a rien ! ». Nous laissâmes donc tomber cette zone prétendument stérile, surtout à cause de l’exploration du CR1. Mais ce lapiaz étant tellement beau, j’étais persuadé qu’il y aurait bien quelques cavités. Au hasard de mes balades sur le secteur, je continuais à jeter un œil attentif sur la zone. Le 25/07/1995 : Sur le bord du lapiaz, Christophe et moi sentons le souffle de quelques petites fissures. Ce furent les premiers indices ! Christophe paraissait pourtant sceptique ! Le 27/07/1995 : Seul sur la zone, avec un pied de biche, je commence à désobstruer une des fissures. De gros blocs roulent en contrebas de la doline. En une heure, tout ce qui bouge est dégagé. Des cailloux tombent dans le trou sur une dizaine de mètres. Finalement appariait un beau P10 ! L’entrée bien qu’étroite semble pénétrable. Il ne resta plus qu’à descendre, mais seul et sans matériel, je reporte l’exploration. TPAD=2h. Le 10/08/1995 : Vincent, le beau-frère non-spéléo, et moi montons au trou avec une corde de 25 mètres et le nécessaire pour spiter. C’est plein d’appréhension que je commence l’équipement. Deux spits et la corde bien amarrée me permettent de descendre d’une dizaine de mètres dans le puits. J’atteins le bas après avoir installé une déviation à -10m. Le fond du puits large de 3 mètres se poursuit par un petit méandre étroit et donc impénétrable, mais au fond on sent bien l’air ! Il reste dons un espoir : il faudrait ouvrir ! La sortie, avec mon manque de technique, fut assez délicate et c’est peu dire. Vincent, assez inquiet, m’aida tant bien que mal à m’extirper de ce trou. Grand soulagement à l’extérieur ! Fier de ma découverte, je racontai mon « exploit » aux cadres du club. Malheureusement cela ne souleva guère l’enthousiasme que j’espérais. Personne ne prit seulement la peine d’y jeter un œil, même amusé. Il est vrai que les explorations du CR1 prenaient tout notre temps. Mon petit CR6 tomba donc provisoirement dans l’oubli. Le 14/04/1996 : Nous venions de terminer l’exploration du CR1 (voir Spélé Aude N°5 : Gouffre du Crestado). L’objectif de ce dimanche était de réaliser la topo de l’aven de la Salamandre (CR5) et d’y faire une escalade. Des broutilles, quoi ! Départ de la ferme vers 10h 30 accompagné d’un membre du spéléo Club des Baronnies. Je devais lui montrer l’entrée du CR1 et aussi échanger des documents sur la zone qu’ils avaient explorée dans les années 80. Une zone riche de nombreuses cavités et où ils ont découvert le gouffre Marcel-Dubois (-235m). Après le départ de ce charmant garçon, on se dirige vers le CR5 en ordre dispersé et comme toujours on a du mal à trouver son entrée. En passant, Christophe découvre une cavité que nous nous empressons de désobstruer. Marie et Alain y pénètrent mais sont arrêtés après quelques mètres, sur une étroiture qui, à ce jour, n’est toujours pas agrandie. Le CR 7 nous attend. Vers 14h, nous pénétrons enfin avec Stoche et Alain parfait dans le CR5. L’équipe Kinou, Marie, Bernard et Pupu décide de rentrer sur Carcassonne. Je leur indique le chemin le plus court, passant par la zone du CR6, et leur demande de prospecter autour du CR6 au cas où. Dans la Salamandre, après avoir fini l’escalade qui ne donne rien, nous commençons la topographie. Tout à coup, nous entendons Pupu et Marie qui nous appellent. Mais pourquoi ne sont-ils pas encore partis ? Je cède la parole à Bernard… Attiré, en contrebas de la piste, par un effondrement broussailleux, je remarque, à la voûte de ce qui pourrait être une ancienne conduite forcée, le tremblement des mousses et des fougères… Il n’y a absolument pas de vent, ce ne peut être qu’un trou souffleur !
L’air froid qui caresse ma main ne m’en laisse aucun doute. Kinou et moi attaquons la désob à l’aide de branches mortes, seuls outils improvisés que nous ayons sous la main, sous les yeux sceptiques de Marie et de Pupu, qui, quelques minutes auparavant (je les entends encore…), me disaient : « ne vas pas là, on y est allé plusieurs fois, il n’y a rien ». Très vite se dessine une entrée en pente à environ 30 à 40°, et déjà les premiers cailloux lancés à bout de bras rebondissent une première fois à 20 mètres environ, puis encore plus bas. Il s’agit d’une cavité quasi verticale d’au moins 40 à 50 mètres de profondeur, qui fait chuter de quelques degrés ce que j’ai perçu comme un scepticisme ambiant. Stimulés par l’excitation de la découverte, l’un plongeant dans le boyau pour arracher les obstacles, l’autre le tirant (en tout bien, tout honneur…et par les pieds), les bras chargés des plus gros cailloux que nous ne voulons pas envoyer vers le bas, nous ouvrons un étroit passage. Je m’y engage (ou plutôt je m’y glisse), avec une assurance de fortune, professionnellement concoctée par Marie. En descendant, ça passe toujours… A trois ou quatre mètres sous l’entrée, sur la gauche, un ressaut de quelques mètres mi-rocheux mi-terreux, puis une plate forme. Une magnifique petite concrétion, probablement soumise à des courants d’air fluctuants, part en tous sens au plafond. Puis c’est le vide et l’obscurité que la pâle lumière de la frontale ne parvient pas à percer. Les cailloux désignés volontaires pour poursuivre l’exploration confirment qu’il y a encore plusieurs dizaines de mètres de verticale, en deux parties. L’exploration doit continuer, mais pas dans ces conditions. Je remonte donc vers la sortie qui, comme prévu, s’avère plus difficile que l’entrée. Malgré cinq paires de bras (José, Stoche nous ont rejoints entre temps) qui tirent la corde à laquelle je m’agrippe, malgré l’absence d’équipement susceptible de me gêner dans l’étroiture, ce n’est qu’après plusieurs tentatives que l’équipe de surface arrive à m’extraire de l’étroit passage, tel le bouchon d’une bouteille de champagne que l’on ouvre en l’honneur du CR8. Nous entreprenons immédiatement d’élargir l’entrée, sous les yeux de Pupu qui obligé de remiser pour un temps son incrédulité, roule sa cigarette ‘Caporal gris d’après José, Samson ultra Light d’après Marie…Qui croire ?), assis au soleil sur un rocher plat à l’autre extrémité de l’effondrement. Est-ce par inadvertance qu’il se retourne, ou par conscience professionnellement spéléologique, peut-être n’est-ce tout simplement que l’expression de l’instinct du chasseur (de cavernes bien entendu !) ? En tout cas, il voit, immédiatement en contrebas, l’orifice d’un puits qui, très vite, se révèle être d’une profondeur et d’une verticalité impressionnantes. Les cailloux sifflent, fendant l’air, pour nous renvoyer, 40 ou 50 mètres plus bas (peut-être plus ? José aurait même entendu parler de 80 mètres), l’écho de leur impact sur le sol. Les discussions vont bon train quant à l’évolution du temps nécessaire à un objet lâché dans le vide pour atteindre le fond. Le CR9 est baptisé dans la foulée. Le lendemain, Pupu et moi remontons au CR8, mieux équipés pour élargir l’entrée et commencer l’exploration. Sur la foi de la description que je lui en ai faite, Pupu s’engage dans l’entrée, dans laquelle on progresse effectivement plus aisément que la veille. Sans aucune assurance, il cherche à rejoindre la plate forme. Hélas, envahie par plusieurs mètres cubes de déblais, elle a disparu et laisse place à un toboggan de boue qui plonge dans le vide. Au cri angoissé de Pupu, je lui tends délicatement l’extrémité de la corde fixée à un amarrage naturel, dont il se ceinture encore plus précautionneusement.
Ce n’est qu’après s’être remis de ses émotions qu’il m’injurie, stigmatisant « ma » plate forme imaginaire sur laquelle il devait prendre pied (se reprochant peut-être en lui-même sa témérité, mais ça, nous ne le saurons jamais). En fait, et pour contredire ceux qui, pendant des mois, ont prétendu qu’elle n’existait que dans mon esprit , la plate forme réapparaîtra (pas très large, je dois l’avouer, mais suffisamment pour y tenir debout), lorsque les eaux de ruissellement auront lavé la roche. Merci, José et excuse-moi pour cette interruption dans ton récit. Pendant ce temps, Stoche, Alain Finitif et José s’occupaient du CR9. Celui-ci (le CR9 et non pas Christophe comme on aurait pu le croire) possède deux entrées. Suite au test du caillou, nous estimons la profondeur du puits à environ 60 mètres. N’ayant pas assez de cordes, nous laissons tout le matériel sur place puis tout le monde rejoint la ferme. TRST=3h. Départ de Pupu, Marie, Kinou et Bernard aux alentours de 17h. A 17h 30, l’équipe du CR9 repart à l’assaut avec le nécessaire de cordes et d’amarrages. Vers 18h, Christophe équipe le puits en choisissant l’entrée basse. Il place 5 spits et descend sur une vingtaine de mètres. Le puits s’élargit vite et semble très vaste. Ne pensant pas avoir assez de cordes et aussi parce qu’il commence à se faire tard, il décide de remonter. Nous avons donc déséquipé le trou et sommes partis à 20h. TPST=2h. Le 17/05/1996 : Pupu et Bernard arrivent en début d’après midi puis partent immédiatement au CR8 afin de désobstruer son entrée délicate. TPAD=2h. Le reste de l’équipe arrive plus tard à la ferme pour se régaler d’une petite grillade préparée avec amour par Alain. Pendant la nuit, tout le monde rêve de la future première…prometteuse. Le 18/05/1996 : 10h30 : très tôt dans la matinée, nous formons trois équipes de « travail » : Bernard, Alain et Pupu pour le CR8 , Marie, Kinou pour de CR9, Stoche et José pour la topo. Et c’est parti ! Bernard équipe rapidement le CR8 et Kinou fait de même avec le CR9, pendant que Christophe et moi topographions le cheminement de surface des trois CR. Vers 14h, Marie et Kinou nous annoncent que le CR9 est bel et bien un beau puits de 40 mètres sans toucher la paroi. Dans la foulée, Stoche et moi faisons la topo du CR9. La descente s’avère effectivement magnifique mais aussi impressionnante, notamment au fractionnement « Kinou », sur lequel il faut penduler pour atteindre le spit. Ah ! Les équipements à la Kinou resteront un véritable plaisir tendance masochiste mais toujours sécurit ! Dur, dur quand même. Suite à cette descente aérienne, au fond du puits, on devine deux petits départs de méandre. On pense aussi sentir un peu d’air. Dans le méandre de droite, les cailloux passent par une petite fissure boueuse mais s’arrêtent relativement vite. Y a-t-il une suite ? Cela semble assez compromis pour le moment. L’autre petit méandre, bien qu’horizontal, se révèle impénétrable. C’est la fin du CR9. Du fond, on peut apercevoir la lumière du jour. Stoche prend quelques photos puis nous commençons la remontée. Au bout de 8 brassées, je décolle enfin du fond. Après moult pauses, j'arrive au fractio et devine une petite arrivée sur la paroi opposée. Nous sortons enfin de la cavité vers 15h. Le puits mesure en fait 53 mètres. L'équipe de Pupu sort à la même heure du CR8. Ils ont, de leur côté, découvert deux superbes puits juste après la zone hyper boueuse. Toutefois le fond se révèle impénétrable à -50m. Ils ressentent tous une grosse déception. En effet, le CR8 et le CR9 avaient suscité de folles espérances, mais nous nous sommes arrêtés au même niveau dans les deux puits. Marie et Kinou partent immédiatement visiter le CR8.
Vers -30m, ils aperçoivent un départ qu'il serait possible d'atteindre avec un bon pendule au fractionnement. Ils en ressortent à nouveaux pleins d'espoir vers 16h. Marie, carrément infatigable ce jour-là, enchaîne sur le CR9 en compagnie de Bernard et d'Alain Connu. Bravo ! Elle a totalisé environ 150m en une sortie (deux fois le CR9 et une fois le CR8). Sacrée Marie Pendant que cet exploit se déroulait, Stoche et moi étions en train de topographier le CR6 tout proche, tout en gardant à l'esprit le départ entrevu du CR9 à -20m. C'est ainsi que, dans le méandre du fond à -1 2m, nous appelons Bernard qui se trouve dans le CR9 au même moment. Surprise, on nous répond fort et clair ! Il n'est donc pas très loin. En fait, Bernard était au fractio et nous entendait parfaitement. Le son passait par la petite arrivée du CR9 à -20m. Il manquait environ 5 mètres pour jonctionner mais nous n'avons pas ouvert. Sortie de tout le monde vers 16h30, puis nous déséquipons le CR9 et le CR6, le CR8 restant équipé pour la topo du lendemain, et nous laissons tous les kits sur place avant de redescendre vers la ferme. TPST=4h. Ce soir-là, une excellente Garbure, préparée par notre cuisinière en chef Tante Yvonne, nous attendait. Après moult agapes, dodo vers 1 h du matin. Le 19/05/96 : Bernard rentre sur Carcassonne et vers 10 heures nous montons tous en direction du CR8. Marie, Pupu, Alain Téressé et Kinou prospectent aux alentours du pic d'Estivère. José et Stoche descendent le CR8 afin de réaliser la topo. Il a plu toute la nuit, le trou est plein de boue, la topo se fait à la descente. Le ressaut de 5 mètres se révèle vraiment infâme. Finalement, après le passage très boueux, on pénètre dans une enfilade de deux beaux puits. Au fond, l'eau ruisselle dans le méandre hyper étroit et la cavité est mesurée à -51 m. A la remontée, je déséquipe puis je pendule sur le haut du puits terminal à -30m. Stoche m'attend sur un petit replat au pied du premier puits. Après deux tentatives, j'atteins un balcon agrémenté d'un joli gour dans lequel je "m'espatarre". Attachant la corde à une colonne, j'aperçois un méandre pénétrable... A moi la première en solo ! Je découvre une petite salle suivie de deux petits ressauts. Le méandre faisant suite est haut de 10 mètres, mais je dois arrêter ma progression sur un resserrement après 20 mètres de découverte. C'est relativement peu, mais je peux sentir de l'air ! La suite du trou se trouve là. Il ne reste plus qu'à désobstruer. Un peu plus tard, je rejoins Stoche qui vient de terminer ses dessins et nous déséquipons le trou. Finalement, nous sortons à l6h. TPST=3h3à. Vers 17h, tout le monde se retrouve et nous filons sur Carcassonne. Le 16/08/96 : L'équipe est arrivée la veille pour participer au traditionnel repas gaulois et les irréductibles se couchent vers 2h en 'pleine' forme. Certains ont quelquefois des lendemains houleux et difficiles : est-ce l'altitude ? En tout cas le départ est donné à 10h30. Pupu, Marie et Bernard s'attaquent à l'étroiture du méandre juste après le pendule. Des cailloux tombent et l'espoir renaît : c'est effectivement la suite de la cavité. Le passage est enfin ouvert mais seulement pour les moins gros et les tailles de guêpe. TPST=4h. Le 17/08/96 : Lionel et Marie se décident à forcer les étroitures. C'est limite mais ça passe. Après l'étroiture horizontale en angle droit, ils arrivent en haut du puits sur quelque chose de très étroit et vertical. C'est sévère, mais après 3 mètres ils découvrent un grand puits très large. Ensuite vient un autre pendule. Ils tombent sur plusieurs puits parallèles et s'arrêtent sur un autre ressaut. En surface, Serge, Pupu, Bernard et Alain jonction attendent impatiemment le verdict. De mon côté, je m'occupe en prospectant aux alentours. Et c'est ainsi que je découvre un orifice sous un arbre. Grâce à une rapide désobstruction, il devient pénétrable. Après une petite salle, on trouve une cheminée où l'on voit le jour 6 mètres plus haut : il y a donc deux entrées.
Mais je ne trouve aucune suite notable. Le trou sera topographié par Pupu et Alain Sensé c'est le CR1 1. Marie et Lionel sortent vers 1 3h. Ils se sont arrêtés sur rien, mais les étroitures sont encore trop sévères pour le commun des mortels. Après le repas, Lionel et Serge partent en visite au CR9. TPST= 5h.. Le 12/10/96 : L'équipe habituelle, réunie la veille, se retrouve en action sur la zone à 11 h du matin. L'objectif est d'aménager et d'équiper correctement le puits d'entrée du CR8. Nous élargissons l'orifice en faisant une belle découpe ronde du plus bel effet. Cela semble presque naturel. Le premier puits est équipé hors boue. TPST= 3h. Le 13/10/96 : Les mêmes se retrouvent au CR8. Les têtes des puits, sur la nouvelle branche, sont agrandies pour faciliter le passage des plus gros. L'exploration continue de plus belle. D'autres grands puits sont découverts. Après la zone des puits, nous pénétrons dans un méandre suivi de deux petites salles. Nous apercevons des escalades potentielles. Ça continue, mais l'étroiture d'un nouveau P 10 nous arrête. Il faudra encore agrandir ! TPST= 7h. Le 31/10/96 : Stoche, Alain et José composent l'équipe qui détruira un pont rocheux jugé instable et dangereux à -12 dans l'entrée. Cette équipe aménage ensuite le passage devenu maintenant 'très confortable'. TPST=2h30. Le 01/11/96 : Malgré l'absence injustifiée de Christophe et Alain, une équipe (Pupu, Kinou et Bernard) aménage les passages encore très sélectifs vers le fond à -110m. TPST= 5h. Le 02/11/96 : Pupu, Bernard, Lionel, Kinou et Marie ouvrent le P 10 du fond : c'est la suite. Malheureusement, la progression s'avère assez difficile à travers le méandre. Pupu bloque le passage en se coinçant avec un maudit mousqueton. Difficile, voire impossible, de se décrocher seul à 1 mètre du sol et fait comme un rat. Heureusement, Kinou réussit, tant bien que mal, à aider notre Pupu-pendu qui se libérera après une demi-heure d'efforts surhumains. Le passage est enfin désobstrué... de notre pauvre Pupu coincé. Ils continuent donc l'exploration mais se trouvent vite confrontés à des passages beaucoup plus fins et décident alors d'arrêter. TPST=8h. Le 29/03/97 : Marie, Lionel et Bernard pensent désobstruer le fond du CR8. Tout le matériel est descendu avec, en prime, la GROSSE batterie. Tout au fond, le Hilti rendra l'âme. Ils ressortent tous plein d'amertume. TPST=3h. Pendant ce temps, Stoche et José topographient des petites cavités sur le flanc nord de Pène-Haute. Le 30/03/97 : Quand tout va mal ... y a des jours, il vaudrait mieux rester au lit. Stoche et moi pénétrons dans la cavité vers 11 h afin de topographier le CR8 jusqu'au fond. Tout s'annonce bien jusqu'au fractionnement du P49 (vous savez, l'étroiture descendante). Je la passe sans encombre, Stoche suit derrière, mais au fractio un problème technique m'empêche de poursuivre la descente. Je venais tout juste d'être victime de la terrible Loi de Murphy... J'arrive tant bien que mal à remonter l'étroiture et à sortir. C'est, en ce qui me concerne, la fin de la topo, avec, en prime, une grosse frayeur. Nous rentrons. A 15h, Stoche repart avec Lionel et Kinou pour terminer la topo du trou jusqu'à -113m. Pupu, Marie et Bernard partent en prospection et découvrent le CR12 qu'ils explorent jusqu'à -10m, mais ils constatent qu'il n'existe pas de suite évidente. L'équipe topo rentrera tard dans la nuit. De la ferme, nous apercevons les acétos scintillantes dans le noir. C'est du plus bel effet. TPST=8h. Le 09/08/97 : Bernard, Kinou et Stoche s'attaquent à la désobstruction (à l'aide de micro charges) du méandre du fond. Ils progressent de 10 mètres. La désobstruction reste à poursuivre. TPSP= 11 h.
Le 10/08/97 : Marie, Bernard et Kinou progressent dans le méandre. Après un ressaut de 3 mètres, ils découvrent un amont et un aval avec écoulement : l'eau aperçue certainement dans le premier fond du CR8 à -51 m. Malheureusement, elle s'infiltre dans un terminus boueux et peu engageant. Ça sent la fin. Il reste quelques escalades à faire. TPST=8h. Le 25/10/97 : Nous formons deux équipes. Stoche, Lionel, Marie et Alain Connu (enfin de retour) terminent la topo et entreprennent les escalades. Mais celles-ci ne donnent rien de bien intéressant. On déséquipe donc la cavité. TPST= 8h. La deuxième équipe, formée de Kinou et José, est persuadée qu'une suite possible se cache au fond du CR9. Nous décidons d'agrandir le petit méandre opposé à la corde du P52. Onze tirs en micro charge seront nécessaires pour élargir le passage. Mais, surprise et récompense, au fond du méandre, nous entendons clairement des voix réelles (pas comme Jeanne) : ce sont celles de la joyeuse équipe du CR8 qui nous appelle, un peu affolée par le vacarme produit par les tirs. L'espoir renaît. Après un bon repas composé d'une solide omelette aux cèpes, nous déblayons les cailloux. Quelques-uns partent dans le puits, mais il faut encore agrandir ! Nous avions vu juste avec Kinou. Ce passage permettrait enfin d'éviter la zone boueuse ainsi que les étroitures du CR8 quand on voudrait travailler au fond de ce dernier. TPST=6h. Le 26/10/97 : Stoche et Lionel poursuivent la désobstruction au fond du CR9 et arrivent très près du puits après neuf autres tirs en micro charge. TPST=4h30. Le 21/03/98 : Kinou, Lionel et Stéphane partent sur le CR9. Stéphane est le dernier arrivé au club et c'est son baptême sur les 'grands puits'. Ils continuent donc la désobstruction, mais le passage ne sera pas ouvert. TPST=6h. L'autre équipe part ouvrir une nouvelle cavité sur le flanc sud du Crestado près du BE2. Le 22/03/98 : Ce dimanche, Bernard, Marie et Lionel s'attaquent au fond du CR9. Ça passe presque mais un problème d'autonomie anéantit tout espoir de réussir le jour même. TPST= 3h. Le 05/12/98 : Bernard, Kinou et Stéphane (dit le Chephane ou Le Che) s'attaquent au méandre. Après plusieurs tirs, ils arrivent à passer et descendent de 15m. Suit un joli P5. Là, ils sont face à deux suites possibles : l'une en hauteur, l'autre un méandre étroit descendant. La jonction avec le CR8 devient imminente. Ils remontent. Il faut impérativement désobstruer ces deux départs. TPST=8h. Arrivés à la ferme, une superbe Garbure se prépare. Notre célèbre Tante Yvonne est déjà affairée avec ses marmites au coin du feu de la cheminée. On va encore se régaler. Demandez à Alain et à Stoche combien d'assiettes ils engloutissent à chaque fois ? TPAT=4h. (Temps Passé à Table ...). Le club étant presque au complet, nous en profitons pour faire notre A.G. annuelle et renouveler nos cadres, sous l'oei1 attentif et amusé de Toin'an Oc. Le dimanche matin, petites mines, alors tout le monde préfère se promener pour digérer, en prétextant bien sûr une sortie prospection ! Le 27/02/99: Kinou, le Che et Marie aménagent le fond du P52. Ils effectuent comme prévu la jonction avec le P25 du CR8. Cela ne donne par contre que 10 mètres de première. Ils s'attaquent donc au méandre descendant, espérant ainsi découvrir une nouvelle branche totalement indépendante. C'est la bonne voie, la suite est là, les cailloux descendent bien. Le reste de l'équipe se balade ou prospecte. TPST=8h. Cette année, notre camp estival traditionnel s'est déroulé dans les Hautes-Pyrénées à Mazouau du 24/07 au 01/08/99. La suite du CR9 était un des objectifs du camp.
Le 26/07/99 : Kinou, le Che et Bernard terminent la désobstruction du méandre et pénètrent dans un beau P30. TPST=9h. Le 29/07/99 Marie, Stoche et Kinou effectuent la jonction à la voix entre le méandre du Pupu pendu et le CR9, Marie s'étant judicieusement postée dans le CR8 au Pupu pendu, mais sans son Pupu adoré. TPST= 8h. C'est dommage, on jonctionne encore. La cavité est déséquipée et abandonnée. Mais je garde un petit espoir au fond du P52 dans le CR9. Il faudrait que j'en parle à Kinou. Il ne vous reste plus qu'à venir visiter cette cavité très sportive ! Quelques chiffres : L'exploration se sera étalée sur trois ans. 26 jours d'explorations totalisant plus de 135h de travail. Il y eut 10 participants, tous du S.C.M. : Christophe Bès, dit Stoche 12 sorties. Marie Guérard, dite Marie 11 sorties. J. Claude Puliga, dit Pupu 11 sorties. Lionel Puliga, dit Lionel : 10 sorties. Christian Amiel, dit Kinou : 14 sorties. Bernard Bru, dit Bernard : 13 sorties. Alain Michel, dit Alain (1)... : 7 sorties. Stéphane Trinquier, dit Le Che : 4 sorties. José Ferris, dit José : 12 sorties. Serge Tosatto, dit Sergeï : 1 sortie. Total= 91 sorties /participations. Conclusion: Cette cavité se place donc à la 3ème place pour le massif du Crestado. Elle dépasse les 100 mètres de dénivelée et développe 440 mètres. Quelques suites peuvent exister mais il faudra beaucoup de travail de désobstruction. Après le Gouffre du Crestado exploré en 1994, la découverte des Gouffres Martrou a été une satisfaction supplémentaire et a complété convenablement nos recherches sur ce massif au potentiel assez important. Si ces cavités majeures ont concentré le gros de nos efforts, il ne faut pas laisser de côté toutes les prospections et leurs lots de découvertes bien souvent synonymes de désobstructions, d'explorations et de topographies : ainsi, plus d'une trentaine de cavités nouvelles ont été répertoriées. Il faut également signaler l'importation de techniques lourdes de pompage mises au point dans l'Aude et essayées ici avec des résultats prometteurs quoique mitigés. La source de Male Brigue s'arrête sur un second siphon très étroit et a livré 150 mètres de conduits, la source de Peyrines est à continuer avec de gros moyens, tout comme celle du pont de Rebouc où nous avons révélé 100 mètres de conduits cet été et qui est peut-être la porte d'un réseau plus important. A suivre... Enfin une belle cavité sur le territoire de la commune de Mazouau ! Si ça vous tente, allez visiter ce beau gouffre. Pour finir, nous tenons à remercier Christiane Recurt pour avoir mis à notre disposition sa ferme qui est devenue le 'camp de base' pour nos explorations sur le Crestado. 'Christiane, c'est promis, au printemps, je finis l'isolation de la toiture'.
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Caves nearby
Distance (km) | Name | Length (m) | Depth (m) |
---|---|---|---|
0.0 | Petit Martrou (Le) [CR 06] [CR 6] | 19 | 15 |
0.0 | CR 06 | 19 | 15 |
0.0 | CR 11 | 13 | 7 |
0.2 | CR 12 | 25 | 15 |
0.5 | CR 10 | 110 | 31 |
0.5 | Crestado (Gouffre du) [CR 1] [CR 01] | 469 | 198 |
0.5 | CR 02 (Grotte) [CR 2] | 7 | 2 |
0.6 | CR 04 (Gouffre) [CR 4] | 10 | 7 |
0.6 | Coume du Hourt n°1 (Aven de la) [Aven des Nouvelles Pistes Forestières n°1] [CR 15] | 15 | 8 |
Temps d'approche et de parcours souterrain
Stoche (14/09/2013)
🔦 : 8h 🚶: 20m